LE DRAPEAU BURUNDAIS AU COEUR D'UNE INTERVIEW PARTISANE SUR LA VOIX DE L'AMERIQUE
Burundi Information (le 29 mars 2018). C'est un fait connu que depuis des années, le régime CNDDFDD s'emploie à faire table rase du passé à commencer par les symboles de l'Etat. En plus de la Constitution qu'il s'apprête à défigurer par voie référendaire (1), un de ses autres plans concerne le drapeau national. Déjà au sortir du maquis, l'organisation terroriste et génocidaire au pouvoir aujourd'hui fulminait de changer le drapeau.
La question de la forme du drapeau, le CNDDFDD la soulevait déjà en avril 2004 au cours du forum des partis politiques tenu au CPF. A cette époque, ce qu'on appelait encore "le Cndd-Fdd de Pierre Nkurunziza" demanda la révision de la disposition des étoiles sur notre drapeau national. Curieusement, à la même époque, le Dictionnaire Larousse affichait en rapport avec le drapeau national burundais, que ses trois couleurs sont représentatives des trois "ethnies" (les Tutsi,les Hutu et les Twa). C'est ce que nous rappelle l'aîné des journaux en ligne burundais dans sa livraison du 6 juillet 2004 (2). Il serait superflu de préciser que cela est faux, d'autant que les "ethnies" ne constituent pas le triplet le plus caractéristique de notre pays. Que l'on pense par exemple à notre religion basée sur Imana (Rugiravyose, Macumu, Kabando) ou les autres symboles comme la devise du Burundi (Dieu Roi Patrie, devenu "Unité, Travail et Progrès" depuis l'avenement de la République), pour n'en citer qu'un petit échantillon.
Dans l'entretemps, les mêmes thèses étaient parallèlement reprises par le journal en ligne AG News, le creuset du pur extremisme antitutsi -- et qui est considéré par une certaine opinion comme un organe officieux de l'organisation génocidaire CNDDFDD. Le funeste dessein ne se réalisa pas. Mais peu avant 2010, le CDP, un parti naissant satellite du CNDD(FDD), tenta d'exploiter à son tour ce ciment unificateur des cercles affiliés au pourvoir des terroristes génocidaires. Comme le poi(s)son en question ne se vendait toujours pas bien, on dût faire recours à une sorte de consultant du régime.
La poursuite de la campagne contre le drapeau sera assurée par Patrice Ntafatiro, un malin dont les penchants pour le régime des terroristes génocidaires du CNDDFDD sont bien connus. Depuis un certain temps, ce "spécialiste" auto-proclamé de la langue de Ntahokaja, diffuse des bulletins sensationnalistes où il fournit un semblant d'explication scientifique de quelques phénomènes de la langue rundi qui pourtant sont déjà assez clairs. L'objectif inavoué de ces pseudo-analyses est de trouver un cadre de vulgarisation du panhutisme que le régime qu'il sert n'ose prôner ouvertement. Mais honneteté intellectuelle oblige, il faut reconnaûtre en passant que cet intellectuel faussaire fait preuve d'une certaine maîtrise de la poésie qu'il applique d'ailleurs avec succès dans ses productions. Ce qui explique peut-être pourquoi il a fallu très longtemps pour que quelqu'un ose dénoncer son statut de vase communicant du régime CNDDFDD. Qu'à cela ne tienne, aho babukaranga nari munsi y'urujo.
Burundi Information ayant pris l'engagement de toujours faire la lumière sur les monstruosités qui peuvent se cacher dans le discours, nous ne pouvons pas passer sous silence l'interview que Patrice Ntafatiro a donnée à la VOA au sujet du drapeau national du Burundi en date du 12 mars 2018. Une critique s'impose pour montrer la façon dont l'invité de la VOA ce jour a relayé insidieusement le discours antitutsi du régime CNDDFDD.
Commençons par une déconstruction de la base même de cette analyse. L'invité tient à informer les auditeurs qu'il jouit d'une formation en lettres françaises, ce qui est indeniable; ce qui cloche, c'est le statut d'expert umuhinga qu'il s'auto-décerne. Même s'il devait en être un, ce n'est pas ce type de muhinga qui est le mieux indiqué pour expliquer les motifs de notre drapeau national.
L'invité affirme outre qu'il n'y a jamais eu de concours sur la langue rundi au Burundi. Comment peut-il ignorer tous ces concours de poésie rundi qui se sont déroulés dans le cadre de festivals nationaux de la jeunesse et des étudiants, notamment celui de 1989 auquel cet expert auto-prolamé de la langue rundi a participé et qui comportait un volet de compositions orales suivies de déclamations? A moins donc que la VOA ne tombe d'accord avec son invité que la poésie pastorale ibicuba ne fait pas partie de la culture rundi ....
L'autre mensonge véhiculé dans cette émision concerne le groupe des tambourinaires de Gishora. S'il est indeniable que Ntafatiro joue du tambour et qu'il vient de ce coin, il est en revanche inexact de sa part de déclarer qu'il est rentré au Burundi pour revigorer cette troupe. Dans un cadre tout a fait autre, il affirme plutôt qu'il va auprès de ces célèbres tambourinaires pour se resourcer. Ainsi, dans le film "Les Tambours Sacrés"(3), il dit avoir approché les Batimbo de Gishora pour leur demander l'autorisation de laisser les femmes jouer pratiquer cet art dans le cadre de son équipe basée à Ottawa et qu'il a obtenue. Seulement voilà, sa tour de mensonges s'écroule sans tarder car dépourvue de base. Dans le même documentaire où Patrice Ntafatiro parle de la prétendue permission, le chef de ces ritualistes de Gishora intervient pour dire le contraire, plus précisement, qu'il ne saurait jamais être question de laisser les femmes jouer de cet instrument sacré.
Laissons de côté ces mensonges pour nous focaliser sur la façon dont cette émission de la VOA a permis de vehiculer un tas de mensonges antititusi et antihima. Ntafatiro rappelle que le temps que l'administration coloniale belge a accordé au concours de conception du drapeau national était trop court, mais il reste silencieux sur le pourquoi de cette courte période. Ditto sur la forme des étoiles. Il aurait fallu jeter ne serait-ce qu'un peu de lumière sur le pourquoi de ce choix d'une étoile de David. Mais il semble qu'il était interessé avant tout à déclarer que l'étoile qui se trouve au dessus de deux autres dans le disque central fu drapeau burundais, symbolise le Tutsi/Hima, celui-là même que les héritiers de l'organisation génocidaire UBU et en même temps continuateurs de son oeuvre odieuse, ne ratent jamais d'occasion de l'accuser tous les maux qu'a connus le Burundi. Mais par dessus tout, l'invité qui se déclare spécialiste, donc, chercheur chevronné, ne se dérange pas pour dire si ce qu'il avance est sa propre appréhension à lui, ou s'il a effectué une quelconque enquête auprès du peuple hima. Or, sans cela, cette conclusion de Ntafatiro reste aussi incrédible que celle de ses prédecesseurs dans la série, étant donné qu'il n'est pas le premier faussaire à accuser globalement les Batutsi b’Abahima de tous les maux qu'a connus le Burundi. La différence est que l'accusation de l'intellectuel faussaire en question se fonde dans une scientificité qu'il ne parvient malheureusement pas à établir. Ntafatiro tente d'expliquer sa thèse d'une domination hima par une photo datant prétendument de 1968 et qui montrerait le Président Micombero devant un drapeau burundais où deux étoiles sont au dessus d'une autre. Selon lui, c'est cela la disposition d'origine qu'il faudrait donc restaurer. Il affirme cependant que c'est une photo qu'il a vue sur la toile et s'arrête là. Comment le muhinga qu'il dit être devient soudainement oublieux des règles élémentaires de la critique? Aucune allusion non plus à qui aurait posté cette photo, pour quel motif, mais aussi et surtout si ce dernier n'aurait pas manipulé l'original, produisant une de ces "Photos qui falsifient l'histoire" (4). Ne serait-ce que pour cette légèreté dans la sélection des outils de recherche, la VOA ne devrait pas laisser passer les conclusions de Ntafatiro sans les confronter aux analyses d'autres chercheurs, surtout quand ces derniers en ont fait la demandé. Et on ne peut pas ne pas penser à la part de la réalisatrice dans ce refus du droit de réponse à des auditeurs qui veulent réagir à une émission qui déborde de partisanerie. S'il n'est pas important de s'apesantir sur l'appartenance au groupe social hutu, appartenance qu'elle partage avec son invité Patrice Ntafatiro, il est par contre judicieux de la comparer aux autres journalistes, en commençant par son père Janvier Ntahomvukiye, un des tout premiers journalistes burundais a avoir travaillé à la Division Kirundi/Kinyarwanda de la VOA aux côtés de Frédéric Nkundikije dont les penchants pour le pouvoir en place à Bujumbura ont fait la une il y a seulement quelques mois.
Nous n'allons pas jusqu'à mettre en doute l'impartialité de ce medium public étatsunien, mais toujours est-il que, pour continuer à mériter ce respect qu'il doit en partie à son impartialité, la VOA devrait organiser une deuxième édition de l'émission sur le sujet du drapeau burundais en s'assurant d'y inviter cette fois, en plus de Monsieur Ntafatiro, quelqu'un qui ne roule pas pour le régime des terroristes génocidaires du CNDD-FDD. Et il n'est jamais tard pour bien faire. (BNFO)
(1)Voir http://www.burundi-information.net/referendum-constitutionnel-requiem-pour-un-parricide-perpetre-par-un-batard.html
(2) Lire pour cela la Netpress http://www.netpress.bi/spip.php?article87
(3) Les Tambours Sacrés. Film de Joseph Bitamba
(4) Photos qui falsifient l'histoire. Par Alain Joubert
La question de la forme du drapeau, le CNDDFDD la soulevait déjà en avril 2004 au cours du forum des partis politiques tenu au CPF. A cette époque, ce qu'on appelait encore "le Cndd-Fdd de Pierre Nkurunziza" demanda la révision de la disposition des étoiles sur notre drapeau national. Curieusement, à la même époque, le Dictionnaire Larousse affichait en rapport avec le drapeau national burundais, que ses trois couleurs sont représentatives des trois "ethnies" (les Tutsi,les Hutu et les Twa). C'est ce que nous rappelle l'aîné des journaux en ligne burundais dans sa livraison du 6 juillet 2004 (2). Il serait superflu de préciser que cela est faux, d'autant que les "ethnies" ne constituent pas le triplet le plus caractéristique de notre pays. Que l'on pense par exemple à notre religion basée sur Imana (Rugiravyose, Macumu, Kabando) ou les autres symboles comme la devise du Burundi (Dieu Roi Patrie, devenu "Unité, Travail et Progrès" depuis l'avenement de la République), pour n'en citer qu'un petit échantillon.
Dans l'entretemps, les mêmes thèses étaient parallèlement reprises par le journal en ligne AG News, le creuset du pur extremisme antitutsi -- et qui est considéré par une certaine opinion comme un organe officieux de l'organisation génocidaire CNDDFDD. Le funeste dessein ne se réalisa pas. Mais peu avant 2010, le CDP, un parti naissant satellite du CNDD(FDD), tenta d'exploiter à son tour ce ciment unificateur des cercles affiliés au pourvoir des terroristes génocidaires. Comme le poi(s)son en question ne se vendait toujours pas bien, on dût faire recours à une sorte de consultant du régime.
La poursuite de la campagne contre le drapeau sera assurée par Patrice Ntafatiro, un malin dont les penchants pour le régime des terroristes génocidaires du CNDDFDD sont bien connus. Depuis un certain temps, ce "spécialiste" auto-proclamé de la langue de Ntahokaja, diffuse des bulletins sensationnalistes où il fournit un semblant d'explication scientifique de quelques phénomènes de la langue rundi qui pourtant sont déjà assez clairs. L'objectif inavoué de ces pseudo-analyses est de trouver un cadre de vulgarisation du panhutisme que le régime qu'il sert n'ose prôner ouvertement. Mais honneteté intellectuelle oblige, il faut reconnaûtre en passant que cet intellectuel faussaire fait preuve d'une certaine maîtrise de la poésie qu'il applique d'ailleurs avec succès dans ses productions. Ce qui explique peut-être pourquoi il a fallu très longtemps pour que quelqu'un ose dénoncer son statut de vase communicant du régime CNDDFDD. Qu'à cela ne tienne, aho babukaranga nari munsi y'urujo.
Burundi Information ayant pris l'engagement de toujours faire la lumière sur les monstruosités qui peuvent se cacher dans le discours, nous ne pouvons pas passer sous silence l'interview que Patrice Ntafatiro a donnée à la VOA au sujet du drapeau national du Burundi en date du 12 mars 2018. Une critique s'impose pour montrer la façon dont l'invité de la VOA ce jour a relayé insidieusement le discours antitutsi du régime CNDDFDD.
Commençons par une déconstruction de la base même de cette analyse. L'invité tient à informer les auditeurs qu'il jouit d'une formation en lettres françaises, ce qui est indeniable; ce qui cloche, c'est le statut d'expert umuhinga qu'il s'auto-décerne. Même s'il devait en être un, ce n'est pas ce type de muhinga qui est le mieux indiqué pour expliquer les motifs de notre drapeau national.
L'invité affirme outre qu'il n'y a jamais eu de concours sur la langue rundi au Burundi. Comment peut-il ignorer tous ces concours de poésie rundi qui se sont déroulés dans le cadre de festivals nationaux de la jeunesse et des étudiants, notamment celui de 1989 auquel cet expert auto-prolamé de la langue rundi a participé et qui comportait un volet de compositions orales suivies de déclamations? A moins donc que la VOA ne tombe d'accord avec son invité que la poésie pastorale ibicuba ne fait pas partie de la culture rundi ....
L'autre mensonge véhiculé dans cette émision concerne le groupe des tambourinaires de Gishora. S'il est indeniable que Ntafatiro joue du tambour et qu'il vient de ce coin, il est en revanche inexact de sa part de déclarer qu'il est rentré au Burundi pour revigorer cette troupe. Dans un cadre tout a fait autre, il affirme plutôt qu'il va auprès de ces célèbres tambourinaires pour se resourcer. Ainsi, dans le film "Les Tambours Sacrés"(3), il dit avoir approché les Batimbo de Gishora pour leur demander l'autorisation de laisser les femmes jouer pratiquer cet art dans le cadre de son équipe basée à Ottawa et qu'il a obtenue. Seulement voilà, sa tour de mensonges s'écroule sans tarder car dépourvue de base. Dans le même documentaire où Patrice Ntafatiro parle de la prétendue permission, le chef de ces ritualistes de Gishora intervient pour dire le contraire, plus précisement, qu'il ne saurait jamais être question de laisser les femmes jouer de cet instrument sacré.
Laissons de côté ces mensonges pour nous focaliser sur la façon dont cette émission de la VOA a permis de vehiculer un tas de mensonges antititusi et antihima. Ntafatiro rappelle que le temps que l'administration coloniale belge a accordé au concours de conception du drapeau national était trop court, mais il reste silencieux sur le pourquoi de cette courte période. Ditto sur la forme des étoiles. Il aurait fallu jeter ne serait-ce qu'un peu de lumière sur le pourquoi de ce choix d'une étoile de David. Mais il semble qu'il était interessé avant tout à déclarer que l'étoile qui se trouve au dessus de deux autres dans le disque central fu drapeau burundais, symbolise le Tutsi/Hima, celui-là même que les héritiers de l'organisation génocidaire UBU et en même temps continuateurs de son oeuvre odieuse, ne ratent jamais d'occasion de l'accuser tous les maux qu'a connus le Burundi. Mais par dessus tout, l'invité qui se déclare spécialiste, donc, chercheur chevronné, ne se dérange pas pour dire si ce qu'il avance est sa propre appréhension à lui, ou s'il a effectué une quelconque enquête auprès du peuple hima. Or, sans cela, cette conclusion de Ntafatiro reste aussi incrédible que celle de ses prédecesseurs dans la série, étant donné qu'il n'est pas le premier faussaire à accuser globalement les Batutsi b’Abahima de tous les maux qu'a connus le Burundi. La différence est que l'accusation de l'intellectuel faussaire en question se fonde dans une scientificité qu'il ne parvient malheureusement pas à établir. Ntafatiro tente d'expliquer sa thèse d'une domination hima par une photo datant prétendument de 1968 et qui montrerait le Président Micombero devant un drapeau burundais où deux étoiles sont au dessus d'une autre. Selon lui, c'est cela la disposition d'origine qu'il faudrait donc restaurer. Il affirme cependant que c'est une photo qu'il a vue sur la toile et s'arrête là. Comment le muhinga qu'il dit être devient soudainement oublieux des règles élémentaires de la critique? Aucune allusion non plus à qui aurait posté cette photo, pour quel motif, mais aussi et surtout si ce dernier n'aurait pas manipulé l'original, produisant une de ces "Photos qui falsifient l'histoire" (4). Ne serait-ce que pour cette légèreté dans la sélection des outils de recherche, la VOA ne devrait pas laisser passer les conclusions de Ntafatiro sans les confronter aux analyses d'autres chercheurs, surtout quand ces derniers en ont fait la demandé. Et on ne peut pas ne pas penser à la part de la réalisatrice dans ce refus du droit de réponse à des auditeurs qui veulent réagir à une émission qui déborde de partisanerie. S'il n'est pas important de s'apesantir sur l'appartenance au groupe social hutu, appartenance qu'elle partage avec son invité Patrice Ntafatiro, il est par contre judicieux de la comparer aux autres journalistes, en commençant par son père Janvier Ntahomvukiye, un des tout premiers journalistes burundais a avoir travaillé à la Division Kirundi/Kinyarwanda de la VOA aux côtés de Frédéric Nkundikije dont les penchants pour le pouvoir en place à Bujumbura ont fait la une il y a seulement quelques mois.
Nous n'allons pas jusqu'à mettre en doute l'impartialité de ce medium public étatsunien, mais toujours est-il que, pour continuer à mériter ce respect qu'il doit en partie à son impartialité, la VOA devrait organiser une deuxième édition de l'émission sur le sujet du drapeau burundais en s'assurant d'y inviter cette fois, en plus de Monsieur Ntafatiro, quelqu'un qui ne roule pas pour le régime des terroristes génocidaires du CNDD-FDD. Et il n'est jamais tard pour bien faire. (BNFO)
(1)Voir http://www.burundi-information.net/referendum-constitutionnel-requiem-pour-un-parricide-perpetre-par-un-batard.html
(2) Lire pour cela la Netpress http://www.netpress.bi/spip.php?article87
(3) Les Tambours Sacrés. Film de Joseph Bitamba
(4) Photos qui falsifient l'histoire. Par Alain Joubert