CANADA: REPRISE DES RENVOIS AU BURUNDI DES DEMANDEURS D'ASILE REFUSES
Burundi Information (le 01 aout 2009). Le Canada vient d’annoncer la levée de la suspension temporaire des renvois au Burundi. Celaveut dire que l’expulsion des bburundais se trouvant illégalement sur le territoire canadien vareprendre. La mesure intervient près de 4 ans après qu’elle eut été mise en demeure; c’était ennovembre 2004. Selon des sources bien informées, cette mesure concerne plus de 200 burundaisqui s’étaient vus refuser l’asile.Pour rappel, les ressortissants burundais vivant au Canada avaient réagi à l’époque par unevéritable suite levée de boucliers. Ils avaient adressé au gouvernement fédéral du Canada unepétition lui demandant d’annuler la mesure ou tout au moins d’y surseoir, compte tenu de lasituation au sécuritaire au Burundi qui, comme aujourd’hui, était tout sauf. Parallèlement à lapétition, des conférences publiques destinés à informer l’opinion sur les réalités socio-politiquesdu Burundi avaient organisées.A l’annonce de la mesure le 23 juillet 2009, plus d’un observateur s’est demandé comment leCanada qui conseille toujours à ses ressortissants de limiter au strict minimum les déplacementsvers le Burundi, ou qui invite ceux qui s’y trouvent déjà d’éviter d’aller dans certaines provinces,déclare en même temps que la sécurité est rétablie au Burundi. Faut-il parler de contradiction, dedeux-poids deux mesures ou d’erreur d’appréciation consécutive à des informations incomplètesou erronées qui auraient été fournies sciemment aux autorités canadiennes? Selon le Ministrecanadien de la Sécurité publique, l'honorable Peter Van Loan, c’est après un examen attentif desconditions qui règnent dans le pays et après consultations avec les intervenants, que legouvernement du Canada a pris la décision de lever la suspension des renvois. Le Ministre ajouteque cette décision est conforme à celle d'autres pays occidentaux qui renvoient également despersonnes interdites de territoire vers le Burundi. L’autre question que l’on se pose est celle de savoir comment on peut parler de sécuritédans un pays comme le Burundi où le génocide est impuni et où on élimine toujoursimpunément les témoins survivants en les accusant malicieusement d’être des pluviators;où les génocidaires siègent en majorité dans toutes les institutions, du sénat au conseilcommunal; mais aussi et surtout où le Président est un criminel comme Pierre Nkurunziza quireconnait publiquement avoir dirigé un raid meurtrier contre les rescapés du génocide dans lacommune Mukike et ce après avoir dirigé un commando de poseurs de mines anti-personnels etantichars sur les voies de Bujumbura et pour lequel il a été condamné à la peine capitale.L’identité des intervenants que le gouvernement du Canada consulte pour prendre le poulssécuritaire du Burundi suscite elle aussi une question non moins importante. Sont-ils des genssans penchant pour le régime génocidaire en place ou s’agit-il des employés ou des partenairesdu gouvernement burundais? Il y a fort à parier que certaines des personnes interrogées dans cegenre d’enquête sont des ressortissants burundais dont l’affiliation et la sympathie avec le régimegénocidaire que les demandeurs d’asile burundais au Canada ont fui, ne sont pas à démontrer. Ets’il y a des burundais de l’intérieur qui interviennent dans ces enquêtes, la probabilité qu’ilssoient sous influence de l’organisation génocidaire au pouvoir CNDD-FDD est encore plusgrande. Même chose si les enquêtés sont des expatriés employés dans les ONG œuvrant auBurundi, car si toutes les organisations non-gouvernementales internationales proclament leurneutralité, il n’est un secret pour personne qu’au Burundi, ce sont les ONG qui considèrentcomme acteur politique une organisation comme le CNDD-FDD ayant acquis sa notoriété par laseule pratique du génocide; qui fournissent des aides alimentaires et médicales à desgénocidaires démobilisés alors que non loin, les rescapés du génocide sont laissés à eux-mêmesdepuis des années; ou encore qui publient des rapports déclarant libres, démocratiques etrégulières des élections où compètent des génocidaires impunis; ou qui, après ces soi-disantesélections, n’hésitent pas à dire noir sur blanc à leurs employés autochtones que «le pouvoir abasculé des tutsi vers les hutu et du sud vers le nord» et que de ce fait, ils devraient s’apprêter àcéder leurs places. Si donc les intervenants à interroger se recrutent parmi de telles personnes,comment peut-on s’attendre à ce qu’ils parlent objectivement des crimes que l’Etat burundaiscommet si souvent contre ses propres citoyens?D’autre part, si le Canada a voulu emboiter le pas à ses pairs de l’Europe occidentale, il y atoujours lieu de se demander s’il a tenu en considération le fait que c’est sur demande du régimegénocidaire de Bujumbura et non de leur propre chef, que les gouvernements européens ontentrepris de renvoyer vers le Burundi les demandeurs d’asile qui n’avaient pas été acceptés. Enpoussant un peu plus loin, on pourrait essayer de savoir si, à l’instar des pairs européens, leCanada n’aurait pas été approché lui-aussi pour le même motif par les génocidaires qui dirigentle Burundi, car rien n’indique que le voile avait été levé complètement sur les motifs de la visiteau Canada de Gervais Rufyikiri l’hiver de 2006 lorsque son passage à Ottawa avait provoqué desmanifestations hostiles des rescapés du génocide perpétré par le CNDD-FDD-FRODEBU-PALIPEHUTU-FNL. Quelle que soit la réponse, il restera difficile d’expliquer comment une démocratie comme leCanada réputé pour sa tradition humanitaire va mettre en application une mesure qui met endanger la vie des centaines de demandeurs d’asile. Malgré l’aide au développement qu’il octroieau Burundi et qui présuppose une reconnaissance de fait du gouvernement domine parl’organisation génocidaire CNDD-FDD, le Canada reste différent des Pays Bas qui sont allésjusqu’à déployer un diplomate en mission secrète dans les montagnes de Bujumbura Rurale afinqu’il puisse s’entretenir avec le leader génocidaire Agathon Rwasa du temps où il était encore aumaquis. Une chose est sure: le seul bénéficiaire de ce renvoi est le CNDD-FDD, l’organisationterroriste au pouvoir à Bujumbura qui se verra remettre sans effort aucun les témoins survivantqui lui avaient échappé mais qu’il pourra désormais pouvoir torturer puis éliminer à sa guise.