CONTRE LA GLORIFICATION DES AUTEURS DU GENOCIDE TUTSI
Burundi Information (le 2 juin 2022). On ne peut pas rester tranquille quand les droits de ceux que notre recherche est censée d'améliorer les conditions de vie, sont bafoués (1). Cette phrase, nous la devons à un illustre linguiste rwandais, le regretté Alexandre Kimenyi. Dans le cas qui nous concerne, nous ne saurons rester les bras croisés alors qu'on est en train de promouvoir sournoisement par un jeu de langue ou autre, les auteurs du génocide tutsi.
La remarque nous est venue d'un des lecteurs assidus de Burundi Information. Au départ, il était question d'un simple partage d'un nième numéro d'un jeu centré sur l'histoire politique du Burundi, jeu que produit depuis un certain temps un personnage de la Société Civile burundaise, en la personne de Pacifique Nininahazwe (2). En lisant le message, on s'est rendu compte qu'en plus de captiver ses adeptes, l'auteur risque d'idéaliser dans la foulée un des principaux auteurs du génocide tutsi d'octobre 1993 et des années qui ont suivi, en l'occurrence, Léonard Nyangoma. Fidèle à l'engagement de Burundi Information à rester vigilant contre le langage qui tue, il ne nous restait qu'à nous acquitter de notre devoir en ramenant à la surface et en se questionnant sur le pourquoi de cette glorification de personnages ayant joué un rôle de premier plan dans le génocide des Tutsi.
Premièrement, il a été constaté que dans l'élaboration du jeu d'aujourd'hui, Pacifique Nininahazwe diffuse sciemment une contre vérité destinée à rendre acceptables les crimes de l'individu dont il s'apprête à glorifier les actes autrement inamnistiables. En déclarant que c'est après s'être rendu en mission à l'extérieur du Burundi que Léonard Nyangoma a lancé la "rébellion" du CNDD/FDD ("afata urugendo mu mahanga, bararindira ko agaruka barabura, arahava atanguza ikiroberi"), il contredit les propos, ou mieux les écrits, des complices du sire dans le lancement de cette entreprise criminelle destinée à éliminer les Tutsi de la face de la terre. En effet, comme on le trouve dans un document signé par l'adjoint de Léonard Nyangoma, la création de la milice terroriste et génocidaire CNDD/FDD a eu lieu en novembre 1993 (3) soit 4 mois au moins avant la mission de non-retour qu'évoque Pacifique Nininahazwe (mars 1994).
Deuxièmement, en mettant dans le spotlight les oeuvres de Léonard Nyangoma en tant que chef de la milice terroriste et génocidaire CNDD-FDD entre 1994 et 1998, Pacifique Nininahazwe ne fait rien d'autre que glorifier les crimes commis par le(s) concerné(s) au cours de cette période, peu importe son soucis évident de soigner le langage qu'il utilise pour les présenter sous un aspect positif. En parlant de "lutte contre le régime en place" ("[kw]iyamiriza intwaro zihari kubera akarenganyo"], il déforme volontiers la réalité d'alors. En effet, en tant que membre du Comité Directeur du parti FRODEBU ayant mis sur pied le CNDD/FDD (voir plus haut) et qui dirigeait le pays à l'époque des faits, Léonard Nyangoma n'était pas en rébellion, il était en mission commandée par ses pairs. Il ne combattait pas du tout le régime en place d'autant plus que ce dernier était dirigé par son propre parti (le FRODEBU).
Bien plus, aucun des lieux, aucune des institutions que Nyangoma et ses hommes ont attaqués ne constituait un symbole de "ce régime" comme le laisse entendre Pacifique Nininahazwe; jugez par cet échantillon: les camps des rescapés tutsi de Campazi, Teza, Bugendana; le Petit Séminaire de Buta, les bus de transport publics qu'ils arrêtaient pour séparer les passagers tutsi qu'on tuait sur le champ parfois après des actes d'humiliation inimaginables comme l'obligation de manger les excréments humains, etc.). Classer ces actes dans la catégorie des activités régulières d'une rébellion combattant l'État ou kirwanya Leta ne revient ni plus ni moins qu'à blanchir les crimes des miliciens terroristes et génocidaires du CNDD-FDD dirigés par Léonard Nyangoma. Au mieux, une telle nomenclature relèverait d'une incapacité à qualifier les crime. Cependant, avec les 4 années qu'il a passées à la Faculté de Droit de l'Université du Burundi, Pacifique Nininahazwe ne bénéficie d'aucune circonstance attenuante pour cette prétendue erreur. Au pire, il s'agirait d'une opération de blanchiment indirect des crimes ci-haut mentionnés qui, couplée avec la glorification des auteurs, rentre dans le registre des pirouettes sémantiques caractéristiques des individus ayant fini par retourner leur veste pour se prosterner devant les tenants du pouvoir qu'ils faisaient mine de combattre dans le passé. Et Dieu seul sait combien cela s'est déjà produit au cours des 12 dernières années (4).
Il revient aux adeptes du personnage responsable de la bourde d'aujourd'hui de scruter ses sorties pour l'interpeller si cela leur chante. En ce qui nous concerne, notre devoir et d'apostropher tout apologue du génocide et/ou du génocidaire, qui qu'il soit, où qu'il soit, car comme on le dit dans la langue de Ntahokaja, Uwukubita inkende ntaraba izihaka. Dossier à suivre... (BINFO)
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(1) "It does not make sense to keep quiet and act as if things are normal, when people whose lives our research is supposed to improve are having their basic rights violated"
(2) https://www.facebook.com/100044589066824/posts/pfbid02iB42cvX7ifSC79J2YMVNRss6sP7FW1rTTy5tS3qaddLcioMvGvJdw4Y9QV88XBzpl/
(3) Cfr Lettre adressée au Procureur de la République Christian Sendegeya le 7 février 1995 https://burundi-information.net/preuve-de-la-filiation-frodebu-cndd-fdd.html
(4) Voir par exemple le cas du pseudo-opposant Agathon Rwasa avec sa fausse disparition simulée de la scène politique entre l'été 2010 et août 2013. Toujours au sujet de faux opposants, lire notre avertissement de 2015 sur la présence dans la coalition contre feu Pierre Nkurunziza, voir https://burundi-information.net/clin-d-oeil-a-l-opposition-burundaise-1ere-partie-sindi-umuja-ou-sinkiri-umuja.html ; mais aussi https://burundi-information.net/clin-d-oeil-a-l-opposition-burundaise-2eme-partie-partie-inanga-ou-inagura-ne-choisissez-rien.html
La remarque nous est venue d'un des lecteurs assidus de Burundi Information. Au départ, il était question d'un simple partage d'un nième numéro d'un jeu centré sur l'histoire politique du Burundi, jeu que produit depuis un certain temps un personnage de la Société Civile burundaise, en la personne de Pacifique Nininahazwe (2). En lisant le message, on s'est rendu compte qu'en plus de captiver ses adeptes, l'auteur risque d'idéaliser dans la foulée un des principaux auteurs du génocide tutsi d'octobre 1993 et des années qui ont suivi, en l'occurrence, Léonard Nyangoma. Fidèle à l'engagement de Burundi Information à rester vigilant contre le langage qui tue, il ne nous restait qu'à nous acquitter de notre devoir en ramenant à la surface et en se questionnant sur le pourquoi de cette glorification de personnages ayant joué un rôle de premier plan dans le génocide des Tutsi.
Premièrement, il a été constaté que dans l'élaboration du jeu d'aujourd'hui, Pacifique Nininahazwe diffuse sciemment une contre vérité destinée à rendre acceptables les crimes de l'individu dont il s'apprête à glorifier les actes autrement inamnistiables. En déclarant que c'est après s'être rendu en mission à l'extérieur du Burundi que Léonard Nyangoma a lancé la "rébellion" du CNDD/FDD ("afata urugendo mu mahanga, bararindira ko agaruka barabura, arahava atanguza ikiroberi"), il contredit les propos, ou mieux les écrits, des complices du sire dans le lancement de cette entreprise criminelle destinée à éliminer les Tutsi de la face de la terre. En effet, comme on le trouve dans un document signé par l'adjoint de Léonard Nyangoma, la création de la milice terroriste et génocidaire CNDD/FDD a eu lieu en novembre 1993 (3) soit 4 mois au moins avant la mission de non-retour qu'évoque Pacifique Nininahazwe (mars 1994).
Deuxièmement, en mettant dans le spotlight les oeuvres de Léonard Nyangoma en tant que chef de la milice terroriste et génocidaire CNDD-FDD entre 1994 et 1998, Pacifique Nininahazwe ne fait rien d'autre que glorifier les crimes commis par le(s) concerné(s) au cours de cette période, peu importe son soucis évident de soigner le langage qu'il utilise pour les présenter sous un aspect positif. En parlant de "lutte contre le régime en place" ("[kw]iyamiriza intwaro zihari kubera akarenganyo"], il déforme volontiers la réalité d'alors. En effet, en tant que membre du Comité Directeur du parti FRODEBU ayant mis sur pied le CNDD/FDD (voir plus haut) et qui dirigeait le pays à l'époque des faits, Léonard Nyangoma n'était pas en rébellion, il était en mission commandée par ses pairs. Il ne combattait pas du tout le régime en place d'autant plus que ce dernier était dirigé par son propre parti (le FRODEBU).
Bien plus, aucun des lieux, aucune des institutions que Nyangoma et ses hommes ont attaqués ne constituait un symbole de "ce régime" comme le laisse entendre Pacifique Nininahazwe; jugez par cet échantillon: les camps des rescapés tutsi de Campazi, Teza, Bugendana; le Petit Séminaire de Buta, les bus de transport publics qu'ils arrêtaient pour séparer les passagers tutsi qu'on tuait sur le champ parfois après des actes d'humiliation inimaginables comme l'obligation de manger les excréments humains, etc.). Classer ces actes dans la catégorie des activités régulières d'une rébellion combattant l'État ou kirwanya Leta ne revient ni plus ni moins qu'à blanchir les crimes des miliciens terroristes et génocidaires du CNDD-FDD dirigés par Léonard Nyangoma. Au mieux, une telle nomenclature relèverait d'une incapacité à qualifier les crime. Cependant, avec les 4 années qu'il a passées à la Faculté de Droit de l'Université du Burundi, Pacifique Nininahazwe ne bénéficie d'aucune circonstance attenuante pour cette prétendue erreur. Au pire, il s'agirait d'une opération de blanchiment indirect des crimes ci-haut mentionnés qui, couplée avec la glorification des auteurs, rentre dans le registre des pirouettes sémantiques caractéristiques des individus ayant fini par retourner leur veste pour se prosterner devant les tenants du pouvoir qu'ils faisaient mine de combattre dans le passé. Et Dieu seul sait combien cela s'est déjà produit au cours des 12 dernières années (4).
Il revient aux adeptes du personnage responsable de la bourde d'aujourd'hui de scruter ses sorties pour l'interpeller si cela leur chante. En ce qui nous concerne, notre devoir et d'apostropher tout apologue du génocide et/ou du génocidaire, qui qu'il soit, où qu'il soit, car comme on le dit dans la langue de Ntahokaja, Uwukubita inkende ntaraba izihaka. Dossier à suivre... (BINFO)
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(1) "It does not make sense to keep quiet and act as if things are normal, when people whose lives our research is supposed to improve are having their basic rights violated"
(2) https://www.facebook.com/100044589066824/posts/pfbid02iB42cvX7ifSC79J2YMVNRss6sP7FW1rTTy5tS3qaddLcioMvGvJdw4Y9QV88XBzpl/
(3) Cfr Lettre adressée au Procureur de la République Christian Sendegeya le 7 février 1995 https://burundi-information.net/preuve-de-la-filiation-frodebu-cndd-fdd.html
(4) Voir par exemple le cas du pseudo-opposant Agathon Rwasa avec sa fausse disparition simulée de la scène politique entre l'été 2010 et août 2013. Toujours au sujet de faux opposants, lire notre avertissement de 2015 sur la présence dans la coalition contre feu Pierre Nkurunziza, voir https://burundi-information.net/clin-d-oeil-a-l-opposition-burundaise-1ere-partie-sindi-umuja-ou-sinkiri-umuja.html ; mais aussi https://burundi-information.net/clin-d-oeil-a-l-opposition-burundaise-2eme-partie-partie-inanga-ou-inagura-ne-choisissez-rien.html