EXTRAITS DU LIVRE LE VIRUS QUI NANIFIE LE BURUNDI*
* Isidore Rufyikiri et Ignace Bankamwabo, Le Virus qui Nanifie le Burundi, Paris, Éditions Vérone, 2020.
Burundi Information (le 03 août 2022). Ci-dessous, nous partageons quelques extraits en hommage à un des auteurs, Isidore Rufyikiri, qui vient de décéder.
La Rédaction.
La furie vengeresse pour déraciner à jamais le système politique hérité de Louis Rwagasore, qui a combattu la colonisation et a refusé sa domination postindépendance, a persisté inlassablement dans sa manoeuvre diabolique pour organiser le carnage massif et généralisé du 29 avril 1972. Pour optimiser le résultat du génocide [contre les Batutsi] de 1972, l’invisible planificateur étranger a commencer par berner une partie de l’élite tutsie, politiquement novice et sans discernement, pour tenter d’organiser un coup d’Etat du 5 juillet 1971 (catalysé à la fois par l’antagonisme claniste (Banyaruguru/Bahima) et régionaliste (Muramvya/Bururi) ; un schéma visiblement bien monté pour surexciter les camps antagonistes et maximiser l’effet auto-destructeur de toute l’élite militaire et politique tutsi. (page 55)
On observe encore aujourd’hui la persistance active de cette tactique à travers la campagne de matraquage menée par les idéologues hutus du génocide des Batutsi en focalisant leur accusation sur les seuls Bautsi du clan Bahima, histoire de les isoler, de les culpabiliser seuls et dresser contre eux les autre groupes claniques Batutsi du pays, le tout dans l’ultime objectif de diviser et d’anéantir ensuite la force de résistance de la communauté des Batutsi dans sa globalité. Leur stratégie machiavélique consiste sur ce plan à diviser les Batutsi pour davantage les affaiblir, en faisant semblant de n’avoir de contentieux qu’avec une partie seulement d’entre eux. En outre, cette focalisation politique sur les Batutsi Bahima (…) s’est révélée n’être qu’un code conventionnel secret pour désigner simplement tout membre de la communauté Batutsi à l’insu de de celui-ci. En tout état de cause, quand vient la campagne d’extermination des Batutsi, l’exécution se fait sans distinction de clan ni de région.(page 56)
En 1984, le Président J-B Bagaza dont la bonne gouvernance et l’œuvre de stabilisation politico-économique du pays agaçaient visiblement les puissances soucieuses de maintenir le Burundi dans le chaos et l’instabilité pour mieux le récupérer dans coup férir, vint à s’attirer distraitement l’homme qui devait le renverser aussitôt et réaliser sans faille ni soupçons le processus tranquille mais froid de déracinement irréversible du système de pouvoir tutsi dans toutes les sphères de la vie nationale, en la personne du Major Pierre Buyoya, à qui il confia le poste très stratégique de Commandant des Opérations (G3) à l’État-Major de son Armée (…)
[C]elui-ci fut installé au pouvoir par le coup d’État du 3 septembre 1987 téléguidé de l’extérieur et profitant de sa position à l’État-Major où les officier Batutsi qui pouvaient lui faire barrage auraient été préalablement corrompus pour fermer les yeux sur sa personne et son identité réelle (page 59)
Et pourtant, en date du 29 juin 1987, pendant que le pays s’apprêtait à célébrer avec faste le 25e anniversaire de l’Indépendance, le 1er juillet 1987, le Président J.B. Bagaza avait été directement informé, avec force détails par les soins de Rufyikiri Isidore, qui était son Conseiller Politique et Juridique, qu’un coup d’état était imminent contre lui et était conjointement organisé par les Présidents Mobutu Sese Seko du Zaire (l’actuel RDC) et Juvénal Habyarimana du Rwanda, agissant eux-mêmes en sous-traitants d’une certaine puissance occidentale, et que l’homme qui devait le renverser était nommément le Major Pierre Buyoya
[C]e nouveau SYSTEME enfin installé et incarné par Buyoya Pierre (…) se caractérise par une panoplie de pratiques dévastatrices dont principalement : la technique de montage incessant de faux coups d’État pour liquider les indésirables, l’invasion et la désintégration des forces de défense et de sécurité par l’intégration de forces négatives. (page 60)
Si le Président Bagaza avait été succédé par un officier véritablement Tutsi ou un officier véritablement Hutu, peu importe, désigné par ses pairs en considération de son intégrité morale et de sa compétence professionnelle, le Burundi n’en serait pas arrivé où il est rendu aujourd’hui : le plus grand génie imaginatif de la stratégie néocolonialiste et de trahison qui nanifient le Burundi se situe donc là. (page 62)
[A]u Burundi, où les rescapés du génocide n’ont pas pu ou voulu débarquer les génocidaires du pouvoir, le crime a été étouffé dans l’impunité par une succession de subterfuges et de cafouillages politico-juridiques concoctés ou arrangés depuis 1993par la très active alliance des assassins de Ndadaye avec les plus éminents exécuteurs du génocide contre les Batutsi jusqu’à réduire au silence le rapport du Conseil de Sécurité de l’ONU (Rapport S/1996/682) qui a reconnu officiellement le génocide commis contre les Batutsi par le Parti FRODEBU et ses dirigeants (page 65)
[L]’Accord d’Arusha [pour le Burundi] fut (…) un échafaudage juridique qui consacre une dictature ethnique du nombre, garantissant désormais une domination exclusive et irréversible du pouvoir politique par l’ethnie majoritaire hutu, et excluant subtilement toute mention du principe d’alternance communautaire au sommet de l’exécutif. Ce fut la réalisation de l’ « époque » tant revee des Missionnaires Blancs, précurseurs-éclaireurs du Colonisateur au Burundi, au tout debut de l’occupation coloniale : « quand le pouvoir des maîtres Batutsis sera brisé ».
L’Accord d’Arusha dont beaucoup ne cessent de chanter religieusement ou mécaniquement les mérites, de sacraliser le contenu tantôt sciemment, tantôt par conformisme ou simplement par ignorance, se revalait pourtant loin d’être un accord achevé (…) le version finale du texte avait été confectionnée en catimini, puis présenté subrepticement par deux personnages dont la différence ethnique et idéologique reste d’ailleurs douteuse, en les personnes de Buyoya Pierre et Minani Jean (pages 97-98)
Le temps et la patience sont les armes les plus puissantes de toute lutte (…) seule la lucidité, la vision et la persévérance sont payantes dans la vie politique, tandis que l’étourderie, la légèreté, la compromission et le laxisme sont mortels. (page 71)
[au cours du génocide contre les Batutsi en 1972], Micombero a recu de Mobutu une couverture aérienne des combats en raison précisément de la présence des Mulelistes, ennemis jurés du pouvoir de Kinshasa, dans les rangs des rebelles burundais (…) Dire que Micombero bénéficiait des services à la fois du Président Mobutu et des rebelles congolais qui combattaient ce dernier, montre simplement à quel point les affirmations [de la CVR burundaise] sont fantaisistes et insensées. (page 83)
[S]i la machine à tuer le Mututsi [en 1972] ne faisait aucune exception d’âge ni de catégorie sociale, et répondait à des consignes et à une idéologie génocidaires, la répression par contre n’était pas systématiquement et indistinctement dirigée contre toute personne de l’ethnie hutu ; les femmes et les enfants notamment n’étaient pas visés. Seuls étaient concernés certains cadres et Étudiants ou élèves notoirement ou présumés impliqués dans le complot. (page 85)
Burundi Information (le 03 août 2022). Ci-dessous, nous partageons quelques extraits en hommage à un des auteurs, Isidore Rufyikiri, qui vient de décéder.
La Rédaction.
La furie vengeresse pour déraciner à jamais le système politique hérité de Louis Rwagasore, qui a combattu la colonisation et a refusé sa domination postindépendance, a persisté inlassablement dans sa manoeuvre diabolique pour organiser le carnage massif et généralisé du 29 avril 1972. Pour optimiser le résultat du génocide [contre les Batutsi] de 1972, l’invisible planificateur étranger a commencer par berner une partie de l’élite tutsie, politiquement novice et sans discernement, pour tenter d’organiser un coup d’Etat du 5 juillet 1971 (catalysé à la fois par l’antagonisme claniste (Banyaruguru/Bahima) et régionaliste (Muramvya/Bururi) ; un schéma visiblement bien monté pour surexciter les camps antagonistes et maximiser l’effet auto-destructeur de toute l’élite militaire et politique tutsi. (page 55)
On observe encore aujourd’hui la persistance active de cette tactique à travers la campagne de matraquage menée par les idéologues hutus du génocide des Batutsi en focalisant leur accusation sur les seuls Bautsi du clan Bahima, histoire de les isoler, de les culpabiliser seuls et dresser contre eux les autre groupes claniques Batutsi du pays, le tout dans l’ultime objectif de diviser et d’anéantir ensuite la force de résistance de la communauté des Batutsi dans sa globalité. Leur stratégie machiavélique consiste sur ce plan à diviser les Batutsi pour davantage les affaiblir, en faisant semblant de n’avoir de contentieux qu’avec une partie seulement d’entre eux. En outre, cette focalisation politique sur les Batutsi Bahima (…) s’est révélée n’être qu’un code conventionnel secret pour désigner simplement tout membre de la communauté Batutsi à l’insu de de celui-ci. En tout état de cause, quand vient la campagne d’extermination des Batutsi, l’exécution se fait sans distinction de clan ni de région.(page 56)
En 1984, le Président J-B Bagaza dont la bonne gouvernance et l’œuvre de stabilisation politico-économique du pays agaçaient visiblement les puissances soucieuses de maintenir le Burundi dans le chaos et l’instabilité pour mieux le récupérer dans coup férir, vint à s’attirer distraitement l’homme qui devait le renverser aussitôt et réaliser sans faille ni soupçons le processus tranquille mais froid de déracinement irréversible du système de pouvoir tutsi dans toutes les sphères de la vie nationale, en la personne du Major Pierre Buyoya, à qui il confia le poste très stratégique de Commandant des Opérations (G3) à l’État-Major de son Armée (…)
[C]elui-ci fut installé au pouvoir par le coup d’État du 3 septembre 1987 téléguidé de l’extérieur et profitant de sa position à l’État-Major où les officier Batutsi qui pouvaient lui faire barrage auraient été préalablement corrompus pour fermer les yeux sur sa personne et son identité réelle (page 59)
Et pourtant, en date du 29 juin 1987, pendant que le pays s’apprêtait à célébrer avec faste le 25e anniversaire de l’Indépendance, le 1er juillet 1987, le Président J.B. Bagaza avait été directement informé, avec force détails par les soins de Rufyikiri Isidore, qui était son Conseiller Politique et Juridique, qu’un coup d’état était imminent contre lui et était conjointement organisé par les Présidents Mobutu Sese Seko du Zaire (l’actuel RDC) et Juvénal Habyarimana du Rwanda, agissant eux-mêmes en sous-traitants d’une certaine puissance occidentale, et que l’homme qui devait le renverser était nommément le Major Pierre Buyoya
[C]e nouveau SYSTEME enfin installé et incarné par Buyoya Pierre (…) se caractérise par une panoplie de pratiques dévastatrices dont principalement : la technique de montage incessant de faux coups d’État pour liquider les indésirables, l’invasion et la désintégration des forces de défense et de sécurité par l’intégration de forces négatives. (page 60)
Si le Président Bagaza avait été succédé par un officier véritablement Tutsi ou un officier véritablement Hutu, peu importe, désigné par ses pairs en considération de son intégrité morale et de sa compétence professionnelle, le Burundi n’en serait pas arrivé où il est rendu aujourd’hui : le plus grand génie imaginatif de la stratégie néocolonialiste et de trahison qui nanifient le Burundi se situe donc là. (page 62)
[A]u Burundi, où les rescapés du génocide n’ont pas pu ou voulu débarquer les génocidaires du pouvoir, le crime a été étouffé dans l’impunité par une succession de subterfuges et de cafouillages politico-juridiques concoctés ou arrangés depuis 1993par la très active alliance des assassins de Ndadaye avec les plus éminents exécuteurs du génocide contre les Batutsi jusqu’à réduire au silence le rapport du Conseil de Sécurité de l’ONU (Rapport S/1996/682) qui a reconnu officiellement le génocide commis contre les Batutsi par le Parti FRODEBU et ses dirigeants (page 65)
[L]’Accord d’Arusha [pour le Burundi] fut (…) un échafaudage juridique qui consacre une dictature ethnique du nombre, garantissant désormais une domination exclusive et irréversible du pouvoir politique par l’ethnie majoritaire hutu, et excluant subtilement toute mention du principe d’alternance communautaire au sommet de l’exécutif. Ce fut la réalisation de l’ « époque » tant revee des Missionnaires Blancs, précurseurs-éclaireurs du Colonisateur au Burundi, au tout debut de l’occupation coloniale : « quand le pouvoir des maîtres Batutsis sera brisé ».
L’Accord d’Arusha dont beaucoup ne cessent de chanter religieusement ou mécaniquement les mérites, de sacraliser le contenu tantôt sciemment, tantôt par conformisme ou simplement par ignorance, se revalait pourtant loin d’être un accord achevé (…) le version finale du texte avait été confectionnée en catimini, puis présenté subrepticement par deux personnages dont la différence ethnique et idéologique reste d’ailleurs douteuse, en les personnes de Buyoya Pierre et Minani Jean (pages 97-98)
Le temps et la patience sont les armes les plus puissantes de toute lutte (…) seule la lucidité, la vision et la persévérance sont payantes dans la vie politique, tandis que l’étourderie, la légèreté, la compromission et le laxisme sont mortels. (page 71)
[au cours du génocide contre les Batutsi en 1972], Micombero a recu de Mobutu une couverture aérienne des combats en raison précisément de la présence des Mulelistes, ennemis jurés du pouvoir de Kinshasa, dans les rangs des rebelles burundais (…) Dire que Micombero bénéficiait des services à la fois du Président Mobutu et des rebelles congolais qui combattaient ce dernier, montre simplement à quel point les affirmations [de la CVR burundaise] sont fantaisistes et insensées. (page 83)
[S]i la machine à tuer le Mututsi [en 1972] ne faisait aucune exception d’âge ni de catégorie sociale, et répondait à des consignes et à une idéologie génocidaires, la répression par contre n’était pas systématiquement et indistinctement dirigée contre toute personne de l’ethnie hutu ; les femmes et les enfants notamment n’étaient pas visés. Seuls étaient concernés certains cadres et Étudiants ou élèves notoirement ou présumés impliqués dans le complot. (page 85)