LES "HUTSI", DE LA TEMPETE DANS UNE TASSE DE THE (*)
Dernièrement, Maître Rufyikiri Isidore, faisant suite sans doute au contenu du livre de Kaburahe et Niyoyita se réclamant d’être des « Hutsi » burundais, expliquait que l’ethnie des « Hutsi » n’existe pas au Burundi. La rectification a provoqué une levée de boucliers surtout dans les milieux intellectuels hutus, au Burundi et à l’étranger. Pendant quelques jours, je me suis demandé où se trouve le problème, pourquoi tant d’agitation, pourquoi ces gens tiennent–ils à ce qu’il apparaisse cette « ethnie » nouvelle, au moment précisément où celles qui existent posent des difficultés existentielles aux politiques et aux anthropologues de tous bords ?
Maître Rufyikiri a bien fait de donner l’éclairage, de mettre les points sur les « i », de faire halte à cette nouvelle manœuvre de diversion qui met en danger ceux qui goberaient naïvement la supercherie. Car en effet, les « us et coutumes » des anciens, la tradition sociologique et d’autres critères aussi profonds, ont défini et fixé les choses. L’animosité dirigée par les manipulateurs contre Maître Rufyikiri est dès lors infondée et gravement injuste ! Ce n’est pas lui qui a créé les ethnies au Burundi. Les concepts de Hutu, de Tutsi, de Twa et de Ganwa, ce n’est pas lui qui les a inventés ! Ces distinctions ont sans doute une histoire, qu’il faudra un jour oser raconter, sans tricherie et sans tabous ! En tout état de cause, les quatre composantes de la population burundaise ci-haut mentionnées sont une réalité immémoriale, à la fois historique et juridique qui régit et rythme la vie sociale et politique du Burundi ! Est-il besoin d’insister ici qu’en matière d’ethnies, la distinction nous vient de la coutume et que jusqu’à ce jour, c’est cette dernière qui reste la loi de référence et d’application en la matière !
Monsieur Niyoyita, ou Kaburahe ou un autre, cherche-t-il à abroger cette règle encrée dans la société burundaise depuis la nuit des temps pour créer une autre ethnie ou supprimer celles qui existent ? Je réponds que ce n’est pas comme ça que l’on procède, et que de toutes façons, la société burundaise a déjà par avance rejeté la proposition, dans la pratique aussi bien que dans la loi. Dans la pratique car, tout le monde l’a vu, la suppression de l’ethnie sur la carte d’identité des citoyens a laissé intacte notre appartenance ethnique. Cela fait en effet partie de notre histoire, qui ne peut être gommée par la fantaisie des décrets ! Je suis fier de mon ethnie et je dois la garder, et je voudrais que Niyoyita comprenne qu’en soi, il n’y a pas de mal à m’identifier ainsi ! La proposition a été rejeté dans la loi également car l’Accord d’Arusha et la constitution consacrent de manière explicite les distinctions. Nkurunziza qui tripote présentement ce système ne le fait pas pour effacer les ethnies, mais pour mieux étouffer celle qui n’est pas la sienne. On l’a vu dans la confiscation des terres, dans la destruction de l’élevage, dans la déstabilisation du business dont l’incendie criminel des lieux de négoces n’est qu’un aspect, dans le bannissement des jeunes Tutsi à l’emploi public, dans le viol organisé des femmes et des enfants Tutsikazi, etc.
Niyoyita se dit Burundais. En cela, il n’apprend rien à personne. S’il est de père burundais, ou s’il est né sur le sol burundais, ou encore s’il a été naturalisé, et que de surcroit il a le passeport burundais, personne, ni Rufyikiri, ni moi, ni un tout autre, ne lui conteste cette identité. Mais pourquoi a-t-il choisi de le crier dans les métros et sur les toits ? Quand le tigre commence à chanter sa tigritude, souvent, c’est qu’il n’est pas convaincu qu’il est tigre ! Qu’il soit alors rassuré ! A ces conditions ci-haut, personne ne va lui ravir la nationalité burundaise.
Mais voyons un peu. Niyoyita est burundais, fils de Kanyarushatsi le Hutu mort en 1972. Aurions-nous tort d’affirmer en ce cas que Niyoyita est donc Hutu burundais ? Le concerné semble protester : il est, dit-il, « hutsi » burundais. Il est ce qui n’existe pas, il n’est pas ce qui existe ! Le choix qu’il fait, nous le respectons, mais il doit savoir qu’il ne nous est pas opposable. Hutu, c’est ce que Prime Niyongabo, chef d’Etat-major actuel de l’armée cherchera à savoir en tout premier lieu lors des recrutements. Et Niyoyita aura à décliner ses origines tribales pour permettre l’examen de sa candidature ! Il fera de même lorsqu’il se présentera devant Nkurunziza pour un emploi du secteur public. L’on se souviendra que les ONG ont été fermées pour ne pas avoir obtempéré à cette injonction !
Le « hutsi » n’existant pas sur l’échiquier ethnique burundais, les élucubrations des auteur et héros de Hutsi... sont une diversion dangereuse (et délibérée ?), surtout en ces temps hautement troublés où les gens peuvent mourir uniquement pour leur appartenance communautaire. Au lieu de multiplier les précautions de survie, certains auront tendance à baisser la garde, se considérant comme « hutsi » et donc non concernés par la chasse à l’homme qui sévit. Ils seront emportés dans cette ignorance créée et entretenue, parce que le bourreau joue sur un autre registre de désignation, celui justement de la descendance patriarcale, le seul coutumièrement reconnu par les habitants du Burundi. L’intervention de Maître Rufyikiri est donc en ce sens salutaire et doit être appréciée à sa juste valeur et encouragée.
(*) David NDAGANO
10.08.2019
Maître Rufyikiri a bien fait de donner l’éclairage, de mettre les points sur les « i », de faire halte à cette nouvelle manœuvre de diversion qui met en danger ceux qui goberaient naïvement la supercherie. Car en effet, les « us et coutumes » des anciens, la tradition sociologique et d’autres critères aussi profonds, ont défini et fixé les choses. L’animosité dirigée par les manipulateurs contre Maître Rufyikiri est dès lors infondée et gravement injuste ! Ce n’est pas lui qui a créé les ethnies au Burundi. Les concepts de Hutu, de Tutsi, de Twa et de Ganwa, ce n’est pas lui qui les a inventés ! Ces distinctions ont sans doute une histoire, qu’il faudra un jour oser raconter, sans tricherie et sans tabous ! En tout état de cause, les quatre composantes de la population burundaise ci-haut mentionnées sont une réalité immémoriale, à la fois historique et juridique qui régit et rythme la vie sociale et politique du Burundi ! Est-il besoin d’insister ici qu’en matière d’ethnies, la distinction nous vient de la coutume et que jusqu’à ce jour, c’est cette dernière qui reste la loi de référence et d’application en la matière !
Monsieur Niyoyita, ou Kaburahe ou un autre, cherche-t-il à abroger cette règle encrée dans la société burundaise depuis la nuit des temps pour créer une autre ethnie ou supprimer celles qui existent ? Je réponds que ce n’est pas comme ça que l’on procède, et que de toutes façons, la société burundaise a déjà par avance rejeté la proposition, dans la pratique aussi bien que dans la loi. Dans la pratique car, tout le monde l’a vu, la suppression de l’ethnie sur la carte d’identité des citoyens a laissé intacte notre appartenance ethnique. Cela fait en effet partie de notre histoire, qui ne peut être gommée par la fantaisie des décrets ! Je suis fier de mon ethnie et je dois la garder, et je voudrais que Niyoyita comprenne qu’en soi, il n’y a pas de mal à m’identifier ainsi ! La proposition a été rejeté dans la loi également car l’Accord d’Arusha et la constitution consacrent de manière explicite les distinctions. Nkurunziza qui tripote présentement ce système ne le fait pas pour effacer les ethnies, mais pour mieux étouffer celle qui n’est pas la sienne. On l’a vu dans la confiscation des terres, dans la destruction de l’élevage, dans la déstabilisation du business dont l’incendie criminel des lieux de négoces n’est qu’un aspect, dans le bannissement des jeunes Tutsi à l’emploi public, dans le viol organisé des femmes et des enfants Tutsikazi, etc.
Niyoyita se dit Burundais. En cela, il n’apprend rien à personne. S’il est de père burundais, ou s’il est né sur le sol burundais, ou encore s’il a été naturalisé, et que de surcroit il a le passeport burundais, personne, ni Rufyikiri, ni moi, ni un tout autre, ne lui conteste cette identité. Mais pourquoi a-t-il choisi de le crier dans les métros et sur les toits ? Quand le tigre commence à chanter sa tigritude, souvent, c’est qu’il n’est pas convaincu qu’il est tigre ! Qu’il soit alors rassuré ! A ces conditions ci-haut, personne ne va lui ravir la nationalité burundaise.
Mais voyons un peu. Niyoyita est burundais, fils de Kanyarushatsi le Hutu mort en 1972. Aurions-nous tort d’affirmer en ce cas que Niyoyita est donc Hutu burundais ? Le concerné semble protester : il est, dit-il, « hutsi » burundais. Il est ce qui n’existe pas, il n’est pas ce qui existe ! Le choix qu’il fait, nous le respectons, mais il doit savoir qu’il ne nous est pas opposable. Hutu, c’est ce que Prime Niyongabo, chef d’Etat-major actuel de l’armée cherchera à savoir en tout premier lieu lors des recrutements. Et Niyoyita aura à décliner ses origines tribales pour permettre l’examen de sa candidature ! Il fera de même lorsqu’il se présentera devant Nkurunziza pour un emploi du secteur public. L’on se souviendra que les ONG ont été fermées pour ne pas avoir obtempéré à cette injonction !
Le « hutsi » n’existant pas sur l’échiquier ethnique burundais, les élucubrations des auteur et héros de Hutsi... sont une diversion dangereuse (et délibérée ?), surtout en ces temps hautement troublés où les gens peuvent mourir uniquement pour leur appartenance communautaire. Au lieu de multiplier les précautions de survie, certains auront tendance à baisser la garde, se considérant comme « hutsi » et donc non concernés par la chasse à l’homme qui sévit. Ils seront emportés dans cette ignorance créée et entretenue, parce que le bourreau joue sur un autre registre de désignation, celui justement de la descendance patriarcale, le seul coutumièrement reconnu par les habitants du Burundi. L’intervention de Maître Rufyikiri est donc en ce sens salutaire et doit être appréciée à sa juste valeur et encouragée.
(*) David NDAGANO
10.08.2019