CVR A RUMONGE : CE QU'ELLE NE VOUS DIRA JAMAIS (1ere partie)
Burundi Information (le 19 octobre 2020). Depuis sa sortie ratée en décembre 2019 à Kamenge où elle a exhumé les restes des victimes du CNDD-FDD pour les faire passer pour ceux de Hutu tués en 1972 (1), la CVR est passée à Karusi, puis à Gitega pour une réédition de cette opération. Ce fut ensuite le tour de la province méridionale de Makamba où la tâche de falsification de l’histoire ne lui fut pas du tout facile (2). La voilà maintenant à Rumonge. C’est là que la tragicomédie poursuit son bohomme de chemin. Pour rappel, la CVR vient de passer six semaines à Rumonge où elle transpire, comme partout ailleurs où elle est deja passée pour le grand malheur des victimes tutsi, la même cacophonie méthodologique, la même partisannerie et partant, la même absence de respectabilité qu’elle inspire corollairement à ses manquements qui ne cessent de s’accumuler. Nous vous partageons aujourd’hui un lot de quelques faits que nous tenons de témoins oculaires qui étaient à Rumonge le 29 avril 1972.
L'hécatombe des Tutsi à Rumonge le 29 avril 1972
Il faut rappeler aux plus jeunes --et aux ennemis de la lecture -- qu'en 1972, l'entité admnistrative dénommée Province de Rumonge n’existait pas. Il y avait en effet une seule province de Bururi couvrant les provinces actuelles de Bururi, Makamba et Rumonge. À noter aussi que jusqu’en 1982, cette province de Bururi était elle-même subdvisée en deux arrondissements, à savoir Bururi et Makamba. En 1972, la fameuse province de Rumonge n’était qu’une simple commune. Sa récente création par le régime des terroristes génocidaires du CNDD-FDD était destinée à écorner (à defaut de la faire disparaître complétement) la Province de Bururi pour des raisons auxquelles nous reviendrons plus tard. C’est la base nécessaire qui permet de saisir la signification de ce lieu dans l'entreprise falsificatrice de la CVR. C'est ce qu'il faut aussiTpour saisir les faits qui s'y sont passés et que nous ont rapportés les personnes qui ont vécu cette tragédie sous des angles divers.
La localité de Rumonge fut l’épicentre du movement génocidaire lancé par l’organisation UBU. Le samedi 29 avril 1972, le gros des fonctionnaires de la région, en commençant par le premier d’entre eux, à savoir, le Gouverneur de Province, s’étaient retrouvés dans cette localité. C’était en prélude aux festivités qui avaient été convenues préalablement à la Fête des Travailleurs qui allait avoir lieu le lundi 1er mai. On se rappellera aussi que les agents de l'organisation UBU disséminés partout dans le pays s'étaient arrangés pour obtenir de l'administration la tenue de bals dans toutes les villes, ce qui devait leur permettre de surprendre le maximum de leurs victimes tutsi dans un état affaibli le moment venu.
Selon les témoignages en notre possession, la localité de Rumonge était sécurisée à l’époque par une simple brigade, c’est-à-dire, une unité forte de quelques dizaines d’éléments à peine (ceux qui maitrisent le jargon militaire le comprendront aisement). Celle-ci fut attaquée en premier lieu et sa neutralisation ne se fit pas difficile compte tenu de ces effectifs réduits. Une fois cette unique protection éliminée, les miliciens génocidaires de l’organisation UBU, aidés par leurs alliés étrangers appelés maï maï, purent se livrer à coeur joie à l’élimination des Tutsi. Toutes les familles des Tutsis ont été décimées en ce week end noir du 29 avril 1972, et les femmes et les enfants n'étaient pas épargnés.
De toutes les hautes autorités provinciales de Bururi qui étaient au cercle de Rumonge, il n’y eut aucun survivant, exception faite du Gouverneur qui est parvenu à se cacher. Parmi les victimes figuraient l’Administrateur de la commune, le Juge du Tribunal de Résidence du nom de Rubati, le Responsable du parti Uprona qui se nommait Rungarunga, et beaucoup d'autres. Ajoutez-y les deux Commissaires d'Arrondissement (de Bururi et Makamba) ainsi que les six administrateurs communaux relevant de la Province Bururi qui étaient présents, à l’exception de l’administrateur de Matana qui n’était pas sur les lieux. Il ne serait pas superflu d’ajouter à ce niveau un miraculeux directeur d'école primaire qui l’échappa belle à Rumonge alors qu'il prenait part à cette soirée fatidique. Il mit cependant plus de sept jours pour retrouver son domicile en commune Matana où les cérémonies de sa levée de deuil avaient eu lieu la veille de son arrivée.
Le rôle du centre commercial de Mugara
On ne peut pas parler de l’acte falsificateur de la CVR en cours à Rumonge sans rappeler l’importance particulière que revêt la localité de Mugara. En effet, il nous faut souligner que c’était un centre commercial très prospère. Selon plusieurs sources, les tout aussi prospères commerçants de Mugara jouaient le rôle insoupçonné de cheval de Troie à la phalange génocidaire UBU. Ainsi, en rapport avec la récolte des côtisations destinées à l’instauration de la fâcheuse République du Soleil, c’est-à-dire un Burundi dégagé de tous les Tutsi tel que l’envisageait l’organisation UBU, ils s’étaient imaginé un stratagème capable de tromper la vigilance des autorités quant à la destination des fonds collectés: on laissait circuler le bruit comme quoi ils voulaient s’acheter leur propre hélicoptère, qu’ils n’en attendaient que l’autorisation officielle.
Ainsi, quand vous voyez la CVR s’appésantir sur les morts de Mugara un peu plus que sur ceux d’ailleurs, c’est pour tout le symbolisme que cette localité comporte dans le movement génocidaire panhutiste UBU qui est l’ancêtre idéologique du CNDD-FDD. Voilà qui explique aussi pourquoi le commandant de la brigade de Rumonge qui fut alerté juste avant le début des massacres par un citoyen qui vint lui dire qu’on les forcait à affuter les machettes en vue du début tout proche de la campagne de tueries, eut toute la peine du monde à s’y render: il fallit y laisser sa peau et ne s’en tira que par un véritable miracle.
En definitive, il peut paraître inopportun aux yeux de certains de se focaliser sur ces quelques communes pour parler de l’action génocidaire du mouvement UBU en avril-mai 1972. Cependant, l’ampleur des massacres dans ces localités suffirait à elle seule à expliquer cette attention. On pourrait y ajouter l’importance que leur accorde l’actuelle CVR qui a tenu à associer dans ses activités à Ruonge le génocidaire qui officie comme Président de l’Assemblée Nationale (fait auquel nous reviendrons d'ici peu). En outre, articuler le passé douloureux de la Province de Bururi n’ a rien de criminel. Au contraire, ne pas le faire risque de donner du poil à ces propagandistes du mouvement génocidaire UBU qui s’emploient depuis un certain temps à intimider les ressortissants de cette province au moyen d’une accusation qui leur impute indistinctement les erreurs commises par l’administration du Burundi indépendant avant que ne débute le règne des descendants idéologiques de l’UBU. Inutile d’ajouter qu’il ne faut jamais céder à une telle menace. D’où la deuxième partie de ce numéro ne tardera pas … (à suivre). BINFO
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(1) Lire https://www.burundi-information.net/cvr-au-dela-de-la-journee-porte-ouverte-du-13-janvier-2020.html
(2) Lire aussi https://www.burundi-information.net/la-cvr-recoit-un-clin-d-oeil-de-cinq-intellectuels-burundais.html
Par Emmanuel Nkurunziza,
Toronto, Ontario
L'hécatombe des Tutsi à Rumonge le 29 avril 1972
Il faut rappeler aux plus jeunes --et aux ennemis de la lecture -- qu'en 1972, l'entité admnistrative dénommée Province de Rumonge n’existait pas. Il y avait en effet une seule province de Bururi couvrant les provinces actuelles de Bururi, Makamba et Rumonge. À noter aussi que jusqu’en 1982, cette province de Bururi était elle-même subdvisée en deux arrondissements, à savoir Bururi et Makamba. En 1972, la fameuse province de Rumonge n’était qu’une simple commune. Sa récente création par le régime des terroristes génocidaires du CNDD-FDD était destinée à écorner (à defaut de la faire disparaître complétement) la Province de Bururi pour des raisons auxquelles nous reviendrons plus tard. C’est la base nécessaire qui permet de saisir la signification de ce lieu dans l'entreprise falsificatrice de la CVR. C'est ce qu'il faut aussiTpour saisir les faits qui s'y sont passés et que nous ont rapportés les personnes qui ont vécu cette tragédie sous des angles divers.
La localité de Rumonge fut l’épicentre du movement génocidaire lancé par l’organisation UBU. Le samedi 29 avril 1972, le gros des fonctionnaires de la région, en commençant par le premier d’entre eux, à savoir, le Gouverneur de Province, s’étaient retrouvés dans cette localité. C’était en prélude aux festivités qui avaient été convenues préalablement à la Fête des Travailleurs qui allait avoir lieu le lundi 1er mai. On se rappellera aussi que les agents de l'organisation UBU disséminés partout dans le pays s'étaient arrangés pour obtenir de l'administration la tenue de bals dans toutes les villes, ce qui devait leur permettre de surprendre le maximum de leurs victimes tutsi dans un état affaibli le moment venu.
Selon les témoignages en notre possession, la localité de Rumonge était sécurisée à l’époque par une simple brigade, c’est-à-dire, une unité forte de quelques dizaines d’éléments à peine (ceux qui maitrisent le jargon militaire le comprendront aisement). Celle-ci fut attaquée en premier lieu et sa neutralisation ne se fit pas difficile compte tenu de ces effectifs réduits. Une fois cette unique protection éliminée, les miliciens génocidaires de l’organisation UBU, aidés par leurs alliés étrangers appelés maï maï, purent se livrer à coeur joie à l’élimination des Tutsi. Toutes les familles des Tutsis ont été décimées en ce week end noir du 29 avril 1972, et les femmes et les enfants n'étaient pas épargnés.
De toutes les hautes autorités provinciales de Bururi qui étaient au cercle de Rumonge, il n’y eut aucun survivant, exception faite du Gouverneur qui est parvenu à se cacher. Parmi les victimes figuraient l’Administrateur de la commune, le Juge du Tribunal de Résidence du nom de Rubati, le Responsable du parti Uprona qui se nommait Rungarunga, et beaucoup d'autres. Ajoutez-y les deux Commissaires d'Arrondissement (de Bururi et Makamba) ainsi que les six administrateurs communaux relevant de la Province Bururi qui étaient présents, à l’exception de l’administrateur de Matana qui n’était pas sur les lieux. Il ne serait pas superflu d’ajouter à ce niveau un miraculeux directeur d'école primaire qui l’échappa belle à Rumonge alors qu'il prenait part à cette soirée fatidique. Il mit cependant plus de sept jours pour retrouver son domicile en commune Matana où les cérémonies de sa levée de deuil avaient eu lieu la veille de son arrivée.
Le rôle du centre commercial de Mugara
On ne peut pas parler de l’acte falsificateur de la CVR en cours à Rumonge sans rappeler l’importance particulière que revêt la localité de Mugara. En effet, il nous faut souligner que c’était un centre commercial très prospère. Selon plusieurs sources, les tout aussi prospères commerçants de Mugara jouaient le rôle insoupçonné de cheval de Troie à la phalange génocidaire UBU. Ainsi, en rapport avec la récolte des côtisations destinées à l’instauration de la fâcheuse République du Soleil, c’est-à-dire un Burundi dégagé de tous les Tutsi tel que l’envisageait l’organisation UBU, ils s’étaient imaginé un stratagème capable de tromper la vigilance des autorités quant à la destination des fonds collectés: on laissait circuler le bruit comme quoi ils voulaient s’acheter leur propre hélicoptère, qu’ils n’en attendaient que l’autorisation officielle.
Ainsi, quand vous voyez la CVR s’appésantir sur les morts de Mugara un peu plus que sur ceux d’ailleurs, c’est pour tout le symbolisme que cette localité comporte dans le movement génocidaire panhutiste UBU qui est l’ancêtre idéologique du CNDD-FDD. Voilà qui explique aussi pourquoi le commandant de la brigade de Rumonge qui fut alerté juste avant le début des massacres par un citoyen qui vint lui dire qu’on les forcait à affuter les machettes en vue du début tout proche de la campagne de tueries, eut toute la peine du monde à s’y render: il fallit y laisser sa peau et ne s’en tira que par un véritable miracle.
En definitive, il peut paraître inopportun aux yeux de certains de se focaliser sur ces quelques communes pour parler de l’action génocidaire du mouvement UBU en avril-mai 1972. Cependant, l’ampleur des massacres dans ces localités suffirait à elle seule à expliquer cette attention. On pourrait y ajouter l’importance que leur accorde l’actuelle CVR qui a tenu à associer dans ses activités à Ruonge le génocidaire qui officie comme Président de l’Assemblée Nationale (fait auquel nous reviendrons d'ici peu). En outre, articuler le passé douloureux de la Province de Bururi n’ a rien de criminel. Au contraire, ne pas le faire risque de donner du poil à ces propagandistes du mouvement génocidaire UBU qui s’emploient depuis un certain temps à intimider les ressortissants de cette province au moyen d’une accusation qui leur impute indistinctement les erreurs commises par l’administration du Burundi indépendant avant que ne débute le règne des descendants idéologiques de l’UBU. Inutile d’ajouter qu’il ne faut jamais céder à une telle menace. D’où la deuxième partie de ce numéro ne tardera pas … (à suivre). BINFO
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(1) Lire https://www.burundi-information.net/cvr-au-dela-de-la-journee-porte-ouverte-du-13-janvier-2020.html
(2) Lire aussi https://www.burundi-information.net/la-cvr-recoit-un-clin-d-oeil-de-cinq-intellectuels-burundais.html
Par Emmanuel Nkurunziza,
Toronto, Ontario