DECES DE PIERRE BUYOYA. LE "FILS DE KIMUZANYE" S'EN VA
Burundi Information (le 18 décembre 2020). La nouvelle a commencé par filtrer insidieusement: " l'ancien président burundais est mort". Puis un courageux de la diaspora burundaise de Toronto a posté le premier sur sa page Facebook cette information du passage de vie à trépas de Pierre Buyoya, sans annoncer la moindre source. Des questions s’en sont suivies, certaines balbutiantes, d'autres plus équivoques, mais sans jamais susciter de réponse précise. Toutes se résumaient à « D'où tenez-vous l’information » ?
Maintenant, le doute n’est plus permis. Pierre Buyoya est décédé. Un premier constat. L'hésitation des grandes stations mondiales de radiodiffusion à parler de la mort de Pierre Buyoya. On aura observé en effet un véritable silence radio inexplicable sur la disparition de cet ancien président du Burundi de 1987 à 1993 d’abord, puis de 1996 à 2003. Une exception notable: celle de la VOA. Le médium officiel des USA, fidèle aux pratiques connues des professionnels de la communication de ce côté de l'Atlantique, a vite fait de porter à la connaissance du public la mort de Buyoya. Pendant ce temps, chez RFI et les divers Deutsche Welle, rien ne filtrait. La VOA sera suivie dans cette fonction de muguruzi w'urunyoni par la BBC dont tout le monde sait désormais que la section Kirundi-Kinyarwanda est devenue l'organe d'expression officieux des génocidaires de la sous-région des Grands lacs est-Africains (1).
Au sein de la communauté burundaise de l’intérieur comme de l'extérieur du Burundi, la nouvelle a pris beaucoup de temps pour finalement sortir. A cet égard, l'on ne saurait trop préciser pourquoi même ceux qui ont passé des années à chanter les rares réalisations repérables du passage de Buyoya au pouvoir, ont mis tant de temps pour oser reconnaître enfin qu'une page est definitivement tournée. Peut-être qu'ils réalisaient enfin qu'ils s'étaient constitués clients d'un pouvoir deux fois illégal et illégitime ...
Remarquable par contre sera le relais presque éclair de la nouvelle du côté du Sahel et des autres coins du monde, notamment dans les cercles de l'Organisation Internationale de la Francophonie ou OIF dont le défunt avait eu le culot de briguer le mandat de Secrétaire Général au cours de l'année 2014, aidé en cela par le régime des terroristes génocidaires du CNDD (2), celui-là même qui, quelques années plus tard, le condamnera à la plus lourde peine prévue dans les lois burundaises (ironiquement, Buyoya a été condamné pour un crime qui a servi au CNDD de voir le jour et réclamer quelque légitimité malgré la panoplie d'actes immoraux qui le caractérisait).
Les hésitations des radiodiffuseurs étaient à l’image du vrai « buyoyisme décadent». Comme à l’accoutumée, les vrais bénéficiaires se taisaient tandis que quelques petits couteaux se tordaient pour faire croire que tout allait pour le meilleur du monde pour cet homme que le sort parachuta à la Magistrature Suprême du Burundi en 1987 avant qu'il ne se retrouve à la haute représentation de l’UE et de l’UA dans le Sahel 30 ans plus tard.
Indépendamment de tout, il reste une question à laquelle les juristes de l'opposition comme de la mouvance doivent répondre: quelle disposition légale va-t-on déployer pour concilier le double statut du défunt : un condamné à emprisonner d'une part, et un ancien président de la république qu'il faut enterrer dignement. En effet, en tant qu'ancien dirigeant du Burundi, Pierre Buyoya aurait droit à des obsèques nationales même si son règne était illégal et illégitime.
Même si la mission de Burundi Information n’est pas de réclamer les avantages des anciens dirigeants, surtout quand ils sont illégitimes, nous ne pouvons pas ne pas souligner que le pouvoir en place au Burundi doit tant, si pas tout, à cet homme et aux manœuvres qu’il a menées entre juillet 1996 et avril 2003 en violation des lois et des règlements en vigueur, aboutissant à l’ installation indue au sommet de l'Etat de génocidaires déjà identifiés par l’ONU.
Buyoya laisse au Burundi un héritage qui divise
Un important point à revisiter en ces moments où nous apprenons la mort de Buyoya est celui de l’identité ethnique dont se prévalait le défunt. Elle était loin de faire l'unanimité. En effet, pendant plusieurs années, l’on aura lu partout qu’entre 1966 et 1993, le Burundi était dirigé par des Présidents tutsi. C'est d'ailleurs en cette "qualité" que dernier avait été choisi comme Président de la Transition de 2000 à 2003. Cependant, dire que les éléments constitutifs de la "tutsité" de Pierre Buyoya prêtent à confusion serait une tautologie.
Selon les enquêtes menées par un certain Institut Havila et publiées en 2002, le Burundi n’aurait plus connu de président tutsi depuis 1987 (3). Voilà qui explique pourquoi au cours de ses 13 ans d’existence, Burundi Information n’a jamais connu d’articles aussi consultés fréquemment que celui qui parle de l’identité ethnique de Buyoya. En d’autres mots, n’eut été l’ombre du « Major Buyoya », il y a longtemps que les prototypes du type « Ndadaye, est le premier président hutu » auraient disparu pour laisser la place à « Ndadaye premier president hutu élu ». À côté de cette confusion entretenue depuis le temps du règne du défunt et longtemps après, nous avons noté en plus une certaine panique, une bien réelle peur parmi les partisans de l’ancien président plusieurs fois illégitimes. Elle résulte d’une préoccupation, d’une prise de conscience d’un certain faussariat, d’une pseudo représentation de toute l’opposition dite tutsi.
De l’avis des analystes, la principale caractéristique du buyoyisme semble avoir toujours été d'amener les gens à:
(a) prétendre représenter les Tutsi sans jamais admettre qu’on est tutsi,
(b) rester entièrement et légitiment "mi-hutu, mi-tutsi" tout en proclamant qu’on est simplement tutsi (ou hutu selon les circonstances), avec pour résultat que les intérêts de tout le monde se trouvaient « représentés» à l’excepition notable de ceux des Tutsis
(c) convaincre le Tutsi qu’il ne faut jamais plaider ouvertement sa sécurite ou ses intérêts faute de quoi on sera taxé d’extrêmiste (4).
Tel est l’héritage du "buyoyisme décadent" comme dirait un analyste bien connu de la fin des années 1990.(5)
Qu'en dire?
La disparition de pierre Buyoya nous rappelle les ravages laissés au Burundi par le syndrome de Stockholm (ce trouble psychologique qui amène les victimes à dévélopper une empathie envers leurs tortionnaires). Il sied de rappeler à cet effet que le règne de Buyoya aura connu cinq accidents d’hélicoptères les uns plus suspects et plus inexplicables que les autres. Les victimes étaient bien souvent des hommes réputés ne pas avaler sans les mâcher les recettes de cet homme. Mais d'autres étaient ciblés pour leurs origines claniques (6). L'autre particularité de ces vrais faux accidents étaient qu’ils se produisaient en des endroits et au moment où on s’y attendrait le moins. Le plus obnubilant est que parmi les chauds partisants de l'homme qui vient de rendre l'âme se sont toujours trouvés parmi les proches des victimes directes et indirectes de ces assassinats déguisés en accidents.
Que ce soit pour un décès ou pour une naissance, certaines réactions restent imprévisibles. Un ancien de la faculté des lettres plutôt réputé pour son amour unidirectionnel avec la poésie, a observé qu'avec la récente disparition de Pierre Nkurunziza, l'on peut dire que le départ Buyoya suggère que c'est "deux pierres qui dégringolent totalement pour mieux s'élever completement." De notre point de vue, à défaut de composer des vers, il faut trouver ne serait-ce qu'un "si je nohahera" à tirer de cette disparition.
Aux quelques orphelins idéologiques de Pierre Buyoya qui ont toujours trouvé en ce personnage un cheval de Troie qui leur permettait de passer pour ce qu'ils ne sont pas ou qu'ils ne voudraient jamais admettre être, au grand dam de ceux-là qui, d'en face, laissent ce beau monde leur creuser une tombe bien profonde, le temps a inéxolabrement changé, il n'est plus à la complaisance avec Gustave de la plaine. Révolus sont les temps où ce patriarche qui vous obligeait directement ou indirectement à fermer les yeux sur la torture des vôtres --vos confrères, vos collègues, vos beau-frères, etc. -- sans rien dire afin de ne pas paraître extrémistes.
Aux terroristes génocidaires du CNDD au pouvoir (oui, nous vous adressons un message, malgré le risque bien réel de passer pour des associés de criminels impunis et impénitents), nul doute que vous allez regretter désormais ce temps passé à vilipender l'homme qui vous a remis le pouvoir sur un plateau d'or alors que tout le monde savait que vous étiez "une rébellion sans vision" pour citer feu Nelson Mandela; nous allions vous adresser nos condoléances, mais nous risquons de passer pour des adeptes
Aux éléments de l'opposition en exil qui misaient sur le défunt, c'est un différent message que nous leur s'adressons. Sachez profiter de la séparation de cet homme dont la présence dans votre camp constituait plus une charge qu'un avantage -- contrairement à ce que chantaient ses chantres qui doivent inéluctablement déchanter. Plutôt que perdre un allié, dites-vous bien que vous êtes maintenant dégagés d'un fardeau bien lourd qui vous empêchait d'être qui vous êtes et que vous auriez dû être depuis longtemps. Autrement dit, il incombe aux concernés de se désillusionner et de comprendre vite que le grand soir qu'on leur prometait en corollaire au ralliement inconditionnel à Pierre Buyoya, relève désormais d'un passé (dé)composé.
En conclusion
Buyoya part comme il a gouverné: en laissant des divisions. Dès l'annonce de son décès, ce sont les informations et les réactions les plus divergentes qui se sont succédés. On aurait dit que c'était à l'image de la prétendue politique d'unité nationale dont il voulut faire son étiquette mais qu'il n'est jamais parvenu à cultiver. Même la formation politique où il a grandi ne lui survit qu'en état de lambeaux (4 à 5 ailes). Va-t-on se resouder maintenant que le plus grand commun diviseur n'est plus là? Wait and see.
Chez Burundi information, nous pensons qu'il y aura quelques changements. En effet, si tout au long des 13 ans de notre présence ininterrompue sur la toile, l'article relayant la publication de l'Institut Havila et qui parle des « origines hutu» de Pierre Buyoya est resté constamment au hit des 5 publications les plus consultées de notre siteweb, il va sans dire que l'intérêt va se déplacer vers d'autres rubriques. Pour le moment, il est cependant question pour nous d'attendre que la famille et les obligés finissent le deuil pour qu'on évalue froidement l’héritage de cet ancien officier des blindés qui surgit sur le devant de la scène politique un certain jeudi noir du 3 septembre 1987.
En attendant, la vie continue. (BINFO)
----
(1) https://burundi-information.net/quand-bbc-gahuzamiryango-transforme-la-rdc-en-tres-democratique-republique-du-congo.html
(2) https://burundi-information.net/la-chute-de-compaore-emporte-les-ambitions-de-pierre-buyoya-a-loif.html
(3) https://burundi-information.net/buyoya-serait-hutu.html
(4) https://burundi-information.net/burundi-moderes-vs-extremistes.html
(5) https://burundi-information.net/le-buyoyisme-serait-il-en-difficultes.html
(6) https://burundi-information.net/par-l-helicoptere-ou-le-camion.html
Maintenant, le doute n’est plus permis. Pierre Buyoya est décédé. Un premier constat. L'hésitation des grandes stations mondiales de radiodiffusion à parler de la mort de Pierre Buyoya. On aura observé en effet un véritable silence radio inexplicable sur la disparition de cet ancien président du Burundi de 1987 à 1993 d’abord, puis de 1996 à 2003. Une exception notable: celle de la VOA. Le médium officiel des USA, fidèle aux pratiques connues des professionnels de la communication de ce côté de l'Atlantique, a vite fait de porter à la connaissance du public la mort de Buyoya. Pendant ce temps, chez RFI et les divers Deutsche Welle, rien ne filtrait. La VOA sera suivie dans cette fonction de muguruzi w'urunyoni par la BBC dont tout le monde sait désormais que la section Kirundi-Kinyarwanda est devenue l'organe d'expression officieux des génocidaires de la sous-région des Grands lacs est-Africains (1).
Au sein de la communauté burundaise de l’intérieur comme de l'extérieur du Burundi, la nouvelle a pris beaucoup de temps pour finalement sortir. A cet égard, l'on ne saurait trop préciser pourquoi même ceux qui ont passé des années à chanter les rares réalisations repérables du passage de Buyoya au pouvoir, ont mis tant de temps pour oser reconnaître enfin qu'une page est definitivement tournée. Peut-être qu'ils réalisaient enfin qu'ils s'étaient constitués clients d'un pouvoir deux fois illégal et illégitime ...
Remarquable par contre sera le relais presque éclair de la nouvelle du côté du Sahel et des autres coins du monde, notamment dans les cercles de l'Organisation Internationale de la Francophonie ou OIF dont le défunt avait eu le culot de briguer le mandat de Secrétaire Général au cours de l'année 2014, aidé en cela par le régime des terroristes génocidaires du CNDD (2), celui-là même qui, quelques années plus tard, le condamnera à la plus lourde peine prévue dans les lois burundaises (ironiquement, Buyoya a été condamné pour un crime qui a servi au CNDD de voir le jour et réclamer quelque légitimité malgré la panoplie d'actes immoraux qui le caractérisait).
Les hésitations des radiodiffuseurs étaient à l’image du vrai « buyoyisme décadent». Comme à l’accoutumée, les vrais bénéficiaires se taisaient tandis que quelques petits couteaux se tordaient pour faire croire que tout allait pour le meilleur du monde pour cet homme que le sort parachuta à la Magistrature Suprême du Burundi en 1987 avant qu'il ne se retrouve à la haute représentation de l’UE et de l’UA dans le Sahel 30 ans plus tard.
Indépendamment de tout, il reste une question à laquelle les juristes de l'opposition comme de la mouvance doivent répondre: quelle disposition légale va-t-on déployer pour concilier le double statut du défunt : un condamné à emprisonner d'une part, et un ancien président de la république qu'il faut enterrer dignement. En effet, en tant qu'ancien dirigeant du Burundi, Pierre Buyoya aurait droit à des obsèques nationales même si son règne était illégal et illégitime.
Même si la mission de Burundi Information n’est pas de réclamer les avantages des anciens dirigeants, surtout quand ils sont illégitimes, nous ne pouvons pas ne pas souligner que le pouvoir en place au Burundi doit tant, si pas tout, à cet homme et aux manœuvres qu’il a menées entre juillet 1996 et avril 2003 en violation des lois et des règlements en vigueur, aboutissant à l’ installation indue au sommet de l'Etat de génocidaires déjà identifiés par l’ONU.
Buyoya laisse au Burundi un héritage qui divise
Un important point à revisiter en ces moments où nous apprenons la mort de Buyoya est celui de l’identité ethnique dont se prévalait le défunt. Elle était loin de faire l'unanimité. En effet, pendant plusieurs années, l’on aura lu partout qu’entre 1966 et 1993, le Burundi était dirigé par des Présidents tutsi. C'est d'ailleurs en cette "qualité" que dernier avait été choisi comme Président de la Transition de 2000 à 2003. Cependant, dire que les éléments constitutifs de la "tutsité" de Pierre Buyoya prêtent à confusion serait une tautologie.
Selon les enquêtes menées par un certain Institut Havila et publiées en 2002, le Burundi n’aurait plus connu de président tutsi depuis 1987 (3). Voilà qui explique pourquoi au cours de ses 13 ans d’existence, Burundi Information n’a jamais connu d’articles aussi consultés fréquemment que celui qui parle de l’identité ethnique de Buyoya. En d’autres mots, n’eut été l’ombre du « Major Buyoya », il y a longtemps que les prototypes du type « Ndadaye, est le premier président hutu » auraient disparu pour laisser la place à « Ndadaye premier president hutu élu ». À côté de cette confusion entretenue depuis le temps du règne du défunt et longtemps après, nous avons noté en plus une certaine panique, une bien réelle peur parmi les partisans de l’ancien président plusieurs fois illégitimes. Elle résulte d’une préoccupation, d’une prise de conscience d’un certain faussariat, d’une pseudo représentation de toute l’opposition dite tutsi.
De l’avis des analystes, la principale caractéristique du buyoyisme semble avoir toujours été d'amener les gens à:
(a) prétendre représenter les Tutsi sans jamais admettre qu’on est tutsi,
(b) rester entièrement et légitiment "mi-hutu, mi-tutsi" tout en proclamant qu’on est simplement tutsi (ou hutu selon les circonstances), avec pour résultat que les intérêts de tout le monde se trouvaient « représentés» à l’excepition notable de ceux des Tutsis
(c) convaincre le Tutsi qu’il ne faut jamais plaider ouvertement sa sécurite ou ses intérêts faute de quoi on sera taxé d’extrêmiste (4).
Tel est l’héritage du "buyoyisme décadent" comme dirait un analyste bien connu de la fin des années 1990.(5)
Qu'en dire?
La disparition de pierre Buyoya nous rappelle les ravages laissés au Burundi par le syndrome de Stockholm (ce trouble psychologique qui amène les victimes à dévélopper une empathie envers leurs tortionnaires). Il sied de rappeler à cet effet que le règne de Buyoya aura connu cinq accidents d’hélicoptères les uns plus suspects et plus inexplicables que les autres. Les victimes étaient bien souvent des hommes réputés ne pas avaler sans les mâcher les recettes de cet homme. Mais d'autres étaient ciblés pour leurs origines claniques (6). L'autre particularité de ces vrais faux accidents étaient qu’ils se produisaient en des endroits et au moment où on s’y attendrait le moins. Le plus obnubilant est que parmi les chauds partisants de l'homme qui vient de rendre l'âme se sont toujours trouvés parmi les proches des victimes directes et indirectes de ces assassinats déguisés en accidents.
Que ce soit pour un décès ou pour une naissance, certaines réactions restent imprévisibles. Un ancien de la faculté des lettres plutôt réputé pour son amour unidirectionnel avec la poésie, a observé qu'avec la récente disparition de Pierre Nkurunziza, l'on peut dire que le départ Buyoya suggère que c'est "deux pierres qui dégringolent totalement pour mieux s'élever completement." De notre point de vue, à défaut de composer des vers, il faut trouver ne serait-ce qu'un "si je nohahera" à tirer de cette disparition.
Aux quelques orphelins idéologiques de Pierre Buyoya qui ont toujours trouvé en ce personnage un cheval de Troie qui leur permettait de passer pour ce qu'ils ne sont pas ou qu'ils ne voudraient jamais admettre être, au grand dam de ceux-là qui, d'en face, laissent ce beau monde leur creuser une tombe bien profonde, le temps a inéxolabrement changé, il n'est plus à la complaisance avec Gustave de la plaine. Révolus sont les temps où ce patriarche qui vous obligeait directement ou indirectement à fermer les yeux sur la torture des vôtres --vos confrères, vos collègues, vos beau-frères, etc. -- sans rien dire afin de ne pas paraître extrémistes.
Aux terroristes génocidaires du CNDD au pouvoir (oui, nous vous adressons un message, malgré le risque bien réel de passer pour des associés de criminels impunis et impénitents), nul doute que vous allez regretter désormais ce temps passé à vilipender l'homme qui vous a remis le pouvoir sur un plateau d'or alors que tout le monde savait que vous étiez "une rébellion sans vision" pour citer feu Nelson Mandela; nous allions vous adresser nos condoléances, mais nous risquons de passer pour des adeptes
Aux éléments de l'opposition en exil qui misaient sur le défunt, c'est un différent message que nous leur s'adressons. Sachez profiter de la séparation de cet homme dont la présence dans votre camp constituait plus une charge qu'un avantage -- contrairement à ce que chantaient ses chantres qui doivent inéluctablement déchanter. Plutôt que perdre un allié, dites-vous bien que vous êtes maintenant dégagés d'un fardeau bien lourd qui vous empêchait d'être qui vous êtes et que vous auriez dû être depuis longtemps. Autrement dit, il incombe aux concernés de se désillusionner et de comprendre vite que le grand soir qu'on leur prometait en corollaire au ralliement inconditionnel à Pierre Buyoya, relève désormais d'un passé (dé)composé.
En conclusion
Buyoya part comme il a gouverné: en laissant des divisions. Dès l'annonce de son décès, ce sont les informations et les réactions les plus divergentes qui se sont succédés. On aurait dit que c'était à l'image de la prétendue politique d'unité nationale dont il voulut faire son étiquette mais qu'il n'est jamais parvenu à cultiver. Même la formation politique où il a grandi ne lui survit qu'en état de lambeaux (4 à 5 ailes). Va-t-on se resouder maintenant que le plus grand commun diviseur n'est plus là? Wait and see.
Chez Burundi information, nous pensons qu'il y aura quelques changements. En effet, si tout au long des 13 ans de notre présence ininterrompue sur la toile, l'article relayant la publication de l'Institut Havila et qui parle des « origines hutu» de Pierre Buyoya est resté constamment au hit des 5 publications les plus consultées de notre siteweb, il va sans dire que l'intérêt va se déplacer vers d'autres rubriques. Pour le moment, il est cependant question pour nous d'attendre que la famille et les obligés finissent le deuil pour qu'on évalue froidement l’héritage de cet ancien officier des blindés qui surgit sur le devant de la scène politique un certain jeudi noir du 3 septembre 1987.
En attendant, la vie continue. (BINFO)
----
(1) https://burundi-information.net/quand-bbc-gahuzamiryango-transforme-la-rdc-en-tres-democratique-republique-du-congo.html
(2) https://burundi-information.net/la-chute-de-compaore-emporte-les-ambitions-de-pierre-buyoya-a-loif.html
(3) https://burundi-information.net/buyoya-serait-hutu.html
(4) https://burundi-information.net/burundi-moderes-vs-extremistes.html
(5) https://burundi-information.net/le-buyoyisme-serait-il-en-difficultes.html
(6) https://burundi-information.net/par-l-helicoptere-ou-le-camion.html