LE BURUNDI DE 2020, L'HEURE DES GRANDES CONFUSIONS (**)
Lorsqu’on lit ou qu’on écoute les communications de Burundais qui veulent nous parler de notre vie et de notre société, et qui se considèrent dans la plupart des cas comme les gens de lumières et faiseurs d’opinion, on se surprend à se demander si vraiment nous avons encore nos facultés intellectuelles en état ! Tous les fantasmes nous sont jetés à la figure pour nous demander d’adhérer, c.à.d. de fantasmer avec eux. Et effectivement nous prenons, et nous sommes pris, corps et âme ! Un homme des confessions bibliques, qui va s’appeler prêtre, pasteur, disciple, apôtre, uwerekwa et que sais-je encore, et d’autres qui se greffent à eux en auto-stop, n’hésite pas à nous promettre le paradis, la libération, le bonheur au ciel, et même sur terre si nous manifestons quelque impatience. Après on se débrouille pour survivre, ou on crève dans ses illusions inculquées.
Et puis quelqu’un surgit de quelque part pour nous apprendre que nous sommes des Hutsi, et un long débat commence, creux, confus, nous nous contredisons, nous ne nous posons même pas la question de savoir ce que Hutsi vient faire, à quoi ça va nous servir ? Nous acceptons de « philosopher », de discuter du sexe des anges pendant que notre « Constantinople » à nous est en feu ! D’autres arrivent pour nous dire qu’il n’y a pas d’ethnie au Burundi, que nous parlons la même langue et que nos habitations sont mélangées, etc. Mais alors, puisque des Tutsi sont morts en grand nombre au Burundi, au Rwanda, au Congo et en d’autres lieux encore, leur vie fauchée par des Hutus et non par des extra-terrestres, cela signifie quoi ? Encore une fois, lorsqu’on est dans un tournant aussi dangereux de l’Histoire, pour survivre, on cesse de rêver et on accepte de regarder la réalité en face. Sinon, si on s’obstine à refuser cette simple leçon de la nature, on est condamné inéluctablement à disparaître ! Le monde d’aujourd’hui ne badine pas, il est impitoyable, on y est en plein struggle for life, celui (individu ou société) qui cesse un instant de raisonner, qui se perd dans les conjectures et les abstractions stériles ou dans des prises de positions émotionnelles en aura pour son compte.
Depuis le début, des voix se sont élevées pour avertir que le CNARED ne nous mènera nulle part, avec des analyses pertinentes à l’appui (« Iyizobwagura imisega uyibona ikizezuye ») ! Non seulement nous les avons superbement ignorés en ce temps, mais en plus nous les avons maintenant oublié ! Et au lieu de chercher à les retrouver pour qu’ils nous éclairent, pour cette fois-ci faire cause commune avec eux et voir ce qui peut encore être sauvé, nous sommes déjà plongé dans des spéculations stériles sur ce que vont être les élections de 2020. Qu’est-ce que vous attendez que les élections de 2020 soient qu’elles n’ont pas été en 2010, en 2015... ? L’Accord d’Arusha et la Constitution de 2005, qui étaient déjà problématiques en beaucoup de leurs aspects, ont laissé place à une nouvelle constitution avec un code électoral, tous taillés sur mesure par Nkurunziza et le CNDD-FDD. Les opposants sont mis au pas tandis que les médias et les organisations des droits humains sont quadrillés et muselés, et vous vous interrogez encore sur ce que ces élections seront !
En ce qui me concerne, je n’en suis même pas encore à ce palier du raisonnement. Pour moi, les organisateurs sont des criminels qui ont violé les lois de la République et qui ont assassiné des milliers de gens, qui devaient être à cette heure-ci à la Haye dans les boxes de la CPI et non à la tête de l’Etat. Ils ont perdu toute légitimité , et tout acte qu’ils posent impliquant le pays doit être déclaré nul et de nul effet sur nous ! Autrement dit, continuons la lutte là où nous sommes, laissons Minani et Nyangoma et leur CNARED rentrer. Avec eux, nous n’avons jamais eu le même combat et nous n’avons jamais cessé de vous le dire !
En terminant, j’invite les jeunes Tutsi réfugiés qui seraient tentés de répondre aux sirènes du retour au pays natal, de jeter d’abord un coup d’œil sur l’article de Norbert SANGANO du 12 octobre 2018 intitulé « LES TUTSI BURUNDAIS EN EXIL, LE RETOUR AU PAYS EST UN SUICIDE », qui a circulé sur ces mêmes réseaux sociaux. Il met en garde les jeunes réfugiés de Mahama qui désirent retourner au Burundi, en ces termes : « Aussitôt la ligne de la frontière franchie, ils sont systématiquement triés par les imbonerakure, qui les attendent instruments à la main, les torturent et les tuent, non loin de la frontière d’entrée dans le pays. Les corps sont jetés dans les fosses communes apprêtées à cet effet ! Les Hutus poursuivent tranquillement leur route ... La presse d’investigation, en l’occurence Humura Burundi, a documenté et révélé ce 2 octobre 2018, l’existence de charniers à la frontière Gasenyi-Nemba séparant le Rwanda du Burundi au niveau de Kirundo-Bugesera, où sont jetés les restes des jeunes Tutsi venus volontairement du camp de Mahama. Lorsque les fosses sont remplies, en attendant d’en creuser d’autres, les imbonerakure jettent les corps dans la réserve naturelle de Murehe, à quelques mètres de là... ». Cet avertissement reste d’actualité. Celui qui ne sera pas assassiné à la frontière ira mourir à petit feu dans son village ou quartier, démuni et sans emploi, sans exclure d’autres formes de destruction comme les exécutions brutales ou les disparitions suivies de meurtres loin des caméras et des témoins !
(**) Deuxième analyse signée David NDAGANO. 14.08.2019
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(1) Ndlr: voir http://www.burundi-information.net/le-retour-au-pays-est-un-suicide.html
Et puis quelqu’un surgit de quelque part pour nous apprendre que nous sommes des Hutsi, et un long débat commence, creux, confus, nous nous contredisons, nous ne nous posons même pas la question de savoir ce que Hutsi vient faire, à quoi ça va nous servir ? Nous acceptons de « philosopher », de discuter du sexe des anges pendant que notre « Constantinople » à nous est en feu ! D’autres arrivent pour nous dire qu’il n’y a pas d’ethnie au Burundi, que nous parlons la même langue et que nos habitations sont mélangées, etc. Mais alors, puisque des Tutsi sont morts en grand nombre au Burundi, au Rwanda, au Congo et en d’autres lieux encore, leur vie fauchée par des Hutus et non par des extra-terrestres, cela signifie quoi ? Encore une fois, lorsqu’on est dans un tournant aussi dangereux de l’Histoire, pour survivre, on cesse de rêver et on accepte de regarder la réalité en face. Sinon, si on s’obstine à refuser cette simple leçon de la nature, on est condamné inéluctablement à disparaître ! Le monde d’aujourd’hui ne badine pas, il est impitoyable, on y est en plein struggle for life, celui (individu ou société) qui cesse un instant de raisonner, qui se perd dans les conjectures et les abstractions stériles ou dans des prises de positions émotionnelles en aura pour son compte.
Depuis le début, des voix se sont élevées pour avertir que le CNARED ne nous mènera nulle part, avec des analyses pertinentes à l’appui (« Iyizobwagura imisega uyibona ikizezuye ») ! Non seulement nous les avons superbement ignorés en ce temps, mais en plus nous les avons maintenant oublié ! Et au lieu de chercher à les retrouver pour qu’ils nous éclairent, pour cette fois-ci faire cause commune avec eux et voir ce qui peut encore être sauvé, nous sommes déjà plongé dans des spéculations stériles sur ce que vont être les élections de 2020. Qu’est-ce que vous attendez que les élections de 2020 soient qu’elles n’ont pas été en 2010, en 2015... ? L’Accord d’Arusha et la Constitution de 2005, qui étaient déjà problématiques en beaucoup de leurs aspects, ont laissé place à une nouvelle constitution avec un code électoral, tous taillés sur mesure par Nkurunziza et le CNDD-FDD. Les opposants sont mis au pas tandis que les médias et les organisations des droits humains sont quadrillés et muselés, et vous vous interrogez encore sur ce que ces élections seront !
En ce qui me concerne, je n’en suis même pas encore à ce palier du raisonnement. Pour moi, les organisateurs sont des criminels qui ont violé les lois de la République et qui ont assassiné des milliers de gens, qui devaient être à cette heure-ci à la Haye dans les boxes de la CPI et non à la tête de l’Etat. Ils ont perdu toute légitimité , et tout acte qu’ils posent impliquant le pays doit être déclaré nul et de nul effet sur nous ! Autrement dit, continuons la lutte là où nous sommes, laissons Minani et Nyangoma et leur CNARED rentrer. Avec eux, nous n’avons jamais eu le même combat et nous n’avons jamais cessé de vous le dire !
En terminant, j’invite les jeunes Tutsi réfugiés qui seraient tentés de répondre aux sirènes du retour au pays natal, de jeter d’abord un coup d’œil sur l’article de Norbert SANGANO du 12 octobre 2018 intitulé « LES TUTSI BURUNDAIS EN EXIL, LE RETOUR AU PAYS EST UN SUICIDE », qui a circulé sur ces mêmes réseaux sociaux. Il met en garde les jeunes réfugiés de Mahama qui désirent retourner au Burundi, en ces termes : « Aussitôt la ligne de la frontière franchie, ils sont systématiquement triés par les imbonerakure, qui les attendent instruments à la main, les torturent et les tuent, non loin de la frontière d’entrée dans le pays. Les corps sont jetés dans les fosses communes apprêtées à cet effet ! Les Hutus poursuivent tranquillement leur route ... La presse d’investigation, en l’occurence Humura Burundi, a documenté et révélé ce 2 octobre 2018, l’existence de charniers à la frontière Gasenyi-Nemba séparant le Rwanda du Burundi au niveau de Kirundo-Bugesera, où sont jetés les restes des jeunes Tutsi venus volontairement du camp de Mahama. Lorsque les fosses sont remplies, en attendant d’en creuser d’autres, les imbonerakure jettent les corps dans la réserve naturelle de Murehe, à quelques mètres de là... ». Cet avertissement reste d’actualité. Celui qui ne sera pas assassiné à la frontière ira mourir à petit feu dans son village ou quartier, démuni et sans emploi, sans exclure d’autres formes de destruction comme les exécutions brutales ou les disparitions suivies de meurtres loin des caméras et des témoins !
(**) Deuxième analyse signée David NDAGANO. 14.08.2019
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(1) Ndlr: voir http://www.burundi-information.net/le-retour-au-pays-est-un-suicide.html