LES TUTSI BURUNDAIS EN EXIL. LE RETOUR AU PAYS EST UN SUICIDE (*)
Une campagne tous azimuts pour le retour des réfugiés burundais est en cours dans les camps et dans les villes des pays limitrophes du Burundi où ils sont entassés dans la privation et le dénuement. Nkurunziza a besoin de ce retour pour non seulement conjurer les menaces venues du dehors, mais également pour mettre la main sur les derniers « récalcitrants ». Les Hutus seront « redressés » et les Tutsi torturés et tués, dans un pays fermé pour la cause et dans un silence de cimetière. Nkurunziza a besoin de présenter l’image déformée d’un pays en paix. Il a accompli son génocide et il est parvenu jusqu’ici à faire taire le fait, par divers complicités et par le chantage exercé souvent sur les Tutsi eux-mêmes. Il peut maintenant acheminer tranquillement son pays vers 2020, vers une démocratie débarrassée des ethnies. Il n’y a pas d’ethnie en effet lorsqu’il n’y en a plus qu’une, il n’y a à ce moment que le peuple burundais !
Les Tutsi qui ont pu partir gênent ainsi énormément son plan : quoi qu’il chante qu’il les a exterminés et neutralisés, il n’est pas si sûr que ceux qui ont quitté ne reviendront pas. L’Histoire a des exemples et il ne les ignore pas. L’effort pour les attraper est donc conséquent. Les imbonerakure sillonnent la contrée, infiltrent les camps, s’apitoient sur le sort des uns et partagent celui des autres s’il le faut, en se posant eux-mêmes en victimes. Une infiltration et un espionnage qui s’avèrent jusqu’ici d’une efficacité redoutable !
Aux Hutus présents là-bas ils dénoncent la trahison et leur promettent le pardon s’ils rentrent aider à construire leur patrie libérée enfin de la race des Batutsi. A ceux-là, ils présentent un message vrai, sincère et plein de sollicitude, car il correspond en effet à leur vision, celle d’un pays mono ethnique ou à gouvernance exclusive, où le Tutsi qui serait encore en vie sur le territoire ne serait qu’un paria et un citoyen sans signifiance, un sous homme dans le pays des Bahutu.
S’adressant aux Tutsi, naïfs et crédules, les imbonerakure et les agents secrets prêchent « la bonne nouvelle », un message de paix et de réconciliation, avec à l’appui des exemples de vieillards croulants et de malades épuisés arrivés sans ennui à leur destination et entourés de (ce qui reste de) leur famille. Ceux-là sont effectivement en général épargnés, non pas par vénération pour leur âge avancé ou pour leur état de santé qui suscite la compassion, mais parce que leur sort est déjà naturellement scellé, et qu’il est inutile pour les imbonerakure de « se salir les mains » ! Pas d’exemple par contre de jeune Tutsi arrivé sain et sauf et vivant paisiblement dans le pays, et la raison en est simple. Aussitôt la ligne de la frontière franchie, ils sont systématiquement triés par les imbonerakure, qui les attendent instruments à la main, les torturent et les tuent, non loin de la frontière d’entrée dans le pays. Les corps sont jetés dans les fosses communes apprêtées à cet effet ! Les Hutus poursuivent tranquillement leur route.
La presse d’investigation, en l’occurence Humura Burundi, a documenté et révélé ce 2 octobre 2018, l’existence de charniers à la frontière Gasenyi-Nemba séparant le Rwanda du Burundi au niveau de Kirundo-Bugesera, où sont jetés les restes des jeunes Tutsi venus volontairement du camp de Mahama. Lorsque les fosses sont remplies, en attendant d’en creuser d’autres, les imbonerakure jettent les corps dans la réserve naturelle de Murehe, à quelques mètres de là. Les cadavres en décomposition sont découverts par les gardiens de bétail et les ramasseurs de bois de chauffage, alertés par l’attroupement des charognards et par les odeurs insoutenables dégagées par les corps en putréfaction. Des dizaines de Tutsi auraient ainsi péri de cette manière à cet endroit, peut-être même des centaines.
Gasenyi-Nemba est malheureusement loin d’être un cas isolé. Il n’est qu’un iceberg d’un immense glacier qui couvre tous les points de passage des pays limitrophes vers le Burundi. Du côté de la Tanzanie, les imbonerakure reçoivent le coup de main des services de police et de renseignement de l’Etat, tandis qu’en RDC, l’armée et les interahamwe s’impliquent activement dans la traque, tous au nom de la solidarité raciale bantoue. Partout les Tutsi sont sélectionnés et exécutés du seul fait qu’ils sont Tutsi, sans autre forme de procès ! Et cela, et tout ce qui s’est passé de semblable au cours de ces dernières années, pour l’ONU, l’Union Européenne, l’opposition, la Société Civile burundaise et même pour les médias en exil, cela ne s’appelle pas génocide !!! Ça s’appelle « tuer les opposants » !!!! Pitoyable !
Car s’il était dit la vérité à nos enfants, s’il leur était annoncé qu’un génocide a été décidé et que la machine est en marche, ils seraient certainement moins nombreux à se jeter dans la gueule du loup, surtout s’ils étaient parvenus à s’extraire du filet tendu par le pouvoir génocidaire de Bujumbura et à traverser la frontière ! Maintenant que tous ces « haut-parleurs » puissants distillent à longueur de journées que Nkurunziza tue les opposants, que les assassinats qu’il commet ont un cachet politique et non ethnique, eux ne se considérant pas comme des opposants qu’ils ne sont pas, ne se considérant pas comme des politiciens qu’ils ne sont pas, ils rentrent le plus naturellement du monde dans une insouciance fatale... et ils meurent dans des conditions effroyables !!!
Nous n’avons pas de force pour démentir, pour dénoncer et restituer la vérité, la véracité du génocide des Tutsi. Mais avec les moyens de bord dont nous disposons, crions le plus haut que nous pouvons et demandons à tous les hommes et femmes de bonne volonté d’avertir les Tutsi partout où ils sont et dans les formes les plus efficaces possibles, de la réalité du génocide, et de les aider à sortir de l’illusion mortelle de paix et d’unité sur laquelle ils s’accrochent obstinément mais qui ne les empêchera pas d’être noyés. Il est temps qu’il soit dit clairement que tant que le régime sera celui qui est aujourd’hui au Burundi, ou un autre semblable qui n’aura fait que changer d’hommes sans changement d’idéologie, sans mise en place de mécanismes définitifs de sécurité du Mututsi dans son pays, il sera pour celui-ci suicidaire de confier sa survie au Hutu qui gouverne ou qui commande les rouages de notre Etat. La paix, la sécurité, doivent être absolument négociées. En attendant, que chacun reste là où il est parti, en développant les initiatives d’unité, d’identité et de solidarité communautaires qui sont les seuls gages de notre survie.
(*) Une analyse de Norbert SANGANO. 12.10.2018
Les Tutsi qui ont pu partir gênent ainsi énormément son plan : quoi qu’il chante qu’il les a exterminés et neutralisés, il n’est pas si sûr que ceux qui ont quitté ne reviendront pas. L’Histoire a des exemples et il ne les ignore pas. L’effort pour les attraper est donc conséquent. Les imbonerakure sillonnent la contrée, infiltrent les camps, s’apitoient sur le sort des uns et partagent celui des autres s’il le faut, en se posant eux-mêmes en victimes. Une infiltration et un espionnage qui s’avèrent jusqu’ici d’une efficacité redoutable !
Aux Hutus présents là-bas ils dénoncent la trahison et leur promettent le pardon s’ils rentrent aider à construire leur patrie libérée enfin de la race des Batutsi. A ceux-là, ils présentent un message vrai, sincère et plein de sollicitude, car il correspond en effet à leur vision, celle d’un pays mono ethnique ou à gouvernance exclusive, où le Tutsi qui serait encore en vie sur le territoire ne serait qu’un paria et un citoyen sans signifiance, un sous homme dans le pays des Bahutu.
S’adressant aux Tutsi, naïfs et crédules, les imbonerakure et les agents secrets prêchent « la bonne nouvelle », un message de paix et de réconciliation, avec à l’appui des exemples de vieillards croulants et de malades épuisés arrivés sans ennui à leur destination et entourés de (ce qui reste de) leur famille. Ceux-là sont effectivement en général épargnés, non pas par vénération pour leur âge avancé ou pour leur état de santé qui suscite la compassion, mais parce que leur sort est déjà naturellement scellé, et qu’il est inutile pour les imbonerakure de « se salir les mains » ! Pas d’exemple par contre de jeune Tutsi arrivé sain et sauf et vivant paisiblement dans le pays, et la raison en est simple. Aussitôt la ligne de la frontière franchie, ils sont systématiquement triés par les imbonerakure, qui les attendent instruments à la main, les torturent et les tuent, non loin de la frontière d’entrée dans le pays. Les corps sont jetés dans les fosses communes apprêtées à cet effet ! Les Hutus poursuivent tranquillement leur route.
La presse d’investigation, en l’occurence Humura Burundi, a documenté et révélé ce 2 octobre 2018, l’existence de charniers à la frontière Gasenyi-Nemba séparant le Rwanda du Burundi au niveau de Kirundo-Bugesera, où sont jetés les restes des jeunes Tutsi venus volontairement du camp de Mahama. Lorsque les fosses sont remplies, en attendant d’en creuser d’autres, les imbonerakure jettent les corps dans la réserve naturelle de Murehe, à quelques mètres de là. Les cadavres en décomposition sont découverts par les gardiens de bétail et les ramasseurs de bois de chauffage, alertés par l’attroupement des charognards et par les odeurs insoutenables dégagées par les corps en putréfaction. Des dizaines de Tutsi auraient ainsi péri de cette manière à cet endroit, peut-être même des centaines.
Gasenyi-Nemba est malheureusement loin d’être un cas isolé. Il n’est qu’un iceberg d’un immense glacier qui couvre tous les points de passage des pays limitrophes vers le Burundi. Du côté de la Tanzanie, les imbonerakure reçoivent le coup de main des services de police et de renseignement de l’Etat, tandis qu’en RDC, l’armée et les interahamwe s’impliquent activement dans la traque, tous au nom de la solidarité raciale bantoue. Partout les Tutsi sont sélectionnés et exécutés du seul fait qu’ils sont Tutsi, sans autre forme de procès ! Et cela, et tout ce qui s’est passé de semblable au cours de ces dernières années, pour l’ONU, l’Union Européenne, l’opposition, la Société Civile burundaise et même pour les médias en exil, cela ne s’appelle pas génocide !!! Ça s’appelle « tuer les opposants » !!!! Pitoyable !
Car s’il était dit la vérité à nos enfants, s’il leur était annoncé qu’un génocide a été décidé et que la machine est en marche, ils seraient certainement moins nombreux à se jeter dans la gueule du loup, surtout s’ils étaient parvenus à s’extraire du filet tendu par le pouvoir génocidaire de Bujumbura et à traverser la frontière ! Maintenant que tous ces « haut-parleurs » puissants distillent à longueur de journées que Nkurunziza tue les opposants, que les assassinats qu’il commet ont un cachet politique et non ethnique, eux ne se considérant pas comme des opposants qu’ils ne sont pas, ne se considérant pas comme des politiciens qu’ils ne sont pas, ils rentrent le plus naturellement du monde dans une insouciance fatale... et ils meurent dans des conditions effroyables !!!
Nous n’avons pas de force pour démentir, pour dénoncer et restituer la vérité, la véracité du génocide des Tutsi. Mais avec les moyens de bord dont nous disposons, crions le plus haut que nous pouvons et demandons à tous les hommes et femmes de bonne volonté d’avertir les Tutsi partout où ils sont et dans les formes les plus efficaces possibles, de la réalité du génocide, et de les aider à sortir de l’illusion mortelle de paix et d’unité sur laquelle ils s’accrochent obstinément mais qui ne les empêchera pas d’être noyés. Il est temps qu’il soit dit clairement que tant que le régime sera celui qui est aujourd’hui au Burundi, ou un autre semblable qui n’aura fait que changer d’hommes sans changement d’idéologie, sans mise en place de mécanismes définitifs de sécurité du Mututsi dans son pays, il sera pour celui-ci suicidaire de confier sa survie au Hutu qui gouverne ou qui commande les rouages de notre Etat. La paix, la sécurité, doivent être absolument négociées. En attendant, que chacun reste là où il est parti, en développant les initiatives d’unité, d’identité et de solidarité communautaires qui sont les seuls gages de notre survie.
(*) Une analyse de Norbert SANGANO. 12.10.2018