LE REVE DE SAMANDARI
Burundi Information (le 28 juin 2008). Ce dimanche Samandari a adressé une lettre à Inarunyonga pour lui parler d’un rêve étrange qu’il a eu au sujet du Burundi. Dans sa tentative d’interprétation, Inarunyonga a failli égaler Sigmund Freud, tellement elle veut préserver cette confiance que Samandari lui a témoignée. En voici l'intégralité ci-dessous.
Lettre de Samandari Inarunyonga
Ma chère Inarunyonga
Quelles nouvelles sont les nouvelles de Ngozi? De mon côté, il n’y a rien de spécial, si ce n’est peut-être que je commence à sentir le poids de l’âge. J’ai de moins en moins de sommeil, surtout depuis les dernières lettres que nous avons échangées sur les malheurs de notre pays. Cependant, la nuit dernière a été une exception. Je suis allé au lit très tôt et je me suis directement endormi. Et devine ce que j’ai vu dans mes rêves : un nouveau Ministre de la Défense du Burundi en la personne de Rwasa Agathon. La nomination procédait de l’application d’un nième accord entre le PALIPEHUTU et le CNDD-FDD, mais elle a été contestée par certains des 3 G (les généraux génériques génocidaires du CNDD-FDD), qui ont proposé et obtenu finalement du médiateur que Rwasa soit l’adjoint du Chef d’Etat-Major (EMG) de l’armée. Une fois l’accord conclu, j’ai vu Rwasa défiler dans les rues de Pretoria d’abord, puis de Bujumbura, entouré de gardes armés de machettes, de petites houes et de tibias des victimes des massacres du PALIPEHUTU.
Quand je me suis finalement réveillé, j’étais tout en sueur. Je ne suis pas superstitieux, mais j’ai peur que ce rêve n’augure un malheur.
Qu’en penses-tu? Ai-je la malaria? Je suis impatient d’entendre ton avis.
Gira umugisha!
Samandari
Réponse d'Inarunyonga
Oh mon cher Samandari!
Amasho ga nyagusubiza umwami i Muramvya!
Tu n’as rêvé que de réalité. Je me demande d’ailleurs si tu étais vraiment endormi. Tu devais être encore éveillé et plongé dans tes réflexions. Mais peu importe ton état à ce moment, personne ne devrait se moquer de toi. Car entre celui qui, comme toi, pense à la situation cauchemardesque de notre pays au point d’en rêver, et celui à qui une telle situation n’empêche pas dormir ou de rêver, on peut se demander qui est plus rêveur que l’autre.
Il est vrai que sous d’autres cieux, la nomination d’un criminel contre l’humanité au poste de Ministre serait impensable. Mais vue la réalité politique de notre pays, tu conviens avec moi que la nomination dont tu as rêvée est plus proche de la réalité que du rêve et de ce fait, n’aurait rien d’extraordinaire dans la logique illogique qui régit le Burundi post-Arusha. Si notre pays est dirigé par un criminel qui a massacré des femmes et des enfants, si les institutions de la république sont dominées de la base au sommet par des organisations terroristes et génocidaires comme le CNDD-FDD-FRODEBU- PALIPEHUTU qui ont signé un accord avec les ex-FAR et les Interahamwe pour parachever le génocide d’abord au Burundi puis au Rwanda, et ce au nom de la « Libération totale de la Nation Bahutu », qu’y aurait-il d’extraordinaire si le Ministère de la défense est confié à un génocidaire comme Rwasa? Si le commandant en chef de l’armée est le génocidaire Nkurunziza Peter qui est aussi impuni et impénitent que Rwasa, si le poste de Chef EMG-adjoint est déjà occupée par un autre général générique génocidaire, Godefroid Munyembare, ne vit-on pas déjà ce rêve? Et même s’il ne l’était pas encore, ce rêve a toutes les chances de se concrétiser. Car aussi longtemps que la tragi-comédie des négociations entre factions génocidaires prendra place avec l’encouragement de l’ONU, l’intégration progressive des génocidaires dans les institutions, y compris celle de Rwasa au Ministère de la Défense, se poursuivra puisqu’elle constitue une de ces étapes « significativement importantes » dans ce que la terminologie officielle et négationniste appelle abusivement « processus de paix » alors qu’il s’agit de l’institutionnalisation du génocide et du racisme ethnique.
En terminant, cher Samandari, sache que je suis bien contente de mettre mes compétences à ton service. Tu peux toujours compter sur moi pour des questions du genre. Tu sais toi-même que suis rodée en matière d’interprétation des rêves. S’il était vivant, même Freud serait jaloux de l’exactitude de mes interprétations. Dommage que je n’ai pas encore mis sur papier toute ma pensée. Souviens- toi, il m’arrive rarement de me tromper dans mes analyses. La seule fois où je me suis sérieusement égarée est lorsque nous tentions d’expliquer les origines des groupes ethniques du Burundi, une erreur d’ailleurs que certains évoquent toujours pour justifier le mépris qu’ils affichent envers leurs compatriotes de l’ethnie opposée.
Inarunyonga
Lettre de Samandari Inarunyonga
Ma chère Inarunyonga
Quelles nouvelles sont les nouvelles de Ngozi? De mon côté, il n’y a rien de spécial, si ce n’est peut-être que je commence à sentir le poids de l’âge. J’ai de moins en moins de sommeil, surtout depuis les dernières lettres que nous avons échangées sur les malheurs de notre pays. Cependant, la nuit dernière a été une exception. Je suis allé au lit très tôt et je me suis directement endormi. Et devine ce que j’ai vu dans mes rêves : un nouveau Ministre de la Défense du Burundi en la personne de Rwasa Agathon. La nomination procédait de l’application d’un nième accord entre le PALIPEHUTU et le CNDD-FDD, mais elle a été contestée par certains des 3 G (les généraux génériques génocidaires du CNDD-FDD), qui ont proposé et obtenu finalement du médiateur que Rwasa soit l’adjoint du Chef d’Etat-Major (EMG) de l’armée. Une fois l’accord conclu, j’ai vu Rwasa défiler dans les rues de Pretoria d’abord, puis de Bujumbura, entouré de gardes armés de machettes, de petites houes et de tibias des victimes des massacres du PALIPEHUTU.
Quand je me suis finalement réveillé, j’étais tout en sueur. Je ne suis pas superstitieux, mais j’ai peur que ce rêve n’augure un malheur.
Qu’en penses-tu? Ai-je la malaria? Je suis impatient d’entendre ton avis.
Gira umugisha!
Samandari
Réponse d'Inarunyonga
Oh mon cher Samandari!
Amasho ga nyagusubiza umwami i Muramvya!
Tu n’as rêvé que de réalité. Je me demande d’ailleurs si tu étais vraiment endormi. Tu devais être encore éveillé et plongé dans tes réflexions. Mais peu importe ton état à ce moment, personne ne devrait se moquer de toi. Car entre celui qui, comme toi, pense à la situation cauchemardesque de notre pays au point d’en rêver, et celui à qui une telle situation n’empêche pas dormir ou de rêver, on peut se demander qui est plus rêveur que l’autre.
Il est vrai que sous d’autres cieux, la nomination d’un criminel contre l’humanité au poste de Ministre serait impensable. Mais vue la réalité politique de notre pays, tu conviens avec moi que la nomination dont tu as rêvée est plus proche de la réalité que du rêve et de ce fait, n’aurait rien d’extraordinaire dans la logique illogique qui régit le Burundi post-Arusha. Si notre pays est dirigé par un criminel qui a massacré des femmes et des enfants, si les institutions de la république sont dominées de la base au sommet par des organisations terroristes et génocidaires comme le CNDD-FDD-FRODEBU- PALIPEHUTU qui ont signé un accord avec les ex-FAR et les Interahamwe pour parachever le génocide d’abord au Burundi puis au Rwanda, et ce au nom de la « Libération totale de la Nation Bahutu », qu’y aurait-il d’extraordinaire si le Ministère de la défense est confié à un génocidaire comme Rwasa? Si le commandant en chef de l’armée est le génocidaire Nkurunziza Peter qui est aussi impuni et impénitent que Rwasa, si le poste de Chef EMG-adjoint est déjà occupée par un autre général générique génocidaire, Godefroid Munyembare, ne vit-on pas déjà ce rêve? Et même s’il ne l’était pas encore, ce rêve a toutes les chances de se concrétiser. Car aussi longtemps que la tragi-comédie des négociations entre factions génocidaires prendra place avec l’encouragement de l’ONU, l’intégration progressive des génocidaires dans les institutions, y compris celle de Rwasa au Ministère de la Défense, se poursuivra puisqu’elle constitue une de ces étapes « significativement importantes » dans ce que la terminologie officielle et négationniste appelle abusivement « processus de paix » alors qu’il s’agit de l’institutionnalisation du génocide et du racisme ethnique.
En terminant, cher Samandari, sache que je suis bien contente de mettre mes compétences à ton service. Tu peux toujours compter sur moi pour des questions du genre. Tu sais toi-même que suis rodée en matière d’interprétation des rêves. S’il était vivant, même Freud serait jaloux de l’exactitude de mes interprétations. Dommage que je n’ai pas encore mis sur papier toute ma pensée. Souviens- toi, il m’arrive rarement de me tromper dans mes analyses. La seule fois où je me suis sérieusement égarée est lorsque nous tentions d’expliquer les origines des groupes ethniques du Burundi, une erreur d’ailleurs que certains évoquent toujours pour justifier le mépris qu’ils affichent envers leurs compatriotes de l’ethnie opposée.
Inarunyonga