NOUVEAUX COMMISSAIRES DE LA CVR: QUAND LE FAUX IMPLIQUE LE FAUX
Burundi Information (le 21 décembre 2017). Quand le pouvoir a nommé les premiers membres de la CVR, nous avons prévenu notre lectorat des handicaps congénitaux de cette institution. Il été montré notamment que mise en place par un Parlement dominé par une organisation terroriste et génocidaire, la CVR aboutirait immanquablement au blanchiment des auteurs d’atrocités qui sont actuellement au pouvoir d’une part, et à l’accusation des ennemis politiques de ces derniers, d’autre part (1). Nous avions aussi souligné la part des penchants politiques des membres, ainsi que leurs relations avec le reste de la nomenklatura, sans beaucoup insister sur leur identité sociale. C’est sur ce dernier élément que nous nous attardons aujourd’hui.
Nous commençons par un retour sur le profil du Président de la CVR, un profil qui est tout sauf neutre. Un commissaire qui va enquêter "en toute neutralité" sur, entre autres choses, les conditions de disparition de son père dont les auteurs restent à identifier ! Cela a un nom en droit : il y a conflit d’intérêts. Nous tenons à clarifier que son appartenance au groupe social hutu est sans importance. Il y a d’autres hutu aussi instruits que Monseigneur Louis Nahimana, qui n’ont pas perdu un parent direct des suites des crimes commis lors de la période enquêtée par la commission présidée par ce prélat.
En analysant le profil des autres Commissaires ajoutees à l’équipe avant-hier, on comprend pourquoi on ne peut rien attendre de fiable de cette CVR. Par ordre de gravité décroissante, nous vous présentons les tares caractérisant ces nominations :
- Abbé Niyonkuru Pascal : alors qu’il est encore Curé de la Paroisse Rushubi en 2013, il a tué à coups de baton un jeune homme répondant au nom de Claver Nduwimana. Déféré devant le Tribunal de Grande Instance de Bujumbura Rural, il a plaidé coupable et a été condamné à 20ans de prison. Mais en octobre 2015, il sera nommé par décret membre de la CNDI ou Commission Nationale du Dialogue interne mise sur pied par le pouvoir pour doubler de vitesse les opposants exilés qui réclamaient des pourparlers directs.
- Le Révérend Pasteur Clément Ninziza : il a bâti sa carrière en accompagnant Pierre nkurunziza dans ses campagnes anti-constitutionnelles organisées à chaque fin d’année sous le nom de « croisades évangéliques» ; dans un pays qui se veut laïque, c’est une violation de la Constitution que d’immobiliser pendant tout une semaine tous les hauts cadres de l’Etat dans une prière, fut-elle dirigée par le Président de la Republique lui-même
- Léonce Ngabo : désigné pour représenter les Tutsi, plusieurs sources indiquent cependant que seule sa mère était tutsie, ce qui, dans une société comme la burundaise où la filiation est patrilinéaire, est loin d’établir son appartenance au groupe social en question.
Cependant, sans vouloir avaliser les éventuelles supercheries ou falsifications qui pourraient entourer l’élection de ces trois nouveaux commissaires de la CVR, nous rappelons que depuis l’avènement du pouvoir des terroristes génocidaires du CNDD-FDD, le pays vit au rythme de faussariats plus graves les uns que les autres et dont nous vous présentons un petit échantillon pour vous rafraîchir la mémoire ...
Depuis le 26 août 2005, c'est un criminel, condamné à la plus haute peine prévue dans la loi burundaise, qui occupe le fauteuil présidentiel (Pierre Nkurunziza).
De 2010 à 2016, l'individu qui officiait en tant qu’Ombudsman National, a usé de faux diplômes; Mohamed Rukara prétend détenir un « Doctorat en Communication » obtenu selon lui à l’Université pour la Paix de San José (Costa Rica), ce qui est complètement faux – ce ne sont pas les figures de la Société Civile qui ont fréquenté cette université, ou les autorités de ladite instition, qui nous contrediront.
De 2009 à 2015, la personne qui représentait le Burundi auprès de l’EAC en tant que Secretaire Permanent Adjoint Chargé des Secteurs Productifs et Sociaux, Jean-Claude Nsengiyumva, n’est pas allé au delà de la 10e année, mais il s’est présenté comme Maitre en Économie, diplomé de l’Université York (Toronto, Canada), alors qu’il n’y a jamais mis les pieds ni suivi un quelconque cours à distance dans le cadre de cette institution; même la Licence en Sciences Sociales qu’il pretend détenir de l’Université Nationale du Rwanda, s’est avérée, elle aussi, tout aussi fausse. (2)
Etc. « Noharura noruha », dirait Nkeshimana Rupande. A lui seul, cet échantillon suffirait pour réveiller ceux qui hésiteraient encore à s’engager pour que le pays retrouve la voie du droit.
Face à cette situation, peut-on s’attendre à des résultats crédibles de la CVR ? Les logiciens vous diraient tout simplement que « le faux implique le faux » ; et pour nous autres béotiens, nos attentes se résument en cet adage multiséculaire : iyizobwagura imisega uyibona ikizezuye.(BINFO)
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(1) http://burundi-information.net/garde-fou-a-la-cvr.html
(2) http://burundi-information.net/faux-et-usage-de-faux-par-jean-claude-nsengiyumva-secretaire-general-adjoint-de-leac.html
Accompagner Pierre Nkurunziza dans ses "croisades" de prière rapporte: Clément Ninziza (qu'on voit sur cette
photo prise à Bukirasazi en septembre 2012) en a été récompensé d'un poste de Commissaire à la CVR.