QUAND LA BBC GAHUZAMIRYANGO TRANSFORME LA RDC EN "TRES DEMOCRATIQUE REPUBLIQUE DU CONGO"
Burundi Information (le 06 avril 2020). Les auditeurs réguliers des bulletins d’information de la Section Kirundi-Kinyarwanda de la BBC auront détecté un changement dans la référence à la République Démocratique du Congo. Normalement appelée Repuburika Iharanira Demokarasi ya Kongo, l’entité politique et géographique en question est devenue progressivement Repuburika ya Demokarasi ya Kongo[1] pour les présentateurs de ce médium. Pour les moins exigeants en matière de nomenclature, il aurait été facile de ne percevoir aucune différence entre les deux. Chez Burundi Information, la première fois que cela a été entendu, on n’y a attaché aucune importance. On n’y voyait rien de problématique, pensant à un lapsus de la part des journalistes. Mais quand la nouvelle appellation devint généralisée, on a dû se demander le pourquoi d’une telle mesure (au cas où c’en serait une), qui l'avait prise et, éventuellement, s’il serait recommandable que les auditeurs s’y conforment à leur tour, etc.
"La RDC est déjà démocratique"?
Pour certains auditeurs de la Section Kirundi-Kinyarwanda de la BBC dont l’aura qui entoure ses émissions est connue de tous, la terminologie en usage chez ce medium devient la référence, le modèle à reproduire[2] La référence anciennement prise en charge par la forme verbale iharanira est remplacée dans la foulée par la préposition ya “de”. La nouvelle construction ainsi obtenue traduit une autre réalité. Par Repuburika ya Demokarasi ya kongo, il s’entend que le Congo a déjà acquis la fameuse démocratie pour laquelle elle était en train de se battre [tel que suggéré par iharanira desormais abandonné]. Plus question donc de cheminer vers la démocratie, on y est déjà! Mais au vu des déboires encourus par cette démocratie que l’on chante, il ne serait pas tout à fait déplacé de traduire l’ancienne dénomination comme “soi-disant démocratique.” Mais rester marqué par cette formule équivaut en soi au même immobilisme, à la critique partisane que nous condamnons. Un Mamane de la RFI dirait quant à lui que tout d’un coup, on est passé de la République Démocratique du Congo à "la Très Démocratique République du Congo".
Cette soudaine déférence envers la « démocratie » congolaise...
On n’a pas besoin d’être spécialiste du langage pour comprendre que les choix lexicaux façonnent des interprétations des faits et gestes. Au vu de ce changement de taille dans les composantes de l’appellation qu’utilise la BBC pour désigner la RDC, on ne pouvait pas ne pas s’interroger sur l’instance ayant sanctionné ce changement. Sachant que la BBC est un médium public, on peut déduire aisément qu’elle ne peut pas se permettre de faire la promotion de régimes ou d’organisations reconnus pour leur violation des droits humains. Et il faut reconnaître que Burundi Informaiton était bien positionné pour avoir suivi avec un intérêt particulier l’actualité congolaise qui, tout au long de l’année 2018, jusqu’à l’investiture d’Félix Tshisekedi, ne manquait pas de quoi accrocher les analystes ayant un intérêt pour ce pays. Ne serait-ce par exemple que pour les deux travailleurs d’ONGs disparus au Kasaï ou pour les multiples refugiés étrangers et même les citoyens congolais qui disparaissent sans que leurs dispatitions ne soient nécessairement sanctionnées par des enquêtes dignes de ce nom, on est à mesure de se faire une idée précise de combien ce géant africain s’y prend très mal quand il est question de protéger les droits humains, en commençant par le plus fondamental d’entre eux, à savoir, le droit à la vie.
On s’est questionné ensuite sur les potentielles causes exogènes de ce changement de désignation. Il a fallu considérer les possibles enjeux que cacherait telle ou telle autre représentation des réalités sur terrain et dans la perception qu’en font les acteurs tant internes qu’externes. Autant reconnaître directement qu’on était intéressé particulièrement par les Burundais surtout. Ce qui a entraîné une revisitation des relations entre les régimes en place dans les deux pays à laquelle on ajouté celle des organisations qui leur servent de support.
Revue historique
Côté historique, il est essentiel de remarquer que durant ses premières années d’existence, le CNDD/FDD avait des bases au Zaïre (redevenu RDC en mai 1997), qu’il a combattu côte à côte avec l’armée congolaise pour defender le régime Kabila, lequel avait offert en contrepartie des concessions sur une zone aurifère au Katanga. L’historiographie retient aussi que c’est à cause de cette manne aurifère que celui qui fut pendant un certain temps commandant suprême des CNDD(FDD), le lieutenant déserteur Jean-Bosco Ndayikengurukiye (qui s’autoproclamera colonel d’abord, puis général à l’approche de la démobilisation) tomba en disgrâce, accuse par ses propres miliciens de s’occuper plus du trafic de l’or que de la guérilla terroriste et génocidaire qu’ils menaient contre les Tutsi du Burundi.
L’opinion avertie est loin d’oublier non plus la péroraison de l’idéologue du régime pro génocidaire de Joseph Kabila lors de l’investiture du non moins terroriste génocidaire Pierre Nkurunziza qu’ils avaient aidé quelques années auparavant.[3]
C’est également en fonction de cette alliance entre l’internationale génocidaire opérant dans la région des Grands Lacs Est Africains que l’ex-Administrateur Directeur général de la Sûreté burundaise, le SNR de sinistre renom, Adolf Nshimirimana, avait commandé armes et munitions en Malaisie en 2009, prétendument pour équiper la police burundaise. Enfin, on ne gâche rien en y ajoutant que dans un passé relativement récent la RDC avait mis à la disposition du régime des criminels du CNDD-FDD sa base secrète de Kiliba Ondes pour que ce dernier y entraîne ses miliciens Imbonerakure
A qui profite la nouvelle appellation?
A défaut d’identifier l’initiateur du mouvement, il nous a été possible de voir qui en bénéficient. Et ce ne sont pas que les dirigeants congolais. Un proverbe arabe du 19e siècle disait que « Quand les flutes jouent à Zanzibar, toute l’Afrique centrale danse, de la côte jusqu’au Congo ». Mutatis mutandis, on peut dire que quand les griots du régime de Kinshasa (ou de Bujumbura) chantent de n’importe où, c’est tous les alliés qui dansent de Gombe à Kiriri. Considérant qu’il se trouve des griots ou des partisans très bien embusqués au siège de la BBC, le changement de registre en faveur de ce régime ne devient que jeu d’enfant. Autrement dit, quand ces partisans du CNDD-FDD, ou plutôt certains d’entre eux, enjoignent ou suggèrent ce changement avec succès à leurs collègues en usant de leur influence résultant par exemple des fonctions, de l’âge ou de l’ancienneté;
c’est sûr que le pouvoir d’un Joseph Kabila dont le palmarès en matière de violation des droits humains n’envie en rien celui d’Al Béchir du Soudan, en tire profit; c’est sûr que l’occupant du palais de Marbre au Mont Ngaliema de Kinshasa va s’en plaire;
c’est tout aussi sûr que cela fera des heureux parmi ses alliés à Bujumbura dont les violations en matière de violation des droits humains sont bien établies à l’instar de son homologue de Khartoum avec qui il entretient des relations plus que cordiales, au point que c’est chez lui qu’il envoie en formation les tortionnaires du SNR, cette police secrète qui ne répond que devant lui;
C’est plus que probable que cette affinité insoupçonnée, constitue un autre point d’ancrage entre le régime des terroristes génocidaires du CNDD-FDD en poste à Bujumbura et leurs alliés d’hier dont ils s’apprêtent à copier le modèle d’élections générales sans observateurs neutres.(BINFO)
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[1] On a besoin de s’arrêter un tout petit peu sur cette traduction incomplète. Elle laisse de côté intwaro rusangi un terme qui fait partie du lexique rundi depuis 1983 [voir Lexiques thématiques de l'Afrique centrale (LETAC). Burundi, Kirundi. Paris: Agence de coopération culturelle et technique]. Le lecteur jugera si cette préférence découle de la paresse intellectuelle, de la négligence ou d'un choix délibéré pour faire croire au passage réussi à la démocratie qui, pourtant, a encore du mal à s’enraciner.
On notera par la même occasion que demokarasi est un mot code en usage chez les organisations génocidaires burundaises pour désigner un Burundi sans les Tutsi.
[2] Qu’il suffise de revoir les urukiko, guhohoterwa, inzirakarengane, gukemura et bien d'autres mots rwandais qui ont été adoptés par les kirundiphone depuis 1994, année du lancement de la Section Kirundi-Kinyarwanda de la BBC
[3] Abdoulaye Yerodia Ndombassi
"La RDC est déjà démocratique"?
Pour certains auditeurs de la Section Kirundi-Kinyarwanda de la BBC dont l’aura qui entoure ses émissions est connue de tous, la terminologie en usage chez ce medium devient la référence, le modèle à reproduire[2] La référence anciennement prise en charge par la forme verbale iharanira est remplacée dans la foulée par la préposition ya “de”. La nouvelle construction ainsi obtenue traduit une autre réalité. Par Repuburika ya Demokarasi ya kongo, il s’entend que le Congo a déjà acquis la fameuse démocratie pour laquelle elle était en train de se battre [tel que suggéré par iharanira desormais abandonné]. Plus question donc de cheminer vers la démocratie, on y est déjà! Mais au vu des déboires encourus par cette démocratie que l’on chante, il ne serait pas tout à fait déplacé de traduire l’ancienne dénomination comme “soi-disant démocratique.” Mais rester marqué par cette formule équivaut en soi au même immobilisme, à la critique partisane que nous condamnons. Un Mamane de la RFI dirait quant à lui que tout d’un coup, on est passé de la République Démocratique du Congo à "la Très Démocratique République du Congo".
Cette soudaine déférence envers la « démocratie » congolaise...
On n’a pas besoin d’être spécialiste du langage pour comprendre que les choix lexicaux façonnent des interprétations des faits et gestes. Au vu de ce changement de taille dans les composantes de l’appellation qu’utilise la BBC pour désigner la RDC, on ne pouvait pas ne pas s’interroger sur l’instance ayant sanctionné ce changement. Sachant que la BBC est un médium public, on peut déduire aisément qu’elle ne peut pas se permettre de faire la promotion de régimes ou d’organisations reconnus pour leur violation des droits humains. Et il faut reconnaître que Burundi Informaiton était bien positionné pour avoir suivi avec un intérêt particulier l’actualité congolaise qui, tout au long de l’année 2018, jusqu’à l’investiture d’Félix Tshisekedi, ne manquait pas de quoi accrocher les analystes ayant un intérêt pour ce pays. Ne serait-ce par exemple que pour les deux travailleurs d’ONGs disparus au Kasaï ou pour les multiples refugiés étrangers et même les citoyens congolais qui disparaissent sans que leurs dispatitions ne soient nécessairement sanctionnées par des enquêtes dignes de ce nom, on est à mesure de se faire une idée précise de combien ce géant africain s’y prend très mal quand il est question de protéger les droits humains, en commençant par le plus fondamental d’entre eux, à savoir, le droit à la vie.
On s’est questionné ensuite sur les potentielles causes exogènes de ce changement de désignation. Il a fallu considérer les possibles enjeux que cacherait telle ou telle autre représentation des réalités sur terrain et dans la perception qu’en font les acteurs tant internes qu’externes. Autant reconnaître directement qu’on était intéressé particulièrement par les Burundais surtout. Ce qui a entraîné une revisitation des relations entre les régimes en place dans les deux pays à laquelle on ajouté celle des organisations qui leur servent de support.
Revue historique
Côté historique, il est essentiel de remarquer que durant ses premières années d’existence, le CNDD/FDD avait des bases au Zaïre (redevenu RDC en mai 1997), qu’il a combattu côte à côte avec l’armée congolaise pour defender le régime Kabila, lequel avait offert en contrepartie des concessions sur une zone aurifère au Katanga. L’historiographie retient aussi que c’est à cause de cette manne aurifère que celui qui fut pendant un certain temps commandant suprême des CNDD(FDD), le lieutenant déserteur Jean-Bosco Ndayikengurukiye (qui s’autoproclamera colonel d’abord, puis général à l’approche de la démobilisation) tomba en disgrâce, accuse par ses propres miliciens de s’occuper plus du trafic de l’or que de la guérilla terroriste et génocidaire qu’ils menaient contre les Tutsi du Burundi.
L’opinion avertie est loin d’oublier non plus la péroraison de l’idéologue du régime pro génocidaire de Joseph Kabila lors de l’investiture du non moins terroriste génocidaire Pierre Nkurunziza qu’ils avaient aidé quelques années auparavant.[3]
C’est également en fonction de cette alliance entre l’internationale génocidaire opérant dans la région des Grands Lacs Est Africains que l’ex-Administrateur Directeur général de la Sûreté burundaise, le SNR de sinistre renom, Adolf Nshimirimana, avait commandé armes et munitions en Malaisie en 2009, prétendument pour équiper la police burundaise. Enfin, on ne gâche rien en y ajoutant que dans un passé relativement récent la RDC avait mis à la disposition du régime des criminels du CNDD-FDD sa base secrète de Kiliba Ondes pour que ce dernier y entraîne ses miliciens Imbonerakure
A qui profite la nouvelle appellation?
A défaut d’identifier l’initiateur du mouvement, il nous a été possible de voir qui en bénéficient. Et ce ne sont pas que les dirigeants congolais. Un proverbe arabe du 19e siècle disait que « Quand les flutes jouent à Zanzibar, toute l’Afrique centrale danse, de la côte jusqu’au Congo ». Mutatis mutandis, on peut dire que quand les griots du régime de Kinshasa (ou de Bujumbura) chantent de n’importe où, c’est tous les alliés qui dansent de Gombe à Kiriri. Considérant qu’il se trouve des griots ou des partisans très bien embusqués au siège de la BBC, le changement de registre en faveur de ce régime ne devient que jeu d’enfant. Autrement dit, quand ces partisans du CNDD-FDD, ou plutôt certains d’entre eux, enjoignent ou suggèrent ce changement avec succès à leurs collègues en usant de leur influence résultant par exemple des fonctions, de l’âge ou de l’ancienneté;
c’est sûr que le pouvoir d’un Joseph Kabila dont le palmarès en matière de violation des droits humains n’envie en rien celui d’Al Béchir du Soudan, en tire profit; c’est sûr que l’occupant du palais de Marbre au Mont Ngaliema de Kinshasa va s’en plaire;
c’est tout aussi sûr que cela fera des heureux parmi ses alliés à Bujumbura dont les violations en matière de violation des droits humains sont bien établies à l’instar de son homologue de Khartoum avec qui il entretient des relations plus que cordiales, au point que c’est chez lui qu’il envoie en formation les tortionnaires du SNR, cette police secrète qui ne répond que devant lui;
C’est plus que probable que cette affinité insoupçonnée, constitue un autre point d’ancrage entre le régime des terroristes génocidaires du CNDD-FDD en poste à Bujumbura et leurs alliés d’hier dont ils s’apprêtent à copier le modèle d’élections générales sans observateurs neutres.(BINFO)
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[1] On a besoin de s’arrêter un tout petit peu sur cette traduction incomplète. Elle laisse de côté intwaro rusangi un terme qui fait partie du lexique rundi depuis 1983 [voir Lexiques thématiques de l'Afrique centrale (LETAC). Burundi, Kirundi. Paris: Agence de coopération culturelle et technique]. Le lecteur jugera si cette préférence découle de la paresse intellectuelle, de la négligence ou d'un choix délibéré pour faire croire au passage réussi à la démocratie qui, pourtant, a encore du mal à s’enraciner.
On notera par la même occasion que demokarasi est un mot code en usage chez les organisations génocidaires burundaises pour désigner un Burundi sans les Tutsi.
[2] Qu’il suffise de revoir les urukiko, guhohoterwa, inzirakarengane, gukemura et bien d'autres mots rwandais qui ont été adoptés par les kirundiphone depuis 1994, année du lancement de la Section Kirundi-Kinyarwanda de la BBC
[3] Abdoulaye Yerodia Ndombassi