REBELLION ET DEMOCRATIE*
Dans l’après-midi du lundi 27/07/2003, les premiers éléments des FDD(Forces pour la Défense de la Démocratie), branche armée du CNDD (Conseil Nationale pour la Défense de la Démocratie), ont débarqué sur l’aéroport International de Bujumbura. Ils sont venus pour tâter le pool de la sécurité de leurs éléments qui viendront dans la commission de cessez-le-feu dans les jours à venir. Est-ce le début de la fin de cette sale guerre qui n’a que trop durée ? Espérons le pour le bonheur du peuple burundais qui a tant et trop souffert pour rien. Le simple citoyen peut maintenant se poser la simple question de savoir pourquoi tout ce temps perdu depuis que le régime Buyoya II a amorcé le premier dialogue à San Egidio en 1996. Fallait-il tant de carnage pour n’arriver qu’à cela ? Le parti FRODEBU, en créant le CNDD à la tête duquel il plaça le super ministre Léonard NYANGOMA, avait l’objectif de créer un contre pouvoir face à l’armée nationale qu’on qualifiait de « monoéthnique et de rebelle à la démocratie » Officiellement, le but ultime était donc de restaurer une certaine démocratie au Burundi. Et pourtant, on se souvient qu’en octobre 1993, après l’assassinat du Président NDADAYE par certains éléments de l’armée, le FRODEBU, sous prétexte de défendre les acquis de la démocratie, avait organisé l’extermination systématique des batutsi du Burundi. Les Bahutu qui ne les suivaient pas risquaient de subir le sort des premiers, à l’instar de l’ancien Directeur du lycée de Muyebe qui a péri pour avoir refusé de livrer ses élèves aux bourreaux dans la nuit du 22 octobre 1993. Les morts sont morts, le temps est passé et on a chanté que c’est la petite colère populaire qui a été à l’origine de cette tragédie que la Commission des Nations Unies a qualifiée d’actes de génocide dans son rapport S/1996/682. Peut-on dire que le CNDD qui est rentré hier avec NDAYIKENGURUKIYE, et qui devrait rentrer avec NKURUNZIZA, mais qui reste en Tanzanie avec son premier patron NYANGOMA, avait réellement le but de restaurer la démocratie au Burundi et laquelle ? Analysons certains faits pour voir ce qu’il en est au juste. Dans les premières heures de la guérilla du CNDD en 1994, beaucoup d’embuscades étaient tendues sur les différents axes routiers. On faisait déscendre les batutsi des voitures avant de les exécuter au bord de la route et on laissait le Bahutu continuer leur chemin. Actes démocratiques ? Certes non. Dans la Kibira, sur l’axe Bugarama Kayanza, les combattants du CNDD ont fait manger de la merde aux seuls passagers Batutsi pour les humilier. Acte démocratique ? Certes non. En 1995, 1966 et les jours qui ont suivi, on a assisté à l’extermination systématique des Batutsti dans leurs sites des déplacés à Campazi, Teza, Bugendana et ailleurs. Vieillards, femmes, bébés, infirmes, malades, ont été exécutés par les FDD. Actes démocratiques? Certes non. Entre temps, leur porte-parole Jérôme NDIHO ne tarissait pas déloges sur les radios étrangères (BBC, RFI, Voix d’Amérique) à l’endroit du « peuple en armes » pour avoir défait les « sans échecs » (milice tutsi) et les militaries.
Le 30 avril 1997, les FDD dirigés par un certain NDAYIKENGURUKIYE, déserteur à Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM), aujourd’hui auto proclamé Colonel, a revendiqué toujours à travers le porte-parole des FDD Jérôme NDIHO, le massacre de 39 élèves séminaristes v Buta. Acte démocratique ? Certes non. Mais certainement démoniaque. Puis le temps est passé. Le soleil s’est levé comme d’habitude sur notre beau pays des mille et une collines, avant de disparaître derrière les monts Mitumba, là où NDAYIKENGURUKIYE et ses hommes préparaient leur salle guerre.
Arusha est venu dans l’entre-temps, pour mettre fin à la tragédie qui est la nôtre, nous disait-on. NYANGOMA a accepté les pourparlers sous l’égide de feu Président tanzanien NYERERE. Son lieutenant NDAYIKENGURUKIYE n’attendait que cela pour le démettre et le remplacer. Un putsch chez les soi-disant démocrates. On est là loin de la démocratie.
Avec le temps, les choses ont évolué. Non seulement la rébellion tuait les civils mais aussi elle s’est mise à piller. De la défense de la démocratie, elle est passée à la rançon, aux razzias des vaches, des chèvres, des moutons, des poules, jusqu’aux cochons d’Inde. La population a été contrainte de donner des cotisations sous peine de mourir ou de voir ses biens pillés. Et elle a mis la main à la poche. Mais cela n’a pas empêché NDAYIKENGURUKIYE et ses hommes de les tuer, de les terroriser et de les piller. Ils ont brûlé les écoles, détruit les dispensaires et dévalisé les hôpitaux. Actes démocratiques? Certes non. Démentiels sans nulle doute. Et le temps et passé, la population s’est appauvri, mourant de faim et de maladie. NDAYIKENGURUKIYE a accepté de négocier avec BUYOYA afin de jouir des fruits de sa folie meurtrière. Mais ce jour, un certain Pierre NKURUNZIZA, qui trouvait que négocier égale trahir, s’empara des reines du pouvoir de la guérilla. Le mouvement CNDD-FDD de NKURUNZIZA venait de naître. Les vaches du Burundi doivent regretter ce nouveau putsch des démocrates ou des combattants de la démocratie. Ici je ne parle pas de leurs propriétaires. En effet, dans les provinces où ils sont nombreux, les FDD ont décimé systématiquement le cheptel. C’est comme s’ils ne se battaient que pour avoir de la viande de boeuf. Dans certaines communes des provinces de Makamba, Muramvya, Ruyigi, Gitega et Kayanza, Il ne reste plus de vache ou presque. Ils aiment de la viandes ces «démocrates » ! On l’a d’ailleurs vu quand la Communauté européenne a tenté de les alimenter à Bubanza pour qu’ils cessent de piller. Les combatants regrettaient que la ration ne comprenaient pas de la viande. Or, on sait que les militaries de l’armée régulière ne mangent de la viande que quand ils se l’achètent. Sinon, c’est le riz et le haricot dans lequel on inonde de l’huile de palme qui constitue leur ration. Les rebelles qui veulent intégrer l’armée doivent le savoir à temps pour se préparer psychologiquement à manger les « sans huile » le matin. Pourtant, pas loin de chez nous on a vu une autre rébellion qui a gagné la guerre en ne mangeant que le maïs sec!
Ce qui est paradoxal, c’est le fait de loger une balle dans la tête des bêtes qu’ils ne parviennent pas à emporter comme dernièrement au mois de juillet en commune de Bukeye dans la province de Muramvya. On peut se demander si le fait de vouloir éradiquer la vache au Burundi n’est pas idéologique. Certains anthropologues improvisés de la fin du 19ème et du début de la colonisation ont avancé l’idée que la vache est venue avec la « conquête des Batutsi » au Burundi, et qu’elle fait non seulement leur fierté et leur richesse, mais qu’elle a été l’instrument d’asservissement des Bahutu. NKURUNZIZA et ses hommes, en massacrant et en pillant la vache, veulent rendre pauvre l’éleveur, lui enlever sa fierté, le détruire socialement et psycologiquement. Actes démocratiques? Encore une fois non.
A côté des vaches, c’est l’administration Frodebu de base qui est visée. Celle-là même qui, en octobre 1993, avaient obstrué les routes pour qu’on puisse massacrer les Batutsi et les Bahutu de l’UPRONA sans secours. Pas plus tard que ce 29 juillet 03, un chef de secteur a été tué par les éléments du CNDD à Rutegama, accusé de ne pas collaborer avec eux. Il y a plus de 2000 ans, Jésus Christ disait que qui tue par l’épée périra par l’épée. Leçon donnée, leçon reçue. Cette administration qui avait été une machine au service du génocide des Batutsi est maintenant rattrapée par le temps. Ceux qui le font doivent aussi attendre le leurA côté des vaches, c’est l’administration Frodebu de base qui est visée. Celle-là même qui, en octobre 1993, avaient obstrué les routes pour qu’on puisse massacrer les Batutsi et les Bahutu de l’UPRONA sans secours. Pas plus tard que ce 29 juillet 03, un chef de secteur a été tué par les éléments du CNDD à Rutegama, accusé de ne pas collaborer avec eux. Il y a plus de 2000 ans, Jésus Christ disait que qui tue par l’épée périra par l’épée. Leçon donnée, leçon reçue. Cette administration qui avait été une machine au service du génocide des Batutsi est maintenant rattrapée par le temps. Ceux qui le font doivent aussi attendre le leur.
Après l’administration de base Frodebu, c’est le sort de la femme qui est scellé par la rébellion. Dans Bujumbura rural, les combattants demandent aux homes de descendre de leur lit conjugal et ils montent à la place. Si le malheureux visité est père d’une jeune fille, celle-ci subit le viol en même temps que sa mère. Là les victimes ont eu peur de parler à haute voix. Ce n’est que dernièrement à Ruyigi que la femme violée a crié l’horreur qu’elle subit. Sur certaines collines, le viol a été systématique, n’épargnant ni mineures, ni vielles femmes édentées. Certains éléments des forces de l’ordre font aussi la même chose. Dans un pays où la séroprévalence approche les 20%, on ne peut que s’attendre demain à une véritable catastrophe.
Aujourd’hui NKURUNZIZA Pierre, sous la pression de la nébuleuse communauté internationale accepte de négocier la paix et d’être cantonné demain. Peut-on enfin espérer un retour à la paix ? Ce serait une très bonne nouvelle pour la population burundaise qui paie un lourd tribut pour des choses dont elle ignore les tenants et les aboutissants. Mais qui dit que demain un autre aventurier politique, ayant soif de gloire, d’enrichissement facile, de puissance et d’honneur, ne va pas récupérer le mouvement et laisser NKURUNZIZ rentrer seul à Bujumbura avec une poignée de collaborateurs comme cela a été le cas de NDAYIKENGURUKIYE ? Il y a souvent une donnée que nous ignorons. Cette guerre n’est vraiment pas la nôtre. Nous on cultive la banane, le haricot, le maïs, le riz. On ne cultive pas les lances requêtes, les FALE, les mines et autres engins de mort. Ces armes coûtent énormément chers. Tous ces fils de paysans comme nous tous, qui ont grandi en se couvrant la natte la nuit, mais aujourd’hui transformés en guérilleros surarmés, où est-ce qu’ils trouvent de l’argent pour les acheter? Ils ont des financiers qui savent pourquoi ils sèment la mort au Burundi. Est-ce que NKURUNZIZA qui s’apprête à rentrer les a avisés ? Est-ce que l’Internationale Démocrate Chrétien et les associations européennes autour qui financent la guerre au Burundi sont d’accord pour que le Burundi puisse enfin recouvrer la paix ? Ont-ils enfin compris qu’il est finalement difficile, sinon impossible d’exterminer tous les Batutsi du Burundi et que les deux communautés doivent vivre ensemble?
Soyons optimistes et supposons que la guerre va s’arrêter. Toutes les guerres ayant une fin par ailleurs. Viendra ensuite le temps des élections qui, selon certains, auraient déjà commencé chez les upronistes et les frodebistes pour court-circuiter le CNDD-FDD. Ils ont sans doute peur que ce mouvement ne les mettent aux rancarts, ce qui n’est pas impossible. Si le CNDD-FDD remporte ces élections, ce n’est pas qu’il aura convaincu le peuple Burundais sur un projet de société meilleur. Comme le FRODEBU en 1993, ils vont toucher sur la corde ethnique. Sinon, ils vont brandir la menace d’un retour à la machette et à la calchinikov. Charles Taylor n’a fait que cela. Mais après ? Que le CNDD-FDD sache qu’il régnera sur les morts et sur un pays qu’il a détruit et qu’il a contribué énormément à rétrograder au rang de troisième pays le plus pauvre de la planète. Les guérilleros, légitimés par les élections, auront le pouvoir et tous les honneurs et la fortune facile qui en découle. Pourtant, ils doivent savoir qu’ils auront des comptes à rendre aux victimes de leurs exactions. L’immunité ou l’impunité qu’ils réclament à hue et à dia est impossible. Les victimes du génocide ne l’accepteront jamais. Et si on la leur impose, ils viendront gouverner après avoir procéder à l’enterrement du pilier des institutions de la République, je nomme ici la Justice. Alors, on laissera cours libre à la vendetta. Une telle république sera-t-elle gouvernable?
* Par Jean-Pierre Nzeyimana
Le 30 avril 1997, les FDD dirigés par un certain NDAYIKENGURUKIYE, déserteur à Institut Supérieur des Cadres Militaires (ISCAM), aujourd’hui auto proclamé Colonel, a revendiqué toujours à travers le porte-parole des FDD Jérôme NDIHO, le massacre de 39 élèves séminaristes v Buta. Acte démocratique ? Certes non. Mais certainement démoniaque. Puis le temps est passé. Le soleil s’est levé comme d’habitude sur notre beau pays des mille et une collines, avant de disparaître derrière les monts Mitumba, là où NDAYIKENGURUKIYE et ses hommes préparaient leur salle guerre.
Arusha est venu dans l’entre-temps, pour mettre fin à la tragédie qui est la nôtre, nous disait-on. NYANGOMA a accepté les pourparlers sous l’égide de feu Président tanzanien NYERERE. Son lieutenant NDAYIKENGURUKIYE n’attendait que cela pour le démettre et le remplacer. Un putsch chez les soi-disant démocrates. On est là loin de la démocratie.
Avec le temps, les choses ont évolué. Non seulement la rébellion tuait les civils mais aussi elle s’est mise à piller. De la défense de la démocratie, elle est passée à la rançon, aux razzias des vaches, des chèvres, des moutons, des poules, jusqu’aux cochons d’Inde. La population a été contrainte de donner des cotisations sous peine de mourir ou de voir ses biens pillés. Et elle a mis la main à la poche. Mais cela n’a pas empêché NDAYIKENGURUKIYE et ses hommes de les tuer, de les terroriser et de les piller. Ils ont brûlé les écoles, détruit les dispensaires et dévalisé les hôpitaux. Actes démocratiques? Certes non. Démentiels sans nulle doute. Et le temps et passé, la population s’est appauvri, mourant de faim et de maladie. NDAYIKENGURUKIYE a accepté de négocier avec BUYOYA afin de jouir des fruits de sa folie meurtrière. Mais ce jour, un certain Pierre NKURUNZIZA, qui trouvait que négocier égale trahir, s’empara des reines du pouvoir de la guérilla. Le mouvement CNDD-FDD de NKURUNZIZA venait de naître. Les vaches du Burundi doivent regretter ce nouveau putsch des démocrates ou des combattants de la démocratie. Ici je ne parle pas de leurs propriétaires. En effet, dans les provinces où ils sont nombreux, les FDD ont décimé systématiquement le cheptel. C’est comme s’ils ne se battaient que pour avoir de la viande de boeuf. Dans certaines communes des provinces de Makamba, Muramvya, Ruyigi, Gitega et Kayanza, Il ne reste plus de vache ou presque. Ils aiment de la viandes ces «démocrates » ! On l’a d’ailleurs vu quand la Communauté européenne a tenté de les alimenter à Bubanza pour qu’ils cessent de piller. Les combatants regrettaient que la ration ne comprenaient pas de la viande. Or, on sait que les militaries de l’armée régulière ne mangent de la viande que quand ils se l’achètent. Sinon, c’est le riz et le haricot dans lequel on inonde de l’huile de palme qui constitue leur ration. Les rebelles qui veulent intégrer l’armée doivent le savoir à temps pour se préparer psychologiquement à manger les « sans huile » le matin. Pourtant, pas loin de chez nous on a vu une autre rébellion qui a gagné la guerre en ne mangeant que le maïs sec!
Ce qui est paradoxal, c’est le fait de loger une balle dans la tête des bêtes qu’ils ne parviennent pas à emporter comme dernièrement au mois de juillet en commune de Bukeye dans la province de Muramvya. On peut se demander si le fait de vouloir éradiquer la vache au Burundi n’est pas idéologique. Certains anthropologues improvisés de la fin du 19ème et du début de la colonisation ont avancé l’idée que la vache est venue avec la « conquête des Batutsi » au Burundi, et qu’elle fait non seulement leur fierté et leur richesse, mais qu’elle a été l’instrument d’asservissement des Bahutu. NKURUNZIZA et ses hommes, en massacrant et en pillant la vache, veulent rendre pauvre l’éleveur, lui enlever sa fierté, le détruire socialement et psycologiquement. Actes démocratiques? Encore une fois non.
A côté des vaches, c’est l’administration Frodebu de base qui est visée. Celle-là même qui, en octobre 1993, avaient obstrué les routes pour qu’on puisse massacrer les Batutsi et les Bahutu de l’UPRONA sans secours. Pas plus tard que ce 29 juillet 03, un chef de secteur a été tué par les éléments du CNDD à Rutegama, accusé de ne pas collaborer avec eux. Il y a plus de 2000 ans, Jésus Christ disait que qui tue par l’épée périra par l’épée. Leçon donnée, leçon reçue. Cette administration qui avait été une machine au service du génocide des Batutsi est maintenant rattrapée par le temps. Ceux qui le font doivent aussi attendre le leurA côté des vaches, c’est l’administration Frodebu de base qui est visée. Celle-là même qui, en octobre 1993, avaient obstrué les routes pour qu’on puisse massacrer les Batutsi et les Bahutu de l’UPRONA sans secours. Pas plus tard que ce 29 juillet 03, un chef de secteur a été tué par les éléments du CNDD à Rutegama, accusé de ne pas collaborer avec eux. Il y a plus de 2000 ans, Jésus Christ disait que qui tue par l’épée périra par l’épée. Leçon donnée, leçon reçue. Cette administration qui avait été une machine au service du génocide des Batutsi est maintenant rattrapée par le temps. Ceux qui le font doivent aussi attendre le leur.
Après l’administration de base Frodebu, c’est le sort de la femme qui est scellé par la rébellion. Dans Bujumbura rural, les combattants demandent aux homes de descendre de leur lit conjugal et ils montent à la place. Si le malheureux visité est père d’une jeune fille, celle-ci subit le viol en même temps que sa mère. Là les victimes ont eu peur de parler à haute voix. Ce n’est que dernièrement à Ruyigi que la femme violée a crié l’horreur qu’elle subit. Sur certaines collines, le viol a été systématique, n’épargnant ni mineures, ni vielles femmes édentées. Certains éléments des forces de l’ordre font aussi la même chose. Dans un pays où la séroprévalence approche les 20%, on ne peut que s’attendre demain à une véritable catastrophe.
Aujourd’hui NKURUNZIZA Pierre, sous la pression de la nébuleuse communauté internationale accepte de négocier la paix et d’être cantonné demain. Peut-on enfin espérer un retour à la paix ? Ce serait une très bonne nouvelle pour la population burundaise qui paie un lourd tribut pour des choses dont elle ignore les tenants et les aboutissants. Mais qui dit que demain un autre aventurier politique, ayant soif de gloire, d’enrichissement facile, de puissance et d’honneur, ne va pas récupérer le mouvement et laisser NKURUNZIZ rentrer seul à Bujumbura avec une poignée de collaborateurs comme cela a été le cas de NDAYIKENGURUKIYE ? Il y a souvent une donnée que nous ignorons. Cette guerre n’est vraiment pas la nôtre. Nous on cultive la banane, le haricot, le maïs, le riz. On ne cultive pas les lances requêtes, les FALE, les mines et autres engins de mort. Ces armes coûtent énormément chers. Tous ces fils de paysans comme nous tous, qui ont grandi en se couvrant la natte la nuit, mais aujourd’hui transformés en guérilleros surarmés, où est-ce qu’ils trouvent de l’argent pour les acheter? Ils ont des financiers qui savent pourquoi ils sèment la mort au Burundi. Est-ce que NKURUNZIZA qui s’apprête à rentrer les a avisés ? Est-ce que l’Internationale Démocrate Chrétien et les associations européennes autour qui financent la guerre au Burundi sont d’accord pour que le Burundi puisse enfin recouvrer la paix ? Ont-ils enfin compris qu’il est finalement difficile, sinon impossible d’exterminer tous les Batutsi du Burundi et que les deux communautés doivent vivre ensemble?
Soyons optimistes et supposons que la guerre va s’arrêter. Toutes les guerres ayant une fin par ailleurs. Viendra ensuite le temps des élections qui, selon certains, auraient déjà commencé chez les upronistes et les frodebistes pour court-circuiter le CNDD-FDD. Ils ont sans doute peur que ce mouvement ne les mettent aux rancarts, ce qui n’est pas impossible. Si le CNDD-FDD remporte ces élections, ce n’est pas qu’il aura convaincu le peuple Burundais sur un projet de société meilleur. Comme le FRODEBU en 1993, ils vont toucher sur la corde ethnique. Sinon, ils vont brandir la menace d’un retour à la machette et à la calchinikov. Charles Taylor n’a fait que cela. Mais après ? Que le CNDD-FDD sache qu’il régnera sur les morts et sur un pays qu’il a détruit et qu’il a contribué énormément à rétrograder au rang de troisième pays le plus pauvre de la planète. Les guérilleros, légitimés par les élections, auront le pouvoir et tous les honneurs et la fortune facile qui en découle. Pourtant, ils doivent savoir qu’ils auront des comptes à rendre aux victimes de leurs exactions. L’immunité ou l’impunité qu’ils réclament à hue et à dia est impossible. Les victimes du génocide ne l’accepteront jamais. Et si on la leur impose, ils viendront gouverner après avoir procéder à l’enterrement du pilier des institutions de la République, je nomme ici la Justice. Alors, on laissera cours libre à la vendetta. Une telle république sera-t-elle gouvernable?
* Par Jean-Pierre Nzeyimana