"A PROPOS DU REFERENDUM DU 17 MAI 2018" : APPEL D'UN PATRIOTE QUI INTERPELLE SES CONGENERES
Burundi Information (le 13 mai 2018). Un patriote burundais éclaire ses congénères sur l'attitude à prendre face au pseudo-référendum constitutionnel que le régime des terroristes génocidaires du CNDD-FDD organise ce jeudi 17 mai 2018. Il s'agit d'un mot d'ordre on ne peut plus clair: s'abstenir de toute participation à cette masquarade de consultation. Pour les Burundais de la diaspora,"sauf traitrise et trahison comme nous en avons déjà connu hélas, il n'y a aucune justification pour répondre à ce rendez-vous." Quant à ceux de l'intérieur, il leur est conseillé d'agir en âme et conscience en mettant en avant d'abord leur sécurité personnelle.
Bonne lecture.
La Rédaction
A PROPOS DU REFERENDUM DE MAI 2018
En cette période tourmentée du Burundi terrorisé, je ne cesse de lancer des avertissements aux Tutsi qui entrent aveuglement dans une danse dont ils ne connaissent ni la piste où mettre le pas ni la cadence de la mélodie distillée. Tout récemment, une brève mise en garde contre l’ « agenda caché » de Radjabu, avait reçu un accueil mitigé dans les milieux tutsis, certains allant jusqu’à la suspecter d’être l’œuvre du pouvoir de Bujumbura, destinée à affaiblir Radjabu et à distraire et disperser l’opposition résistante.
Chaque Tutsi est certes libre de donner à ces messages angoissés le sens qu’il veut, mais il devrait tout de même faire preuve d’un minimum de modestie, se rendre compte que les choses ont changé en sa défaveur, et développer une attitude autrement plus prudente et plus responsable ! Rejeter du simple revers de la main une alerte aussi grave, entre deux gros gorgés d’alcool dans un bar plus ou moins huppé, par le temps qui court, me paraît franchement inquiétant ! Il faudrait revenir sur toutes ces informations, les reconsidérer hors d’état d’ébriété, et en débattre en groupes de confiance ou en conscience en toute lucidité, avant de décider des choix à faire.
Venons-en maintenant au référendum prochain, programmé pour le 17 mai 2018, et visant la modification des textes fondamentaux de la gouvernance du pays. Les préparatifs avancent au forcing, entourés d’une épaisse fumée de propagande qui empêche de voir le sang des Tutsi qu’on assassine ici et là, et d’un vacarme assourdissant pour ne pas entendre les cris de détresse de ceux qui sont en séance de torture ou de viol, s’ils ne sont pas enlevés par la police présidentielle et portés disparus à jamais. Devant de telles circonstances et dans le contexte qui prévaut, les Tutsi ont-ils une quelconque place dans ce référendum ? Auraient-ils raison de se pavaner pour une cérémonie où ils n’occuperont au mieux que les coins de tables, du côté où tombent les miettes ? Qui consacrera encore un peu plus leur insignifiance, leur mort programmé un à un au canon ou à l’acide s’ils restent sages dans leur coin réservé, ou massivement à la machette à la moindre velléité de se poser en humains et en citoyens ? Commençons par le début.
Au commencement était en effet l’accord d’Arusha de 2000. Il va mourir, par euthanasie, le 17 mai 2018, à l’issue du référendum dont les résultats sont déjà annoncés en filigrane, taillés sur mesure ! La question est maintenant de savoir si les Batutsi doivent le pleurer et en rester inconsolables, comme certains de la Société Civile et des Mouvements Combattants le font depuis déjà trois ans ? Cela s’appelle, au regard de la condition politique que l’Accord consacre pour le Tutsi du Burundi et selon la sagesse populaire chez nous, « kurira utazi uwapfuye » !
C’est l’Accord d’Arusha en effet qui a condamné le Tutsi, à la fois à la sous-citoyenneté et, sans autre forme de procès, à la mort qui s’abat ces jours-ci sur lui et sur ses enfants. Car lorsque les Tutsi présents en Tanzanie ont accepté – ou se sont vus extorquer – de parapher et signer la clause qui instaure le vote d’un homme/une voix, dans un pays qu’ils savaient gangrené par un tribalisme virulent, ils devaient logiquement se rendre compte qu’ils venaient de signer en réalité l’arrêt de mort politique pour eux-mêmes et pour leurs congénères. Et la mort physique devait tout aussi logiquement s’en suivre lorsque la gestion de cet Accord fut confiée, avec la bénédiction des mêmes « représentants des Batutsi », aux criminels hutus les plus radicaux, qui venaient de massacrer les Tutsi par centaines de milliers en 1993 et les années qui ont suivi. L’Accord d’Arusha est donc loin d’être une solution pour le Mututsi du Burundi. Il est au contraire le problème de départ dont il faut dénoncer avec énergie les termes et la philosophie.
Ensuite vient le référendum. En organisant cette affaire-là, Nkurunziza ne remet en rien en cause les deux tares consignées dans l’Accord d’Arusha. L’exclusion par la pression ethnique des urnes et la dictature des criminels impunis, sont conservées intactes, comme on devait s’y attendre, dans le nouveau projet de constitution. Les enjeux pour Nkurunziza sont uniquement le renforcement textuel des « acquis » de l’élimination des Tutsi, ainsi que le totalitarisme qu’il veut exercer, lui et son parti, sur le pays de manière absolue et ad aeternam, dans le silence tout aussi absolu des citoyens médusés, des Tutsi qu’il réprime, qu’il tue ou qu’il en envoie en exil, et des Hutus également opprimés.
Si l’accord d’Arusha a perdu tout crédit aux yeux des Tutsi disposant encore d’un certain degré de conscience et de lucidité, il est a fortiori évident que le référendum de 2018 soit rejeté et ignoré par eux sans détour et sans autre débat possible. Il est aussi criminel pour les Tutsi que son initiateur est illégal et illégitime pour tout le peuple burundais ! Les deux textes, celui de 2000 qui consacre l’exclusion de fait des Tutsi dans la gouvernance du pays, et celui de 2018 qui renforce le monopole et l’absolutisme d’un homme et d’un parti, doivent tous être considérés désormais comme inexistants, comme nuls et non avenus, du moins en ce qui nous concerne. Les Tutsi doivent se réveiller, savoir ce qu’ils sont, où ils vont, ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas.
Sur le plan purement pratique, sauf traitrise et trahison comme nous en avons déjà connu hélas, les Tutsi qui sont en dehors du Burundi n’ont aucune justification pour répondre au rendez-vous du 18 mai prochain. Ils doivent ignorer le processus et vaquer à leurs occupations habituelles. Quant aux Tutsi qui sont dans « la gueule du loup » au pays, ils agiront en âme et conscience en mettant en avant d’abord leur sécurité personnelle. Ce qui signifie qu’à prime abord et pour la plupart, il convient mieux de se présenter aux urnes et de voter en bonne et due forme. En ce qui est du choix entre le OUI et le NON, cela n’a selon nous aucune forme d’importance pour vous. Laissez cette comédie à Rwasa, car seul Ndayicariye détient les pourcentages, le reste n’est qu’une longue récréation convenue entre Rwasa et Nkurunziza, destinée uniquement à légitimer l’illégitimable ! Leur jeu ne peut leurrer personne, mis à part les imbéciles et les idiots.
Le 12 mai 2018
J. K. HUZA
Bonne lecture.
La Rédaction
A PROPOS DU REFERENDUM DE MAI 2018
En cette période tourmentée du Burundi terrorisé, je ne cesse de lancer des avertissements aux Tutsi qui entrent aveuglement dans une danse dont ils ne connaissent ni la piste où mettre le pas ni la cadence de la mélodie distillée. Tout récemment, une brève mise en garde contre l’ « agenda caché » de Radjabu, avait reçu un accueil mitigé dans les milieux tutsis, certains allant jusqu’à la suspecter d’être l’œuvre du pouvoir de Bujumbura, destinée à affaiblir Radjabu et à distraire et disperser l’opposition résistante.
Chaque Tutsi est certes libre de donner à ces messages angoissés le sens qu’il veut, mais il devrait tout de même faire preuve d’un minimum de modestie, se rendre compte que les choses ont changé en sa défaveur, et développer une attitude autrement plus prudente et plus responsable ! Rejeter du simple revers de la main une alerte aussi grave, entre deux gros gorgés d’alcool dans un bar plus ou moins huppé, par le temps qui court, me paraît franchement inquiétant ! Il faudrait revenir sur toutes ces informations, les reconsidérer hors d’état d’ébriété, et en débattre en groupes de confiance ou en conscience en toute lucidité, avant de décider des choix à faire.
Venons-en maintenant au référendum prochain, programmé pour le 17 mai 2018, et visant la modification des textes fondamentaux de la gouvernance du pays. Les préparatifs avancent au forcing, entourés d’une épaisse fumée de propagande qui empêche de voir le sang des Tutsi qu’on assassine ici et là, et d’un vacarme assourdissant pour ne pas entendre les cris de détresse de ceux qui sont en séance de torture ou de viol, s’ils ne sont pas enlevés par la police présidentielle et portés disparus à jamais. Devant de telles circonstances et dans le contexte qui prévaut, les Tutsi ont-ils une quelconque place dans ce référendum ? Auraient-ils raison de se pavaner pour une cérémonie où ils n’occuperont au mieux que les coins de tables, du côté où tombent les miettes ? Qui consacrera encore un peu plus leur insignifiance, leur mort programmé un à un au canon ou à l’acide s’ils restent sages dans leur coin réservé, ou massivement à la machette à la moindre velléité de se poser en humains et en citoyens ? Commençons par le début.
Au commencement était en effet l’accord d’Arusha de 2000. Il va mourir, par euthanasie, le 17 mai 2018, à l’issue du référendum dont les résultats sont déjà annoncés en filigrane, taillés sur mesure ! La question est maintenant de savoir si les Batutsi doivent le pleurer et en rester inconsolables, comme certains de la Société Civile et des Mouvements Combattants le font depuis déjà trois ans ? Cela s’appelle, au regard de la condition politique que l’Accord consacre pour le Tutsi du Burundi et selon la sagesse populaire chez nous, « kurira utazi uwapfuye » !
C’est l’Accord d’Arusha en effet qui a condamné le Tutsi, à la fois à la sous-citoyenneté et, sans autre forme de procès, à la mort qui s’abat ces jours-ci sur lui et sur ses enfants. Car lorsque les Tutsi présents en Tanzanie ont accepté – ou se sont vus extorquer – de parapher et signer la clause qui instaure le vote d’un homme/une voix, dans un pays qu’ils savaient gangrené par un tribalisme virulent, ils devaient logiquement se rendre compte qu’ils venaient de signer en réalité l’arrêt de mort politique pour eux-mêmes et pour leurs congénères. Et la mort physique devait tout aussi logiquement s’en suivre lorsque la gestion de cet Accord fut confiée, avec la bénédiction des mêmes « représentants des Batutsi », aux criminels hutus les plus radicaux, qui venaient de massacrer les Tutsi par centaines de milliers en 1993 et les années qui ont suivi. L’Accord d’Arusha est donc loin d’être une solution pour le Mututsi du Burundi. Il est au contraire le problème de départ dont il faut dénoncer avec énergie les termes et la philosophie.
Ensuite vient le référendum. En organisant cette affaire-là, Nkurunziza ne remet en rien en cause les deux tares consignées dans l’Accord d’Arusha. L’exclusion par la pression ethnique des urnes et la dictature des criminels impunis, sont conservées intactes, comme on devait s’y attendre, dans le nouveau projet de constitution. Les enjeux pour Nkurunziza sont uniquement le renforcement textuel des « acquis » de l’élimination des Tutsi, ainsi que le totalitarisme qu’il veut exercer, lui et son parti, sur le pays de manière absolue et ad aeternam, dans le silence tout aussi absolu des citoyens médusés, des Tutsi qu’il réprime, qu’il tue ou qu’il en envoie en exil, et des Hutus également opprimés.
Si l’accord d’Arusha a perdu tout crédit aux yeux des Tutsi disposant encore d’un certain degré de conscience et de lucidité, il est a fortiori évident que le référendum de 2018 soit rejeté et ignoré par eux sans détour et sans autre débat possible. Il est aussi criminel pour les Tutsi que son initiateur est illégal et illégitime pour tout le peuple burundais ! Les deux textes, celui de 2000 qui consacre l’exclusion de fait des Tutsi dans la gouvernance du pays, et celui de 2018 qui renforce le monopole et l’absolutisme d’un homme et d’un parti, doivent tous être considérés désormais comme inexistants, comme nuls et non avenus, du moins en ce qui nous concerne. Les Tutsi doivent se réveiller, savoir ce qu’ils sont, où ils vont, ce qu’ils veulent et ce qu’ils ne veulent pas.
Sur le plan purement pratique, sauf traitrise et trahison comme nous en avons déjà connu hélas, les Tutsi qui sont en dehors du Burundi n’ont aucune justification pour répondre au rendez-vous du 18 mai prochain. Ils doivent ignorer le processus et vaquer à leurs occupations habituelles. Quant aux Tutsi qui sont dans « la gueule du loup » au pays, ils agiront en âme et conscience en mettant en avant d’abord leur sécurité personnelle. Ce qui signifie qu’à prime abord et pour la plupart, il convient mieux de se présenter aux urnes et de voter en bonne et due forme. En ce qui est du choix entre le OUI et le NON, cela n’a selon nous aucune forme d’importance pour vous. Laissez cette comédie à Rwasa, car seul Ndayicariye détient les pourcentages, le reste n’est qu’une longue récréation convenue entre Rwasa et Nkurunziza, destinée uniquement à légitimer l’illégitimable ! Leur jeu ne peut leurrer personne, mis à part les imbéciles et les idiots.
Le 12 mai 2018
J. K. HUZA