UNE DECONSTRUCTION DES CONFERENCES NEGATIONNISTES DE SYLVESTRE NTIBANTUNGANYA SUR LE GENOCIDE DE 1972
Par Emmanuel Nkurunziza,
Toronto, Ontario.
Mai 2021
Dans le but d’occulter le génocide contre les Tutsi perpétré par l’organisation UBU en 1972, le Sénat du Burundi, dominé par l’organisation terroriste et génocidaire CNDD-FDD, a organisé à partir du 29 avril 2021, une série de conférences. Il a fait recours à un des principaux animateurs de la première heure du cercle génocidaire de l’organisation UBU responsable de ce même génocide que le pouvoir en place s’emploie à nier . En effet, c’est un Sylvestre Ntibantunganya débridé, complètement libéré du lourd fardeau d’avoir planifié le génocide tutsi de 1993, qu’on a vu à l’ouvrage falsificateur d’occultation du génocide anti tutsi de 1972. Le sire avait la tâche facile car, en plus de l’aura qu’il garde pour avoir été à la tête du pays pendant deux longues années, ses complices dans le crime qui sont aujourd’hui au pouvoir veulent faire de lui un "expert spécialiste" à tout prix.
Pourquoi le choix de Sylvestre Ntibantunganya?
Si le pouvoir en place au Burundi tente de faire de Sylvestre Ntibantunganya une référence, il y a des raisons: il faisait partie du Bureau Politique du FRODEBU qui a créé le CNDD/FDD en novembre 1993 à partir de l’hôtel Club du Lac Tanganyika [1]. Ce n’est pas tout, c’est lui qui a armé les miliciens génocidaires du CNDD/FDD lorsqu’il était Président de la République, et c’est sans grande surprise qu’il les a défendues de Bujumbura à Arusha, c’est-à-dire tout au long des négociations qui ont porté au pouvoir ces tueurs sans foi ni loi. Il reste cependant que Ntiba n’est pas le détenteur de la vérité universelle, loin s’en faut. Il est tout simplement dans une position privilégiée.
Face à un falsificateur décidé et appuyé par un régime qu’il a contribué à asseoir, nous ne pouvons pas croiser les bras, bien au contraire. C’est un devoir sacré de tailler en pièces ces mensonges et de remettre Sylvestre Ntibantunganya et ses compères de la CVR, à leur place. Il nous faut donc déconstruire les pseudo-analyses présentées par Ntibantunganya. Pour éviter que notre jeunesse ne grandisse en s’abreuvant des seuls mensonges des génocidaires au pouvoir, pour que l’opinion nationale ne se fasse abuser encore une fois par ces négationnistes et pour que la communauté internationale ne finisse par se faire piéger comme ce fut le cas à Arusha entre juin 1998 et août 2000. Il est à noter en passant qu’il reste particulièrement inquiétant de voire les Burundais non-partisans des génocidaires au pouvoir rester tranquilles face à l’élévation du mensonge négationniste en vérité historique.
Que des mensonges.
Selon Sylvestre Ntibantunganya, les antagonismes ethniques, ce qu’il appelle « les contradictions basées sur les pseudo ethnies », sont antérieures à la colonisation. Or, il y avait des inégalités certes, notamment eu égard au niveau d’aisance matériel, mais la réalité est qu’on trouve dans cette société précoloniale des riches et des pauvres dans toutes les composantes de la population. Il y avait également des interdits concernant des groupes sociaux entiers mais ils touchaient les clans et jamais les « ethnies ». Bien plus, les contraintes et autres interdictions institutionnalisées n’étaient pas l’apanage des seuls Bahutu comme veut le faire croire Sylvestre Ntibantunganya. Ainsi par exemple, certains lignages Bahima étaient frappés par certaines de ces mesures [2]. L’exclusion de ces Bahutu que tente de suggérer Ntibantunganya fait complètement fi de la position privilégiée tenue par deux principaux clans hutu : en tant que devins de la cour et ritualistes du Muganuro, les Bahanza et les Bajiji ont été, depuis la fondation du Royaume du Burundi, les véritable maîtres du pouvoir. Par exemple, c’est eux qui devaient désigner le successeur du roi, entre autres attributions.
Que faut-il voir dans cette déformation de la réalité à laquelle se livre Ntibantunganya ? Tentative de disculper les colons et les néo-colons et accuser en filigrane les Batutsi que la littérature pro-génocidaire fait toujours passer comme ayant exercé le pouvoir depuis la période précoloniale alors que celui-ci était entre les mains des Bahanza et des Bajiji ? Le discours de Ntibantunganya au cours de cette fameuse série de conférences suggère qu’il s’agit des deux. Et à côté de cette manœuvre double qui se veut une contribution à la construction de cette mémoire hutu si chère au régime génocidaire du CNDD-FDD, Ntibantunganya surligne la révolte de Kanyarufunzo et Inamujandi qu’elles avaient des « aspects » ethniques[3].
Le faux historien de Ntibantunganya
Dans son rôle d’historien, qu’il interprète plutôt mal, Ntibantunganya cherche à asseoir la thèse d’un Paul Mirerekano écarté du pouvoir parce qu’il était Hutu. Il prétend qu’à la disparition de Son Altesse Royale Louis Rwagasore en octobre 1961, Mirerekano considérait que la présidence de l’UPRONA était garantie.
Si Ntibantunganya était véridique, il vous dirait que Rwagasore n’était pas Président de l’UPRONA et que ce que Mirerekano faisait valoir, c’était en tout et pour tout une promesse verbale que lui aurait faite Rwagasore, promesse qui n’était consignée nulle part.[4]
Si Ntibantunganya était bon historien, ce qui est loin d’être le cas, il aurait reconnu la similarité de cette crise de succession avec celle qui eut lieu en Chine à la mort de Mao Zedong.[5] Mais par-dessus tout, il aurait tout au moins partagé des faits historiques bien précis et qui montreraient comment cette crise de succession constitue certes un des premiers facteurs ayant favorisé la gestation de l’idéologie génocidaire au Burundi, même si ce n’est pas dans le sens que les génocidaires actuellement au pouvoir tentent de la présenter en vue de sa surexploitation.
Si Ntibantunganya avait été bien intentionné, il ne serait pas passé rapidement sur le fait que du vivant de Rwagasore, ce parti n’avait pas été affecté par le courant hutisant anti tutsi qui venait de prendre pied au Rwanda en 1959. Ensuite, il aurait précisé que la crise de succession à Son Altesse Louis Rwagasore concernait la Primature. Bien plus, il aurait dit que ce n’est pas Paul Mirerekano qui était pressenti pour succéder Rwagasore à la Primature, que c’était Pierre Ngendandumwe, compte tenu de sa position en tant que Vice-premier Ministre. Enfin, Ntibantunganya ne vous dira jamais le pourquoi de cette plaidoirie en faveur de Paul Mirerekano : ce dernier avait déjà fait sienne l’idéologie suprématiste hutu du Rwanda ; il en fera montre en créant les Jeunesses Mirerekano, celles-là même qui décimeront les Tutsi dans l’actuelle commune de Bukeye en 1965.
L’autre déformation de taille de l’histoire du Burundi dont Ntibantunganya se rend coupable est en rapport avec la tentative de Coup d’État d’octobre 1965, dont il place les préliminaires, qu’il attribue aux Tutsi, au 11 octobre 1965 (sans citer aucune source). La vérité est que c’est le 18 octobre de la même année que ces génocidaires admirateurs du modèle rwandais de 1959 prennent pour alibi l’impossibilité de nomination de Bihumugani (qui n’est ni hutu ni tutsi, qui n’est pas de du PP ni de l’UPRONA), pour lancer leur coup qui devait aboutir à l’assassinat du Mwami Mwambutsa Bangiricenge et l’élimination des Tutsi de tout le royaume. Ils échouèrent pour ce qui est du régicide, mais leur plan génocidaire anti tutsi faillit aboutir, notamment dans l’actuelle Commune Bukeye où les Jeunesses Mirerekano massacrèrent tous les Tutsi qu’ils parvinrent à trouver. Voilà qui explique la plaidoirie pathétique de Ntibantuganya pour Paul Mirerekano. C’est également cela qui explique son acharnement contre le Capitaine Micombero qui, en sa qualité de Secrétaire d'Etat à l’a Défense, mâta les putschistes génocidaires non sans que ces derniers eussent réussi à liquider un bon nombre d’officiers et sous-officiers tutsi. À la lumière de ces précisions, on comprend pourquoi Sylvestre Ntibantunganya ne souffle mot sur le plan d’élimination des Tutsi qui guidait les Jeunesses Mirerekano d’une part et les hommes du Commandant Serukwavu d'autre. Cela explique aussi pourquoi lorsqu’il parle des Tutsi comme auteurs présumés d’atrocités, Sylvestre Ntibantunganya se permet, sans état d’âmes, de recourir à l’animalisation (« Micombero et ses hommes sortent leurs griffes… »), chose qu’il ne fait jamais pour les présumés hutu qu’il présente plutôt comme des victimes innocentes.
Quand il fait mine de stigmatiser le mouvement génocidaire hutisant UBU qui faillit exterminer les Tutsi en 1972, Ntibantunganya l’appelle affectueusement « rébellion hutu».[6] On a pas besoin d'être sémanticien pour noter la différence. En effet, en cas d'une revendication légitime, il est normal de se rebeller à l'autorité comme mode de pression. Si on se rebelle, on cesse par exemple de payer ses taxes, de participer aux travaux communautaires, etc. Bref, on fait de la désobéissance civile, ce qui est différent d'éliminer physiquement tout un peuple. Si on est de bonne foi, on ne décapite pas à la machette les membres d’un groupe social, fut-il celui d’où proviennent les plus hauts dirigeants du pays. C’est ce genre d'actes que Ntibatunganya tente d’habiller convenablement en rébellion.
Par son usage répété de « oligarchie hima », Sylvestre Ntibantunganya s’emploie activement à cultiver cette mémoire panhutiste anti tutsi si chère au régime génocidaire du CNDD-FDD. Il a beau feindre de le mettre entre guillemets, tous ceux qui suivent l’histoire politique du Burundi savent que seuls les supporteurs et les propagandistes des terroristes génocidaires burundais utilisent le vocable « hima » comme code désignant les Tutsi.
Ntibantunganya cultive en outre la division intra tutsi. Evoquant la tentative de coup d'Etat de 1971, il parle de de "putsch des Abatutsi-banyaruguru." Cette expression est des seuls divisionnistes, surtout ceux de la trempe de Ntibantunganya, car chez tous les chercheurs dignes de ce nom, le coup d’État de 1971 est connu comme "l’affaire Ntungumburanye." Les déformations de Syvestre Ntibantunganya ne sont pas sans rappeler le "Plan de guerre du PALIPEHUTU;" c’est lui qui insiste sur la nécessite de diviser les Batutsi, notamment sur des bases régionales et claniques.[7]
Les analyses de Ntibantunganya ne sont pas crédibles
L’exposé de Ntibantunganya est gravement affecté par son silence sur la nature génocidaire du régime ethniste hutisant et anti tutsi au Rwanda en 1959, opération que les promoteurs et autres continuateurs de cette œuvre odieuse appelleront abusivement « révolution sociale rwandaise ». Pourquoi donc ne le fait-il pas ? De deux choses l’une. Ou bien il est piètre historien, ce qui n’est pas à exclure complètement comme montré plus haut, ou bien il voulait éviter de toucher à l’origine commune des génocidaires burundais et rwandais. En effet, aucun analyste du Burundi digne de ce nom n’ignore le lien historique entre les deux pays ; et il n’y a que des pro-génocidaires comme Ntibantunganya à se référer à la pseudo-révolution rwandaise sans la mettre entre guillemets. Voilà pourquoi la crédibilité de Sylvestre Ntibantunganya dans son rôle de référence historique que lui a assigné le régime de l’organisation terroriste génocidaire CNDD-FDD, est irrémédiablement affectée.
Il ne suffit pas en effet que Sylvestre Ntibantunganya fasse allusion ici et là « aux Tutsi victimes de violences », pour qu’on ferme les yeux sur sa volonté délibérée de tout noyer dans le vocable « rébellion ». Il n’est pas question non plus d’oublier sa sympathie pour le mouvement génocidaire panhutiste né au Rwanda en 1959 et où prévalait, jusqu’ à juillet 1994, un régime hutisant qui avait légalisé l’exclusion des Tutsi au moyen d’un système de quotas ethniques.[8] Sur ce même chapitre, nos jeunes doivent savoir que le même Sylvestre Ntibantunganya, Cyprien Ntaryamira et le fameux Melchior Ndadaye, ont été nourris idéologiquement au sein de cette république génocidaire pendant des périodes allant de 5 à 11 ans.
Et alors ?
Une telle situation a produit des sentiments diversifiés. D’un côté, les génocidaires impunis et impénitents (qu’ils soient du CNDD-FDD au pouvoir ou des autres descendants de l’organisation UBU, à savoir FRODEBU, PALIPEHUTU, FNL et, dans une proportion moindre, CNL), se congratulent d’avoir les coudées franches pour déformer la réalité du pays qu’ils ont meurtris depuis 1965. D’un autre, les rescapés tutsi, qu’ils soient de l’intérieur ou de la diaspora, se sont retrouvés désespérés ou révoltés -- ou indifférents pour ceux qui ont été complètement formates à recevoir passivement ce genre de sauce depuis l’année fatidique du 25 juillet 1996 où un homme qu’on a plus besoin de nommer surgit avec le slogan de mettre fin au génocide alors qu’en réalité, il venait réanimer le mouvement génocidaire acculé.
Mais en somme, Ntibantunganya a beau produire une analyse, cette dernière reste désespérément mince et extrêmement partisane. L’on comprend volontiers que tout avait été mis en œuvre pour qu’il déclare que « Le génocide des Bahutu du Burundi, c’est cela le nom propre ». Cependant, le génocide étant un crime de droit international, c’est au niveau international que sa qualité est établie. Il faut qu’une commission internationale neutre enquête, qu’une cour internationale se soit penchée sur des actes ; c’est de cette façon que se règlent ce genre d’affaires. Ce n’est pas un Sénat dominé par des terroristes impénitents qui est habilité à qualifier de génocide les actes posés par son organisation de ressort. Ce n’est pas un gouvernement qui, aux Nations Unies, vote contre la responsabilité de protéger, qui peut déclarer ce qu’un génocide est ce qui n’en est pas. Un génocide ne se qualifie pas par des pseudo-analyses d’un pseudo historien.
En attendant, au lieu de laisser les mensonges de Ntibantunganya et de ses complices de la CVR prendre pied, les Burundais bien intentionnés, tout comme les étrangers qui n’ont aucun intérêt à voir le négationnisme érigé en mémoire, sont invités à ne donner aucun crédit aux recommandations issues de cette série de conférences. En lieu et place des pseudo-analyses de ce menteur du FRODEBU, un simple licencié devenu Président de la République par un malheureux accident de l’histoire, nous suggérons de se référer chaque fois que de besoin aux ouvrages produits par des spécialistes du pays réputés pour leur rigueur et leur objectivité.[9]
En conclusion
C'est un fait que la série de conférences organisées par le Sénat du Burundi à partir du 29 avril 2021 pour occulter le génocide tutsi de 1972 a revigoré le mouvement génocidaire panhutiste actuellement au pouvoir au Burundi. C'est un fait également que pour ceux qui ont en horreur la négation et l’impunité du crime de génocide, ces conférences se sont avérées très révoltantes, surtout pour les rescapés tutsi qui voient les bourreaux des leurs se congratuler de parvenir à déformer l’histoire en faisant passer les victimes pour les bourreaux. Il revient cependant à cette dernière catégorie de comprendre les tenants et les aboutissants de ce courant négationniste que servent les conférences de Sylvestre Ntibantunganya et les travaux de la CVR actuelle. Pour ce faire, il faut revisiter l’histoire des commissions de réécriture de l’histoire dans les régimes totalitaires, notamment.
Dans l’ex-URSS par exemple, la chute de tel régime était souvent suivie de la révision des manuels d’histoire ; selon que l’on cherchait à sanctionner ou à élever tel ou tel autre dirigeant, on pouvait aller jusqu’à l’ajout ou au retrait de certaines entrées dans les encyclopédies. Malgré toutes ces réécritures, la vérité historique a fini par être rétablie. Ainsi, plutôt qu'enseigner un aspect de l’histoire du communisme, nous voudrions rassurer ceux-là qui, aujourd’hui, semblent désespérées par un Etat génocidaire et sa CVR aux apparences invincibles qu'une fois que cette tyrannie sera écartée, la vraie histoire sera restaurée.
La donne politique actuelle au Burundi étant ce qu’elle est, c’est-à-dire, avec un Parlement dominé par les terroristes génocidaires dont l’un des objectifs principaux est l’absolution de leurs pères biologiques, les propos de Sylvestre Ntibantunganya risquent décourager les moins tenaces. C’est pour eux que nous écrivons.
L’autocensure observée ces derniers temps chez certains rescapés, à cause notamment de leur position de minorité ethnique, est à bannir. Outre qu’elle risque d’encourager les génocidaires impunis qui sont encore au pouvoir, elle compromet l’esprit de résistance et d’abnégation qu’il faut à notre jeunesse. Heureusement que cette dernière a fini par se réveiller et qu’elle distingue nettement les manœuvres politiciennes pour le pouvoir, de la véritable lutte pour la mémoire, pour la survie et pour la renaissance.
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[1] Voir https://burundi-information.net/preuve-de-la-filiation-frodebu-cndd-fdd.html
[2] Sauf que dans leur cas, les Bahima n’ont jamais eu à se plaindre d’une quelconque exclusion
[3] Remarquons qu’il use des mêmes stratégies discursives que celles qu’on retrouve dans le défunt Accord d’Arusha où on a écrit que le Burundi est un « conflit politique avec des dimensions ethniques extrêmement importantes » -- toute cette gymnastique sémantique pour éviter de reconnaître que c’est un conflit de génocide.
[4] Le Professeur Evariste Ngayimpenda le précise, lui, dans un exposé présenté dans un cadre beaucoup plus respectueux de la vérité historique Voir https://www.youtube.com/watch?v=8zSDojYkgdo
[5] À la mort du Grand Timonier, Hua Guofeng, jusque-là très peu connu, se hissa à la tête de l’Etat grâce à une note que Mao lui aurait écrite de son vivant et qui disait « avec toi aux affaires, je me sens à l’aise ». Pour en savoir plus sur la montée au pouvoir dans la Chine post-Mao des « béni oui-oui de Mao » (ou « whateverists » en anglais), lire « Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier», https://maitron.fr/spip.php?article182118 ; lire aussi Jean-Philippe Béja, « Deng Xiaoping à la barre ». https://www.jstor.org/stable/24268528
[6] Ces massacres dont ont été victimes les Batutsi « ont été mis » sur le dos d’une rébellion. Selon Sylvestre Ntibantunganya, "ce génocide aurait été une réalité si la rébellion avait été capable de s’emparer du pouvoir." Ici, il veut se servir de la tactique de tous les négationnistes et qui est connue depuis la nuit des temps: qu'un génocide n'est possible que quand il est perpétré par les organes du pouvoir. Oublie-t-il que tous ceux qui regardent ses images à la télévision ou sur la toile, ont accès à la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide? Que dans son article de cette convention, ni dans quelque autre disposition, ce texte de référence ne suggère nulle part que l'implication des organes de l'Etat comem élément constitutif du génocide? La haine qui éclipse et qui rend aveugle, voilà qui prend possession de Ntibantunganya. Il fait semblant de douter au début mais au milieu de ses mensonges, il laisse tomber les masques et affirme que 1972 a fait des centaines de milliers de victimes Bahutu.
[7] Voir https://www.burundi-information.net/plan-de-guerre-du-palipehutu.html
[8] Par exemple, on leur réservait un maximum de 10% dans l’enseignement. À noter qu’à l’issue du recensement général de la population de 1980, ayant trouvé que les Tutsi représentaient plus de 10% de la population, le même régime n’osa pas publier officiellement les résultats.
[9] Entre autres sources à consulter : Burundi 1972 au Bord des Génocides de Jean-Pierre CHRÉTIEN et Jean-François DUPAQUIER, Paris, Editions Karthala, 2007 ; Histoire du Conflit Politico-ethnique Burundais : les Premières Marches du Calvaire (1960-1973) d’Évariste NGAYIMPENDA, Bujumbura, Burundi : Editions de la Renaissance, 2007.
Toronto, Ontario.
Mai 2021
Dans le but d’occulter le génocide contre les Tutsi perpétré par l’organisation UBU en 1972, le Sénat du Burundi, dominé par l’organisation terroriste et génocidaire CNDD-FDD, a organisé à partir du 29 avril 2021, une série de conférences. Il a fait recours à un des principaux animateurs de la première heure du cercle génocidaire de l’organisation UBU responsable de ce même génocide que le pouvoir en place s’emploie à nier . En effet, c’est un Sylvestre Ntibantunganya débridé, complètement libéré du lourd fardeau d’avoir planifié le génocide tutsi de 1993, qu’on a vu à l’ouvrage falsificateur d’occultation du génocide anti tutsi de 1972. Le sire avait la tâche facile car, en plus de l’aura qu’il garde pour avoir été à la tête du pays pendant deux longues années, ses complices dans le crime qui sont aujourd’hui au pouvoir veulent faire de lui un "expert spécialiste" à tout prix.
Pourquoi le choix de Sylvestre Ntibantunganya?
Si le pouvoir en place au Burundi tente de faire de Sylvestre Ntibantunganya une référence, il y a des raisons: il faisait partie du Bureau Politique du FRODEBU qui a créé le CNDD/FDD en novembre 1993 à partir de l’hôtel Club du Lac Tanganyika [1]. Ce n’est pas tout, c’est lui qui a armé les miliciens génocidaires du CNDD/FDD lorsqu’il était Président de la République, et c’est sans grande surprise qu’il les a défendues de Bujumbura à Arusha, c’est-à-dire tout au long des négociations qui ont porté au pouvoir ces tueurs sans foi ni loi. Il reste cependant que Ntiba n’est pas le détenteur de la vérité universelle, loin s’en faut. Il est tout simplement dans une position privilégiée.
Face à un falsificateur décidé et appuyé par un régime qu’il a contribué à asseoir, nous ne pouvons pas croiser les bras, bien au contraire. C’est un devoir sacré de tailler en pièces ces mensonges et de remettre Sylvestre Ntibantunganya et ses compères de la CVR, à leur place. Il nous faut donc déconstruire les pseudo-analyses présentées par Ntibantunganya. Pour éviter que notre jeunesse ne grandisse en s’abreuvant des seuls mensonges des génocidaires au pouvoir, pour que l’opinion nationale ne se fasse abuser encore une fois par ces négationnistes et pour que la communauté internationale ne finisse par se faire piéger comme ce fut le cas à Arusha entre juin 1998 et août 2000. Il est à noter en passant qu’il reste particulièrement inquiétant de voire les Burundais non-partisans des génocidaires au pouvoir rester tranquilles face à l’élévation du mensonge négationniste en vérité historique.
Que des mensonges.
Selon Sylvestre Ntibantunganya, les antagonismes ethniques, ce qu’il appelle « les contradictions basées sur les pseudo ethnies », sont antérieures à la colonisation. Or, il y avait des inégalités certes, notamment eu égard au niveau d’aisance matériel, mais la réalité est qu’on trouve dans cette société précoloniale des riches et des pauvres dans toutes les composantes de la population. Il y avait également des interdits concernant des groupes sociaux entiers mais ils touchaient les clans et jamais les « ethnies ». Bien plus, les contraintes et autres interdictions institutionnalisées n’étaient pas l’apanage des seuls Bahutu comme veut le faire croire Sylvestre Ntibantunganya. Ainsi par exemple, certains lignages Bahima étaient frappés par certaines de ces mesures [2]. L’exclusion de ces Bahutu que tente de suggérer Ntibantunganya fait complètement fi de la position privilégiée tenue par deux principaux clans hutu : en tant que devins de la cour et ritualistes du Muganuro, les Bahanza et les Bajiji ont été, depuis la fondation du Royaume du Burundi, les véritable maîtres du pouvoir. Par exemple, c’est eux qui devaient désigner le successeur du roi, entre autres attributions.
Que faut-il voir dans cette déformation de la réalité à laquelle se livre Ntibantunganya ? Tentative de disculper les colons et les néo-colons et accuser en filigrane les Batutsi que la littérature pro-génocidaire fait toujours passer comme ayant exercé le pouvoir depuis la période précoloniale alors que celui-ci était entre les mains des Bahanza et des Bajiji ? Le discours de Ntibantunganya au cours de cette fameuse série de conférences suggère qu’il s’agit des deux. Et à côté de cette manœuvre double qui se veut une contribution à la construction de cette mémoire hutu si chère au régime génocidaire du CNDD-FDD, Ntibantunganya surligne la révolte de Kanyarufunzo et Inamujandi qu’elles avaient des « aspects » ethniques[3].
Le faux historien de Ntibantunganya
Dans son rôle d’historien, qu’il interprète plutôt mal, Ntibantunganya cherche à asseoir la thèse d’un Paul Mirerekano écarté du pouvoir parce qu’il était Hutu. Il prétend qu’à la disparition de Son Altesse Royale Louis Rwagasore en octobre 1961, Mirerekano considérait que la présidence de l’UPRONA était garantie.
Si Ntibantunganya était véridique, il vous dirait que Rwagasore n’était pas Président de l’UPRONA et que ce que Mirerekano faisait valoir, c’était en tout et pour tout une promesse verbale que lui aurait faite Rwagasore, promesse qui n’était consignée nulle part.[4]
Si Ntibantunganya était bon historien, ce qui est loin d’être le cas, il aurait reconnu la similarité de cette crise de succession avec celle qui eut lieu en Chine à la mort de Mao Zedong.[5] Mais par-dessus tout, il aurait tout au moins partagé des faits historiques bien précis et qui montreraient comment cette crise de succession constitue certes un des premiers facteurs ayant favorisé la gestation de l’idéologie génocidaire au Burundi, même si ce n’est pas dans le sens que les génocidaires actuellement au pouvoir tentent de la présenter en vue de sa surexploitation.
Si Ntibantunganya avait été bien intentionné, il ne serait pas passé rapidement sur le fait que du vivant de Rwagasore, ce parti n’avait pas été affecté par le courant hutisant anti tutsi qui venait de prendre pied au Rwanda en 1959. Ensuite, il aurait précisé que la crise de succession à Son Altesse Louis Rwagasore concernait la Primature. Bien plus, il aurait dit que ce n’est pas Paul Mirerekano qui était pressenti pour succéder Rwagasore à la Primature, que c’était Pierre Ngendandumwe, compte tenu de sa position en tant que Vice-premier Ministre. Enfin, Ntibantunganya ne vous dira jamais le pourquoi de cette plaidoirie en faveur de Paul Mirerekano : ce dernier avait déjà fait sienne l’idéologie suprématiste hutu du Rwanda ; il en fera montre en créant les Jeunesses Mirerekano, celles-là même qui décimeront les Tutsi dans l’actuelle commune de Bukeye en 1965.
L’autre déformation de taille de l’histoire du Burundi dont Ntibantunganya se rend coupable est en rapport avec la tentative de Coup d’État d’octobre 1965, dont il place les préliminaires, qu’il attribue aux Tutsi, au 11 octobre 1965 (sans citer aucune source). La vérité est que c’est le 18 octobre de la même année que ces génocidaires admirateurs du modèle rwandais de 1959 prennent pour alibi l’impossibilité de nomination de Bihumugani (qui n’est ni hutu ni tutsi, qui n’est pas de du PP ni de l’UPRONA), pour lancer leur coup qui devait aboutir à l’assassinat du Mwami Mwambutsa Bangiricenge et l’élimination des Tutsi de tout le royaume. Ils échouèrent pour ce qui est du régicide, mais leur plan génocidaire anti tutsi faillit aboutir, notamment dans l’actuelle Commune Bukeye où les Jeunesses Mirerekano massacrèrent tous les Tutsi qu’ils parvinrent à trouver. Voilà qui explique la plaidoirie pathétique de Ntibantuganya pour Paul Mirerekano. C’est également cela qui explique son acharnement contre le Capitaine Micombero qui, en sa qualité de Secrétaire d'Etat à l’a Défense, mâta les putschistes génocidaires non sans que ces derniers eussent réussi à liquider un bon nombre d’officiers et sous-officiers tutsi. À la lumière de ces précisions, on comprend pourquoi Sylvestre Ntibantunganya ne souffle mot sur le plan d’élimination des Tutsi qui guidait les Jeunesses Mirerekano d’une part et les hommes du Commandant Serukwavu d'autre. Cela explique aussi pourquoi lorsqu’il parle des Tutsi comme auteurs présumés d’atrocités, Sylvestre Ntibantunganya se permet, sans état d’âmes, de recourir à l’animalisation (« Micombero et ses hommes sortent leurs griffes… »), chose qu’il ne fait jamais pour les présumés hutu qu’il présente plutôt comme des victimes innocentes.
Quand il fait mine de stigmatiser le mouvement génocidaire hutisant UBU qui faillit exterminer les Tutsi en 1972, Ntibantunganya l’appelle affectueusement « rébellion hutu».[6] On a pas besoin d'être sémanticien pour noter la différence. En effet, en cas d'une revendication légitime, il est normal de se rebeller à l'autorité comme mode de pression. Si on se rebelle, on cesse par exemple de payer ses taxes, de participer aux travaux communautaires, etc. Bref, on fait de la désobéissance civile, ce qui est différent d'éliminer physiquement tout un peuple. Si on est de bonne foi, on ne décapite pas à la machette les membres d’un groupe social, fut-il celui d’où proviennent les plus hauts dirigeants du pays. C’est ce genre d'actes que Ntibatunganya tente d’habiller convenablement en rébellion.
Par son usage répété de « oligarchie hima », Sylvestre Ntibantunganya s’emploie activement à cultiver cette mémoire panhutiste anti tutsi si chère au régime génocidaire du CNDD-FDD. Il a beau feindre de le mettre entre guillemets, tous ceux qui suivent l’histoire politique du Burundi savent que seuls les supporteurs et les propagandistes des terroristes génocidaires burundais utilisent le vocable « hima » comme code désignant les Tutsi.
Ntibantunganya cultive en outre la division intra tutsi. Evoquant la tentative de coup d'Etat de 1971, il parle de de "putsch des Abatutsi-banyaruguru." Cette expression est des seuls divisionnistes, surtout ceux de la trempe de Ntibantunganya, car chez tous les chercheurs dignes de ce nom, le coup d’État de 1971 est connu comme "l’affaire Ntungumburanye." Les déformations de Syvestre Ntibantunganya ne sont pas sans rappeler le "Plan de guerre du PALIPEHUTU;" c’est lui qui insiste sur la nécessite de diviser les Batutsi, notamment sur des bases régionales et claniques.[7]
Les analyses de Ntibantunganya ne sont pas crédibles
L’exposé de Ntibantunganya est gravement affecté par son silence sur la nature génocidaire du régime ethniste hutisant et anti tutsi au Rwanda en 1959, opération que les promoteurs et autres continuateurs de cette œuvre odieuse appelleront abusivement « révolution sociale rwandaise ». Pourquoi donc ne le fait-il pas ? De deux choses l’une. Ou bien il est piètre historien, ce qui n’est pas à exclure complètement comme montré plus haut, ou bien il voulait éviter de toucher à l’origine commune des génocidaires burundais et rwandais. En effet, aucun analyste du Burundi digne de ce nom n’ignore le lien historique entre les deux pays ; et il n’y a que des pro-génocidaires comme Ntibantunganya à se référer à la pseudo-révolution rwandaise sans la mettre entre guillemets. Voilà pourquoi la crédibilité de Sylvestre Ntibantunganya dans son rôle de référence historique que lui a assigné le régime de l’organisation terroriste génocidaire CNDD-FDD, est irrémédiablement affectée.
Il ne suffit pas en effet que Sylvestre Ntibantunganya fasse allusion ici et là « aux Tutsi victimes de violences », pour qu’on ferme les yeux sur sa volonté délibérée de tout noyer dans le vocable « rébellion ». Il n’est pas question non plus d’oublier sa sympathie pour le mouvement génocidaire panhutiste né au Rwanda en 1959 et où prévalait, jusqu’ à juillet 1994, un régime hutisant qui avait légalisé l’exclusion des Tutsi au moyen d’un système de quotas ethniques.[8] Sur ce même chapitre, nos jeunes doivent savoir que le même Sylvestre Ntibantunganya, Cyprien Ntaryamira et le fameux Melchior Ndadaye, ont été nourris idéologiquement au sein de cette république génocidaire pendant des périodes allant de 5 à 11 ans.
Et alors ?
Une telle situation a produit des sentiments diversifiés. D’un côté, les génocidaires impunis et impénitents (qu’ils soient du CNDD-FDD au pouvoir ou des autres descendants de l’organisation UBU, à savoir FRODEBU, PALIPEHUTU, FNL et, dans une proportion moindre, CNL), se congratulent d’avoir les coudées franches pour déformer la réalité du pays qu’ils ont meurtris depuis 1965. D’un autre, les rescapés tutsi, qu’ils soient de l’intérieur ou de la diaspora, se sont retrouvés désespérés ou révoltés -- ou indifférents pour ceux qui ont été complètement formates à recevoir passivement ce genre de sauce depuis l’année fatidique du 25 juillet 1996 où un homme qu’on a plus besoin de nommer surgit avec le slogan de mettre fin au génocide alors qu’en réalité, il venait réanimer le mouvement génocidaire acculé.
Mais en somme, Ntibantunganya a beau produire une analyse, cette dernière reste désespérément mince et extrêmement partisane. L’on comprend volontiers que tout avait été mis en œuvre pour qu’il déclare que « Le génocide des Bahutu du Burundi, c’est cela le nom propre ». Cependant, le génocide étant un crime de droit international, c’est au niveau international que sa qualité est établie. Il faut qu’une commission internationale neutre enquête, qu’une cour internationale se soit penchée sur des actes ; c’est de cette façon que se règlent ce genre d’affaires. Ce n’est pas un Sénat dominé par des terroristes impénitents qui est habilité à qualifier de génocide les actes posés par son organisation de ressort. Ce n’est pas un gouvernement qui, aux Nations Unies, vote contre la responsabilité de protéger, qui peut déclarer ce qu’un génocide est ce qui n’en est pas. Un génocide ne se qualifie pas par des pseudo-analyses d’un pseudo historien.
En attendant, au lieu de laisser les mensonges de Ntibantunganya et de ses complices de la CVR prendre pied, les Burundais bien intentionnés, tout comme les étrangers qui n’ont aucun intérêt à voir le négationnisme érigé en mémoire, sont invités à ne donner aucun crédit aux recommandations issues de cette série de conférences. En lieu et place des pseudo-analyses de ce menteur du FRODEBU, un simple licencié devenu Président de la République par un malheureux accident de l’histoire, nous suggérons de se référer chaque fois que de besoin aux ouvrages produits par des spécialistes du pays réputés pour leur rigueur et leur objectivité.[9]
En conclusion
C'est un fait que la série de conférences organisées par le Sénat du Burundi à partir du 29 avril 2021 pour occulter le génocide tutsi de 1972 a revigoré le mouvement génocidaire panhutiste actuellement au pouvoir au Burundi. C'est un fait également que pour ceux qui ont en horreur la négation et l’impunité du crime de génocide, ces conférences se sont avérées très révoltantes, surtout pour les rescapés tutsi qui voient les bourreaux des leurs se congratuler de parvenir à déformer l’histoire en faisant passer les victimes pour les bourreaux. Il revient cependant à cette dernière catégorie de comprendre les tenants et les aboutissants de ce courant négationniste que servent les conférences de Sylvestre Ntibantunganya et les travaux de la CVR actuelle. Pour ce faire, il faut revisiter l’histoire des commissions de réécriture de l’histoire dans les régimes totalitaires, notamment.
Dans l’ex-URSS par exemple, la chute de tel régime était souvent suivie de la révision des manuels d’histoire ; selon que l’on cherchait à sanctionner ou à élever tel ou tel autre dirigeant, on pouvait aller jusqu’à l’ajout ou au retrait de certaines entrées dans les encyclopédies. Malgré toutes ces réécritures, la vérité historique a fini par être rétablie. Ainsi, plutôt qu'enseigner un aspect de l’histoire du communisme, nous voudrions rassurer ceux-là qui, aujourd’hui, semblent désespérées par un Etat génocidaire et sa CVR aux apparences invincibles qu'une fois que cette tyrannie sera écartée, la vraie histoire sera restaurée.
La donne politique actuelle au Burundi étant ce qu’elle est, c’est-à-dire, avec un Parlement dominé par les terroristes génocidaires dont l’un des objectifs principaux est l’absolution de leurs pères biologiques, les propos de Sylvestre Ntibantunganya risquent décourager les moins tenaces. C’est pour eux que nous écrivons.
L’autocensure observée ces derniers temps chez certains rescapés, à cause notamment de leur position de minorité ethnique, est à bannir. Outre qu’elle risque d’encourager les génocidaires impunis qui sont encore au pouvoir, elle compromet l’esprit de résistance et d’abnégation qu’il faut à notre jeunesse. Heureusement que cette dernière a fini par se réveiller et qu’elle distingue nettement les manœuvres politiciennes pour le pouvoir, de la véritable lutte pour la mémoire, pour la survie et pour la renaissance.
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[1] Voir https://burundi-information.net/preuve-de-la-filiation-frodebu-cndd-fdd.html
[2] Sauf que dans leur cas, les Bahima n’ont jamais eu à se plaindre d’une quelconque exclusion
[3] Remarquons qu’il use des mêmes stratégies discursives que celles qu’on retrouve dans le défunt Accord d’Arusha où on a écrit que le Burundi est un « conflit politique avec des dimensions ethniques extrêmement importantes » -- toute cette gymnastique sémantique pour éviter de reconnaître que c’est un conflit de génocide.
[4] Le Professeur Evariste Ngayimpenda le précise, lui, dans un exposé présenté dans un cadre beaucoup plus respectueux de la vérité historique Voir https://www.youtube.com/watch?v=8zSDojYkgdo
[5] À la mort du Grand Timonier, Hua Guofeng, jusque-là très peu connu, se hissa à la tête de l’Etat grâce à une note que Mao lui aurait écrite de son vivant et qui disait « avec toi aux affaires, je me sens à l’aise ». Pour en savoir plus sur la montée au pouvoir dans la Chine post-Mao des « béni oui-oui de Mao » (ou « whateverists » en anglais), lire « Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier», https://maitron.fr/spip.php?article182118 ; lire aussi Jean-Philippe Béja, « Deng Xiaoping à la barre ». https://www.jstor.org/stable/24268528
[6] Ces massacres dont ont été victimes les Batutsi « ont été mis » sur le dos d’une rébellion. Selon Sylvestre Ntibantunganya, "ce génocide aurait été une réalité si la rébellion avait été capable de s’emparer du pouvoir." Ici, il veut se servir de la tactique de tous les négationnistes et qui est connue depuis la nuit des temps: qu'un génocide n'est possible que quand il est perpétré par les organes du pouvoir. Oublie-t-il que tous ceux qui regardent ses images à la télévision ou sur la toile, ont accès à la Convention pour la Prévention et la Répression du Crime de Génocide? Que dans son article de cette convention, ni dans quelque autre disposition, ce texte de référence ne suggère nulle part que l'implication des organes de l'Etat comem élément constitutif du génocide? La haine qui éclipse et qui rend aveugle, voilà qui prend possession de Ntibantunganya. Il fait semblant de douter au début mais au milieu de ses mensonges, il laisse tomber les masques et affirme que 1972 a fait des centaines de milliers de victimes Bahutu.
[7] Voir https://www.burundi-information.net/plan-de-guerre-du-palipehutu.html
[8] Par exemple, on leur réservait un maximum de 10% dans l’enseignement. À noter qu’à l’issue du recensement général de la population de 1980, ayant trouvé que les Tutsi représentaient plus de 10% de la population, le même régime n’osa pas publier officiellement les résultats.
[9] Entre autres sources à consulter : Burundi 1972 au Bord des Génocides de Jean-Pierre CHRÉTIEN et Jean-François DUPAQUIER, Paris, Editions Karthala, 2007 ; Histoire du Conflit Politico-ethnique Burundais : les Premières Marches du Calvaire (1960-1973) d’Évariste NGAYIMPENDA, Bujumbura, Burundi : Editions de la Renaissance, 2007.