DU FAUX SCOOP QUE LE JOURNAL IWACU FAIT SUR CHARLES MUKASI
BURUNDI INFORMATION (le 31 mai 2011). Notre rédaction a choisi de se pencher aujourd’hui sur un article paru dans le journal Iwacu du vendredi 27 mai 2011 (numéro 117) et qui parle de la demande d’asile au Canada par Charles Mukasi, Président du Parti UPRONA. Bien des observateurs se sont demandés pourquoi Iwacu est revenu sur une décision vieille de plus d'une année. Le document présenté par le journal IWACU n’est pas un élément d’actualité, et il se trouve en intégralité sur le site web de la Cour fédérale du Canada depuis avril 2010. Vu le flou qui entoure ce « scoop » qui n’en est pas un, nous allons y répondre en deux temps. Dans ce numéro, nous rappellerons certains faits axiaux à ce dossier mais que le Journal n’a pas publiés, puis nous nous interrogerons ensuite sur les mobiles. Dans notre prochaine livraison, nous comparerons cet article avec d'autres que le journal Iwacu a publiés récemment sur des cas pareils ou apparentés
Quelques faits relatifs la demande d'asile de Charles Mukasi
1. Charles Mukasi a demandé protection auprès du gouvernement du Canada en 0ctobre 2005. Au regard du traitement qui lui était réservé et du sort que subissent des personnalités qui militent contre le régime en place et de manière moins mordante que lui, on ne peut pas dire qu’il était entre de bonnes mains au Burundi. On ne peut pas dire non plus que les Burundais qui parviennent à fuir le régime en place fuient la paix, la démocratie et l’Etat de droit.
2. Deux mois à peine après son entrée au Canada, Charles Mukasi a obtenu le statut de réfugié par décision de la Commission de l’Immigration et du Statut des Réfugiés du Canada, Section de la Protection des Réfugiés, en décembre 2005.
3. En avril 2006, un appel a été fait contre cette décision, appel dont les auteurs ont été déboutés pour avoir eu recours aux mensonges sur les faits de fond et de procédure. Le statut de réfugié a été reconfirmé par la Commission de l’Immigration et du Statut des Réfugiés du Canada, Section de la Protection des Réfugiés. Les mêmes motifs d’appel ont alors été portés devant la Cour fédérale qui a rendu la décision dont le processus a conduit à la décision à laquelle se réfère le journal Iwacu dans son édition du 29 mai 2011 - nº117.
4. Cette décision est publique comme celles concernant des centaines de Burundais dans la même situation; il n’y a donc rien de singulier concernant Charles Mukasi, sauf que personne ne croit encore que l’opposant contre les criminels serait accusé des crimes qu’il combat au péril de sa vie. Cette décision ressemble, quant au fond et dans la forme, aux centaines d’autres prises et publiées à l’encontre des Burundais qui, par exemple pour avoir simplement été fonctionnaires au Burundi ou occupé le moindre semblant de position politique, sont automatiquement déclarés co-auteurs ou complices des crimes commis par les dictatures en place au Burundi et donc non éligibles au statut de réfugiés.
5. Les faits et interprétations en cause, comme les falsifications d’identités, inventions des faits et évènements, sont encore sous examen dans d’autres procédures; il est donc encore inopportun de les commenter dans ce cadre-ci.
L'article d’Iwacu sur Charles Mukasi: un faux scoop
6. On ne peut pas ne s’interroger sur l’intérêt qu’a Iwacu de publier aujourd’hui une décision qui n’est plus d’aucune actualité et n’a jamais rien eu d’original. Des centaines de burundais sont traités de criminels contre l’Humanité uniquement parce que soupçonnés ou accusés d’avoir été au service du gouvernement du Burundi, et qui, il n’y a pas longtemps, était encore le seul employeur sur le marché du travail. Le schéma est alors toujours le même, très caricatural et pré-écrit à l’avance : « vous connaissez l’organisation, vous y avez adhéré, vous y êtes restés ». Cela paraît suffisant pour être traité de criminel contre l’Humanité et non éligible au statut de réfugiés. 7. Aucun fait ni raisonnement sain ne peut conduire à la conclusion qu’une personnalité aussi engagée contre le racisme ethnique et contre le génocide est un criminel contre l’Humanité. L’Histoire de l’Humanité n’a jamais fourni de cas de criminels du genre qui passent l’essentiel de leur vie, et au péril de celle-ci, à critiquer et condamner le racisme et le génocide. La même Histoire ne recense aucun cas de criminel contre l’Humanité qui exige en permanence que les criminels dont il fait partie soient plutôt à leur juste place, à savoir devant les tribunaux et non dans les institutions du pouvoir.
8. Quel assassin ou complice dans l’assassinat de Ndadaye serait contre l’impunité institutionnelle d’Arusha alors que cette impunité garantit la non poursuite des auteurs et complices de tous les crimes commis au Burundi? A moins que Charles Mukasi ne soit fou.
9. Aucune institution, université ni chercheur parmi ceux qui conduisent des travaux sur la lutte contre le racisme et le génocide, n’a recours aux services de criminels contre l’Humanité en tant que consultants, chercheurs, conférenciers,... comme l'a été et l’est encore aujourd’hui Charles Mukasi.
10.On ne peut pas non plus dire sans violer les faits, les conscience et le droit, que tout acte d’adhésion à lUPRONA est un acte de complicité avec les crimes de Micombero, Bagaza et Buyoya. Ce n’est pas ce qu’affirment les documents sources dont se prévalent les rédacteurs de la décision. Car en effet il y a des raisons d’adhérer à l’UPRONA, notamment la foi des Hutu et des Tutsi libéraux qui croient que l’idéal de Rwagasore n’est pas mort. Les mêmes documents sont sans équivoque : sous Micombero et Bagaza, ces Hutu et les Tutsi libéraux membres du parti UPRONA étaient exclus du pouvoir; ils ont constitué une opportunité d’ouverture démocratique.
En guise de conclusion
11.Le moment de cette publication de l’article du journal Iwacu n’est pas un fait du hasard. Elle intervient dans une période où, toujours dans la logique de falsification des identités, des faits et de leur interprétation, certaines groupes produisent et diffusent, en les falsifiant, les éléments faisant partie du dossier de Charles Mukasi, associant les noms des dictateurs burundais comme Buyoya et des Ministres de Micombero qu’ils affirment être non seulement des membres de la famille de Charles Mukasi, mais que cela est une preuve d’extrémisme et de complicité avec les crimes contre l’Humanité. Demain un décideur pourrait s’en saisir ou être poussé à le faire et croire avoir fondé son avis sur des sources dignes de foi.
12. Sans Charles Mukasi ces pratiques resteraient probablement inconnues et les victimes continueraient à s’accumuler. Mais comment cela devient-il possible dans un pays comme le Canada? Pour des raisons précises, parmi celles que combattent Charles Mukasi ainsi que les organisations et autres personnalités qui militent contre le racisme ethnique et le génocide. Il existe notamment un phénomène décrit par les spécialistes qu’on appelle « accusation ou propagande en miroir » : l’accusation en miroir est l’un des ressorts classiques de la propagande génocidaire, notamment de la propagande nazie , confie Jean-Pierre Chrétien. Cela consiste à attribuer à l'adversaire ce que l’on prépare soi-même, à faire des futures victimes les vrais coupables. C’est par ce procédé que les militants de l’UPRONA et d’AC Génocide notamment, dont Charles Mukasi, sont transformés en criminels contre l’Humanité, et extrémistes ennemis de la paix. On n’est pas obligé d’être d’accord avec Charles Mukasi pour le constater.
13. Ce que l’opnion ignore peut-etre, c’est que les fonctionnaires et informateurs du ministere gouvernemental canadien concerné, les ONGs et surtout les journalistes, ne sont pas à l’abri de ce genre de propagande dont les auteurs essaient de faire passer le mensonge dans les médias internationaux, souvent non sans succèsrappelle Jean Pierre Chrétien en introduction du livre de Zacharie Bukuru, Les Quarante Jeunes Martyrs de Butaparu chez Karthala en 2004. Cette désinformation est écœurante , poursuit cette éminence de l’Histoire du Burundi. Elle pose plus généralement la question des disfonctionnements de la défense des droits de l’Homme et de l’expertise humanitaire quand ces actions sont totalement déconnectées des réalités vécues par les gens sur le terrain et qu’elles se lient à des groupuscules politiques installés à l’étranger. Cela a aussi été observé souvent dans le cas du Rwanda, et parfois même au sein des organisations les plus renommées. Sur les situations du Sud, la parole du Nord est sans cesse convoquée, quelle que soit la nature des informations fournies ainsi de l’extérieur. Rien n’est simple, en Afrique comme ailleurs, et la vérité des situations ne peut être approchée que par un croisement des informations, et d’abord par la précision des faits enregistrés, avant que des interprétations ne soient lancées au gré des opinions. pages 8-9
14. Les militants engagés contre le racisme et contre le génocide, les partisans de la restauration de l’Etat de Droit doivent doubler de foi dans leurs initiatives, car c’est parce que les choses sont ainsi que le changement doit avoir lieu. Et ce qui semble peu ou pas du tout respectable aujourd’hui va l’être demain. Il suffit de rester fier de ses idées, des idées positives car elles ne tuent pas; elles sauvent. (BINFO)
Quelques faits relatifs la demande d'asile de Charles Mukasi
1. Charles Mukasi a demandé protection auprès du gouvernement du Canada en 0ctobre 2005. Au regard du traitement qui lui était réservé et du sort que subissent des personnalités qui militent contre le régime en place et de manière moins mordante que lui, on ne peut pas dire qu’il était entre de bonnes mains au Burundi. On ne peut pas dire non plus que les Burundais qui parviennent à fuir le régime en place fuient la paix, la démocratie et l’Etat de droit.
2. Deux mois à peine après son entrée au Canada, Charles Mukasi a obtenu le statut de réfugié par décision de la Commission de l’Immigration et du Statut des Réfugiés du Canada, Section de la Protection des Réfugiés, en décembre 2005.
3. En avril 2006, un appel a été fait contre cette décision, appel dont les auteurs ont été déboutés pour avoir eu recours aux mensonges sur les faits de fond et de procédure. Le statut de réfugié a été reconfirmé par la Commission de l’Immigration et du Statut des Réfugiés du Canada, Section de la Protection des Réfugiés. Les mêmes motifs d’appel ont alors été portés devant la Cour fédérale qui a rendu la décision dont le processus a conduit à la décision à laquelle se réfère le journal Iwacu dans son édition du 29 mai 2011 - nº117.
4. Cette décision est publique comme celles concernant des centaines de Burundais dans la même situation; il n’y a donc rien de singulier concernant Charles Mukasi, sauf que personne ne croit encore que l’opposant contre les criminels serait accusé des crimes qu’il combat au péril de sa vie. Cette décision ressemble, quant au fond et dans la forme, aux centaines d’autres prises et publiées à l’encontre des Burundais qui, par exemple pour avoir simplement été fonctionnaires au Burundi ou occupé le moindre semblant de position politique, sont automatiquement déclarés co-auteurs ou complices des crimes commis par les dictatures en place au Burundi et donc non éligibles au statut de réfugiés.
5. Les faits et interprétations en cause, comme les falsifications d’identités, inventions des faits et évènements, sont encore sous examen dans d’autres procédures; il est donc encore inopportun de les commenter dans ce cadre-ci.
L'article d’Iwacu sur Charles Mukasi: un faux scoop
6. On ne peut pas ne s’interroger sur l’intérêt qu’a Iwacu de publier aujourd’hui une décision qui n’est plus d’aucune actualité et n’a jamais rien eu d’original. Des centaines de burundais sont traités de criminels contre l’Humanité uniquement parce que soupçonnés ou accusés d’avoir été au service du gouvernement du Burundi, et qui, il n’y a pas longtemps, était encore le seul employeur sur le marché du travail. Le schéma est alors toujours le même, très caricatural et pré-écrit à l’avance : « vous connaissez l’organisation, vous y avez adhéré, vous y êtes restés ». Cela paraît suffisant pour être traité de criminel contre l’Humanité et non éligible au statut de réfugiés. 7. Aucun fait ni raisonnement sain ne peut conduire à la conclusion qu’une personnalité aussi engagée contre le racisme ethnique et contre le génocide est un criminel contre l’Humanité. L’Histoire de l’Humanité n’a jamais fourni de cas de criminels du genre qui passent l’essentiel de leur vie, et au péril de celle-ci, à critiquer et condamner le racisme et le génocide. La même Histoire ne recense aucun cas de criminel contre l’Humanité qui exige en permanence que les criminels dont il fait partie soient plutôt à leur juste place, à savoir devant les tribunaux et non dans les institutions du pouvoir.
8. Quel assassin ou complice dans l’assassinat de Ndadaye serait contre l’impunité institutionnelle d’Arusha alors que cette impunité garantit la non poursuite des auteurs et complices de tous les crimes commis au Burundi? A moins que Charles Mukasi ne soit fou.
9. Aucune institution, université ni chercheur parmi ceux qui conduisent des travaux sur la lutte contre le racisme et le génocide, n’a recours aux services de criminels contre l’Humanité en tant que consultants, chercheurs, conférenciers,... comme l'a été et l’est encore aujourd’hui Charles Mukasi.
10.On ne peut pas non plus dire sans violer les faits, les conscience et le droit, que tout acte d’adhésion à lUPRONA est un acte de complicité avec les crimes de Micombero, Bagaza et Buyoya. Ce n’est pas ce qu’affirment les documents sources dont se prévalent les rédacteurs de la décision. Car en effet il y a des raisons d’adhérer à l’UPRONA, notamment la foi des Hutu et des Tutsi libéraux qui croient que l’idéal de Rwagasore n’est pas mort. Les mêmes documents sont sans équivoque : sous Micombero et Bagaza, ces Hutu et les Tutsi libéraux membres du parti UPRONA étaient exclus du pouvoir; ils ont constitué une opportunité d’ouverture démocratique.
En guise de conclusion
11.Le moment de cette publication de l’article du journal Iwacu n’est pas un fait du hasard. Elle intervient dans une période où, toujours dans la logique de falsification des identités, des faits et de leur interprétation, certaines groupes produisent et diffusent, en les falsifiant, les éléments faisant partie du dossier de Charles Mukasi, associant les noms des dictateurs burundais comme Buyoya et des Ministres de Micombero qu’ils affirment être non seulement des membres de la famille de Charles Mukasi, mais que cela est une preuve d’extrémisme et de complicité avec les crimes contre l’Humanité. Demain un décideur pourrait s’en saisir ou être poussé à le faire et croire avoir fondé son avis sur des sources dignes de foi.
12. Sans Charles Mukasi ces pratiques resteraient probablement inconnues et les victimes continueraient à s’accumuler. Mais comment cela devient-il possible dans un pays comme le Canada? Pour des raisons précises, parmi celles que combattent Charles Mukasi ainsi que les organisations et autres personnalités qui militent contre le racisme ethnique et le génocide. Il existe notamment un phénomène décrit par les spécialistes qu’on appelle « accusation ou propagande en miroir » : l’accusation en miroir est l’un des ressorts classiques de la propagande génocidaire, notamment de la propagande nazie , confie Jean-Pierre Chrétien. Cela consiste à attribuer à l'adversaire ce que l’on prépare soi-même, à faire des futures victimes les vrais coupables. C’est par ce procédé que les militants de l’UPRONA et d’AC Génocide notamment, dont Charles Mukasi, sont transformés en criminels contre l’Humanité, et extrémistes ennemis de la paix. On n’est pas obligé d’être d’accord avec Charles Mukasi pour le constater.
13. Ce que l’opnion ignore peut-etre, c’est que les fonctionnaires et informateurs du ministere gouvernemental canadien concerné, les ONGs et surtout les journalistes, ne sont pas à l’abri de ce genre de propagande dont les auteurs essaient de faire passer le mensonge dans les médias internationaux, souvent non sans succèsrappelle Jean Pierre Chrétien en introduction du livre de Zacharie Bukuru, Les Quarante Jeunes Martyrs de Butaparu chez Karthala en 2004. Cette désinformation est écœurante , poursuit cette éminence de l’Histoire du Burundi. Elle pose plus généralement la question des disfonctionnements de la défense des droits de l’Homme et de l’expertise humanitaire quand ces actions sont totalement déconnectées des réalités vécues par les gens sur le terrain et qu’elles se lient à des groupuscules politiques installés à l’étranger. Cela a aussi été observé souvent dans le cas du Rwanda, et parfois même au sein des organisations les plus renommées. Sur les situations du Sud, la parole du Nord est sans cesse convoquée, quelle que soit la nature des informations fournies ainsi de l’extérieur. Rien n’est simple, en Afrique comme ailleurs, et la vérité des situations ne peut être approchée que par un croisement des informations, et d’abord par la précision des faits enregistrés, avant que des interprétations ne soient lancées au gré des opinions. pages 8-9
14. Les militants engagés contre le racisme et contre le génocide, les partisans de la restauration de l’Etat de Droit doivent doubler de foi dans leurs initiatives, car c’est parce que les choses sont ainsi que le changement doit avoir lieu. Et ce qui semble peu ou pas du tout respectable aujourd’hui va l’être demain. Il suffit de rester fier de ses idées, des idées positives car elles ne tuent pas; elles sauvent. (BINFO)