GENOCIDE DES TUTSI: A TORONTO, LES RWANDAIS COMMEMORENT, LES BURUNDAIS SE TAISENT
Burundi Information (le 19 avril 2013). La commemoration du genocide de 1994 contre les tutsi du Rwanda a débuté à Toronto le samedi 13 avril 2013. A cette occasion, la section canadienne du réseau de la diaspora rwandaise, avait organisé une conférence publique avec un panel imposant de 2 députés canadiens, 4 professeurs d'université et bien entendu l’ambassadeur de la république rwandaise au Canada. C’est dans l'amphithéâtre de la Faculté de Gestion de l'Université Ryerson, située dans le centre-ville de Toronto, que se sont déroulées les cérémonies de la journée avec un public oscillant autour de 300, principalement des Rwandais, des et des Canadiens. Quelques burundais y ont pris par, notamment le Mushingantahe Zénon Nicayenzi et d’autres membres de l’association de lutte contre le génocide AC Genocide Canada.
Après un mot d’accueil par une rwandaise membre du comité d’organisation de l'événement, une courte prière a suivi en anglais; puis, les participants ont écouté une série d'exposés. Prenant la parole le premier, le Parlementaire canadien Irwin Cotler a rappelé à l’assistance que la population victime peut toujours avoir du soutien de la part des populations environnantes. Les propos de l’Honorable Gotler ont été suivis par les exposés des conférenciers que nous regroupons en deux groupes: les exposés à caractère scientifique ainsi que les témoignages de survivants.
Le premier exposé a voir retenu l’attention de l'assistance fut celui de Dr. Eugène Nshimiyimana, un survivant du génocide qui enseigne à l'Université McMaster dans la ville de Hamilton, Ontario. Sa réflexion était axé sur ce qui a rendu possibles la conception et le déroulement du génocide des tutsi du Rwanda. De l’avis de ce Professeur de littératures francophones, c’est parce qu’il y avait absence d’un troisième personnage et ce au cours de trois synchronies principales de l’histoire du Rwanda, a savoir, la période monarchique, la colonisation et enfin, la Republique. En gros, le tiers aurait dû servir de référence et de régulateur.
Le deuxième exposé a été donné par Dr. Amanda Grzyb et il portait sur le rôle des media dans le génocide des tutsi du Rwanda en 1994. On a surtout remarqué son insistance sur le peu de soucis que le génocide des tutsi du Rwanda a suscité auprès des media occidentaux. Comme il n’y a pas au Rwanda d'intérêts visibles pour les puissances occidentales, les media de ces pays ont plutôt porté leur attention sur ce qui était en train de se passer dans d’autres parties du monde. A l’exception notable du correspondant de la BBC, Mark Doyle. Et ce n’est que vers la fin, après des semaines et des semaines, que les media occidentaux ont osé parler de génocide des tutsi au Rwanda. Évoquant brièvement les leçons a tirer de ces insuffisances dans la couverture mmunication du drame rwandais, Dr. Gryzb déplore ce qu’elle appelle un exemple d’erreur de communication sur le génocide: à l'entrée du jardin du souvenir “Garden of remembrance,” est dressée une statue d’un gorille en train de faire un appel sur un téléphone mobile. Pour cette spécialiste des media, il est difficile de faire une connection entre le génocide et le symbolism de cette statue.
Il y eut ensuite l’intervention de Dr Gerald Caplan dont l'exposé portait sur la résilience et la lutte contre le négationnisme. Il a montré que le réseau négationniste international est une réalité, qu’il est animé par une tête de quelques 12 soi-disants savants. Il a en outre identifié certaines des techniques utilisées par ce réseau de malheur. C’est notamment, le fait de se citer mutuellement et exclusivement entre eux, mais aussi et surtout de ne jamais citer un seul survivant ou un seul génocidaire repenti.
Dans la série témoignages des survivants, on doit revenir sur les propos de Berthe Kayitesi, une doctorante en sciences de l'éducation. Il y eut d’abord son questionnement en rapport avec les descendants des survivants qui se retrouvent actuellement en amour ou déjà mariés avec des descendants des bourreaux. Et de demander s’il faudrait parler de syndrome de Stockholm ou d’autre chose. Pour la conférencière, il est important de se souvenir que les enfants des génocidaires ne sont pas des génocidaires. Enfin, elle a fait une remarque qui ne peut pas ne pas accrocher tout individu sensible au génocide: celle de l'impossibilité de faire complètement justice aux victimes du génocide. Comme l’a rappelé Berthe Kayitesi, aucune forme de justice ne peut réparer le tort causé.
Le plus émouvant des témoignages viendra de Dr. Eloge Karuranga, Professeur à l'Université Laval, Québec. Il a conté combien les media occidentaux ont répandu une mauvaise description du génocide avec le fameux film “Hotel Rwanda”. Il a dénoncé entre autres fabrications entourant ce film, les soi-disantes randonnées de Rusesabagina dans la ville de Kigali à la recherche des survivants, randonnées qui n’ont jamais eu lieu. Par contre, le conférencier a déploré le silence de “Hotel Rwanda” sur les festins auxquels se livraient les génocidaires qui etaient installees au même hôtel, ils ne sont évoqués nulle part; les grosses sommes que les survivants devaient verser aux miliciens pour pouvoir se réfugier aux Milles Collines, le sarcasme des génocidaires face aux survivants qui étaient parvenus à entrer à l'hôtel; le viol des enfants de 4 ans par ces mêmes milices génocidaires, etc, etc. Le survivant a fait observer, non sans raison, que si ces faits ne sont pas mentionnées, ce n’est pas parce qu’ils sont inconnus des metteurs en scène ou d’autres acteurs de cette diffusion de la distorsion. Et de revenir sur le devoir des témoins survivants sur qui reposent l'impérieuse nécessité de mettre fin à cette prise en otage de la vérité par les négationnistes et leurs sponsors. En un mot, poursuivit le conférencier, s’il fallait vendre et diffuser le rôle de Rusesabagina l’homme et non l’acteur avant, pendant, et après le génocide, c’est d’abord et surtout son rôle dans la scission du parti MDR en ailes “Power” et “Modérés,” qu’il faudrait souligner.
Quelques ressemblances entre les tentatives de negation du genocide des tutsi rwandais et celui des tutsi burundais en passe d'être occulté.
C’est le cas notamment du rôle du FPR dans la négociation des échanges de prisonniers devant se rendre dans la zone “mille colline” qui n’est mentionnée nulle part dans l’historiographie du génocide des tutsi du Rwanda. A ce sujet un rapprochement peut être fait avec les héros de l’ombre du Burundi, ces hutu qui ont cachee leurs voisins tutsi, parfois au péril de leur propre vie; c’est le cas de ces hutu de l’UPRONA dont les supplices reçus de la part de leurs congénères et voisins qui leur en voulaient de ne pas verser dans le racisme ethnique, mais qui n’ont pas renoncé à leur humanisme. Certains d’entre eux ont préféré garder leurs secrets jusque dans l’outre tombe, plutôt que dénoncer les enfants de leurs voisin et ami de longue date, même si ceux-ci n’avaient pas hésité de les couper à la machete.
Il y a également le fait que la bataille pour la vérité ne doit pas se mener par les tutsi ou par les hutu. Il faut qu’elle soit menée par des humains, faute de quoi mettre les identités “ethniques” a l’avant porterait une tache indelebilement sale a cette précieuse vérité.
L’autre leçon est que le génocide des tutsi du Rwanda a été facilitée par la politique des quotas ethniques, ceux-là même qui sont en vigueur au Burundi actuellement. Au Rwanda voisin où on a su tirer les leçons qui s’imposent, cette politique est enterrée. Non sans raison.
En outre, les frères rwandais ont beau observer commémoration sur commemoration avec force discours et forces conférenciers de renom, ils sont loin de juguler le mal absolu tant que leur voisin du sud, le Burundi, abritera non seulement des centaines et des centaines de génocidaires burundais impunis et impénitents, mais également les protègera juridiquement. Qu’il soit permis de rappeler ici qu’un des tous premiers génocidaires jugés et exécutés publiquement au Rwanda en 1994 était un burundais, un certain Leonidas originaire de la commune Songa en Province Burundi et membre du FRODEBU. Ici, un Domitien Ndayizeye doit préparer sa défense, lui qui était chargé d’approvisionner notamment du Rwanda la machine génocidaire burundaise actuellement au pouvoir et qui a légué ses efforts avec les autres génocidaires rwandais pour parachever l'innommable d’abord au Burundi puis au Rwanda.
Par rapport au réseau négationniste international, il est crucial de noter que le cas du Burundi fascine en ceci que les mêmes qui nient tout génocide, qui minimisent les chiffres des victims tutsi de 1972 et 1993 (certaines ONGs et même certains gouvernements occidentaux), sont ceux-là mêmes que l’on prend pour référence dans les questions de justice au Burundi.
Enfin, en rapport avec les habitudes linguistiques, il a ete constatee que de manière générale, même parmi les survivants, il y en a qui tardent à se défaire du passé; plus d’une fois, on a entendu parler de 1959 comme d’une soi-disante révolution. (BINFO)
Après un mot d’accueil par une rwandaise membre du comité d’organisation de l'événement, une courte prière a suivi en anglais; puis, les participants ont écouté une série d'exposés. Prenant la parole le premier, le Parlementaire canadien Irwin Cotler a rappelé à l’assistance que la population victime peut toujours avoir du soutien de la part des populations environnantes. Les propos de l’Honorable Gotler ont été suivis par les exposés des conférenciers que nous regroupons en deux groupes: les exposés à caractère scientifique ainsi que les témoignages de survivants.
Le premier exposé a voir retenu l’attention de l'assistance fut celui de Dr. Eugène Nshimiyimana, un survivant du génocide qui enseigne à l'Université McMaster dans la ville de Hamilton, Ontario. Sa réflexion était axé sur ce qui a rendu possibles la conception et le déroulement du génocide des tutsi du Rwanda. De l’avis de ce Professeur de littératures francophones, c’est parce qu’il y avait absence d’un troisième personnage et ce au cours de trois synchronies principales de l’histoire du Rwanda, a savoir, la période monarchique, la colonisation et enfin, la Republique. En gros, le tiers aurait dû servir de référence et de régulateur.
Le deuxième exposé a été donné par Dr. Amanda Grzyb et il portait sur le rôle des media dans le génocide des tutsi du Rwanda en 1994. On a surtout remarqué son insistance sur le peu de soucis que le génocide des tutsi du Rwanda a suscité auprès des media occidentaux. Comme il n’y a pas au Rwanda d'intérêts visibles pour les puissances occidentales, les media de ces pays ont plutôt porté leur attention sur ce qui était en train de se passer dans d’autres parties du monde. A l’exception notable du correspondant de la BBC, Mark Doyle. Et ce n’est que vers la fin, après des semaines et des semaines, que les media occidentaux ont osé parler de génocide des tutsi au Rwanda. Évoquant brièvement les leçons a tirer de ces insuffisances dans la couverture mmunication du drame rwandais, Dr. Gryzb déplore ce qu’elle appelle un exemple d’erreur de communication sur le génocide: à l'entrée du jardin du souvenir “Garden of remembrance,” est dressée une statue d’un gorille en train de faire un appel sur un téléphone mobile. Pour cette spécialiste des media, il est difficile de faire une connection entre le génocide et le symbolism de cette statue.
Il y eut ensuite l’intervention de Dr Gerald Caplan dont l'exposé portait sur la résilience et la lutte contre le négationnisme. Il a montré que le réseau négationniste international est une réalité, qu’il est animé par une tête de quelques 12 soi-disants savants. Il a en outre identifié certaines des techniques utilisées par ce réseau de malheur. C’est notamment, le fait de se citer mutuellement et exclusivement entre eux, mais aussi et surtout de ne jamais citer un seul survivant ou un seul génocidaire repenti.
Dans la série témoignages des survivants, on doit revenir sur les propos de Berthe Kayitesi, une doctorante en sciences de l'éducation. Il y eut d’abord son questionnement en rapport avec les descendants des survivants qui se retrouvent actuellement en amour ou déjà mariés avec des descendants des bourreaux. Et de demander s’il faudrait parler de syndrome de Stockholm ou d’autre chose. Pour la conférencière, il est important de se souvenir que les enfants des génocidaires ne sont pas des génocidaires. Enfin, elle a fait une remarque qui ne peut pas ne pas accrocher tout individu sensible au génocide: celle de l'impossibilité de faire complètement justice aux victimes du génocide. Comme l’a rappelé Berthe Kayitesi, aucune forme de justice ne peut réparer le tort causé.
Le plus émouvant des témoignages viendra de Dr. Eloge Karuranga, Professeur à l'Université Laval, Québec. Il a conté combien les media occidentaux ont répandu une mauvaise description du génocide avec le fameux film “Hotel Rwanda”. Il a dénoncé entre autres fabrications entourant ce film, les soi-disantes randonnées de Rusesabagina dans la ville de Kigali à la recherche des survivants, randonnées qui n’ont jamais eu lieu. Par contre, le conférencier a déploré le silence de “Hotel Rwanda” sur les festins auxquels se livraient les génocidaires qui etaient installees au même hôtel, ils ne sont évoqués nulle part; les grosses sommes que les survivants devaient verser aux miliciens pour pouvoir se réfugier aux Milles Collines, le sarcasme des génocidaires face aux survivants qui étaient parvenus à entrer à l'hôtel; le viol des enfants de 4 ans par ces mêmes milices génocidaires, etc, etc. Le survivant a fait observer, non sans raison, que si ces faits ne sont pas mentionnées, ce n’est pas parce qu’ils sont inconnus des metteurs en scène ou d’autres acteurs de cette diffusion de la distorsion. Et de revenir sur le devoir des témoins survivants sur qui reposent l'impérieuse nécessité de mettre fin à cette prise en otage de la vérité par les négationnistes et leurs sponsors. En un mot, poursuivit le conférencier, s’il fallait vendre et diffuser le rôle de Rusesabagina l’homme et non l’acteur avant, pendant, et après le génocide, c’est d’abord et surtout son rôle dans la scission du parti MDR en ailes “Power” et “Modérés,” qu’il faudrait souligner.
Quelques ressemblances entre les tentatives de negation du genocide des tutsi rwandais et celui des tutsi burundais en passe d'être occulté.
C’est le cas notamment du rôle du FPR dans la négociation des échanges de prisonniers devant se rendre dans la zone “mille colline” qui n’est mentionnée nulle part dans l’historiographie du génocide des tutsi du Rwanda. A ce sujet un rapprochement peut être fait avec les héros de l’ombre du Burundi, ces hutu qui ont cachee leurs voisins tutsi, parfois au péril de leur propre vie; c’est le cas de ces hutu de l’UPRONA dont les supplices reçus de la part de leurs congénères et voisins qui leur en voulaient de ne pas verser dans le racisme ethnique, mais qui n’ont pas renoncé à leur humanisme. Certains d’entre eux ont préféré garder leurs secrets jusque dans l’outre tombe, plutôt que dénoncer les enfants de leurs voisin et ami de longue date, même si ceux-ci n’avaient pas hésité de les couper à la machete.
Il y a également le fait que la bataille pour la vérité ne doit pas se mener par les tutsi ou par les hutu. Il faut qu’elle soit menée par des humains, faute de quoi mettre les identités “ethniques” a l’avant porterait une tache indelebilement sale a cette précieuse vérité.
L’autre leçon est que le génocide des tutsi du Rwanda a été facilitée par la politique des quotas ethniques, ceux-là même qui sont en vigueur au Burundi actuellement. Au Rwanda voisin où on a su tirer les leçons qui s’imposent, cette politique est enterrée. Non sans raison.
En outre, les frères rwandais ont beau observer commémoration sur commemoration avec force discours et forces conférenciers de renom, ils sont loin de juguler le mal absolu tant que leur voisin du sud, le Burundi, abritera non seulement des centaines et des centaines de génocidaires burundais impunis et impénitents, mais également les protègera juridiquement. Qu’il soit permis de rappeler ici qu’un des tous premiers génocidaires jugés et exécutés publiquement au Rwanda en 1994 était un burundais, un certain Leonidas originaire de la commune Songa en Province Burundi et membre du FRODEBU. Ici, un Domitien Ndayizeye doit préparer sa défense, lui qui était chargé d’approvisionner notamment du Rwanda la machine génocidaire burundaise actuellement au pouvoir et qui a légué ses efforts avec les autres génocidaires rwandais pour parachever l'innommable d’abord au Burundi puis au Rwanda.
Par rapport au réseau négationniste international, il est crucial de noter que le cas du Burundi fascine en ceci que les mêmes qui nient tout génocide, qui minimisent les chiffres des victims tutsi de 1972 et 1993 (certaines ONGs et même certains gouvernements occidentaux), sont ceux-là mêmes que l’on prend pour référence dans les questions de justice au Burundi.
Enfin, en rapport avec les habitudes linguistiques, il a ete constatee que de manière générale, même parmi les survivants, il y en a qui tardent à se défaire du passé; plus d’une fois, on a entendu parler de 1959 comme d’une soi-disante révolution. (BINFO)