NTEGA MARANGARA 26 ANS PLUS TARD

Burundi Information (le 14 aout 2014). S’il y a un mystère qui reste à expliquer en rapport le génocide commis contre les tutsi du Burundi, c’est la rapidité avec laquelle les propagandistes de cette ideologie odieuse sont parvenus à déclencher l’innommable en 1988, à Ntega et Marangara. Ainsi par exemple, les activistes du PALIPEHUTU enseignaient à la population hutu que si elle voit un militaire dans les environs, il serait venu pour les aider dans le travail d’extermination des tutsi, qu’ils devraient donc redoubler d’effort à la vue des uniformes militaires. Aux sceptiques, le PALIPEHUTU disait que les militaires qu’ils verraient sur place seront venus pour tuer les hutu, qu’il fallait donc les devancer et passer au massacre des tutsi dans les plus brefs delais. Cette tactique ne peut pas ne pas rappeler l’histoire de 1965 à Busangana: les miliciens de Mirerekano disaient que la monarchie était menacée par les tutsi, qu’il faudrait que les hutu se lèvent comme un seul homme pour défendre la monarchie comme naguère, et que cette défense des institutions monarchiques exigeait d’eux qu’ils massacrent ces rebelles de tutsi (« abo bamenja », avec tout ce que ce mot signifie dans l’imaginaire rundi où se rebeller contre l’autorité était puni de mort).

Toutes ces manipulations montrent que l'adhésion des hutus au mouvement génocidaire n'était pas, et n'est toujours pas, acquise. Souvent, les génocidaires faisaient recours aux menaces de mort pour contraindre la population à adhérer. Voilà une preuve que le processus a commencé par la création du PALIPEHUTU suivie quelques années plus tard par ce que le FRODEBU a appelé la conscience Hutu.